Calendrier pour juin.
Voici les grands jours, le soleil, la chaleur et aussi
l’ouverture : mot magique qui fait battre plus vite le cœur du pêcheur
même le plus insensible en apparence.
Les ablettes mordent bien à l’asticot et à la mouche de
maison.
Les goujons prennent bien le petit ver rouge et le caset.
On pêche le barbeau à la pelote d’asticots, au gruyère, à la
grosse noquette.
La carpe a un faible pour le morcelet
de pomme de terre cuite et pour la fève de marais.
La brème mord fort bien au blé cuit et à l’asticot.
Les chevennes n’ont pas de place fixe ; là où ils
abondent, ils sont partout. Ceux de taille moyenne préfèrent les insectes
vivants et les larves dodues. Les gros se pèchent au vif, à la noquette, et
surtout à la cerise pour laquelle ils délaissent les autres esches.
Le gardon mord bien au blé cuit, à l’asticot, au
caset ; mais il est encore plus avide de la graine de chènevis bouillie,
ou même simplement détrempée et germée.
Le rotengle chasse plus souvent en surface que le
gardon ; il aime les mouches, les araignées, les petites sauterelles,
l’asticot et mord aussi à la mouche artificielle.
C’est avec cet appât qu’on pêchera aussi la vandoise, dans
les courants d’allure moyenne où elle aime se tenir. Sa touche est rapide,
fugitive et rappelle beaucoup celle de l’ombre commun. On peut dire que le
pêcheur à la mouche qui manque peu de vandoises ne ratera guère non plus les
truites ; pêcher ainsi la vandoise est donc un exercice à recommander pour
se faire la main.
La perche se prend au ver rouge, à l’asticot, au cherfaix, à
la petite bête.
Le brochet préfère à tout les poissons vivants ; mais
il ne dédaignera nullement un poisson mort ou un leurre artificiel manœuvrés
habilement et passant assez près de lui.
La truite mord aux insectes vivants, et notamment au
grillon ; on la capture également à la mouche artificielle, flottante ou
noyée.
L’ombre ne prend que les petites mouches et son toucher est
très délicat.
L’anguille ne se capture, à la ligne et pendant le jour, que
si les eaux ne sont pas bien claires ; la nuit, elle s’accrochera plus
volontiers aux gros hameçons des cordées de fond.
R. PORTIER.
La pêche dans la zone des armées.
— Pour l’armée et les services rattachés, la pêche comme
la chasse est absolument interdite dans la zone des armées. Le « Service
en Campagne », qui régit tous ces personnels, dans son article 306,
interdit la pêche dans la zone des armées aux militaires de tout grade et aux
personnes n’appartenant pas effectivement à l’armée, mais qui sont employées
dans un service militaire (infirmiers, infirmières, téléphonistes,
secrétaires).
Mais, nous apprenons que le Ministre de la Guerre, à la
suite des démarches faites, aurait envoyé dernièrement des instructions aux
chefs de corps leur prescrivant d’autoriser la pêche aux militaires de la zone
des armées, dans toute la mesure compatible avec les besoins du service et les
considérations de la stratégie.
Quant à la population civile, ce sont les arrêtés
préfectoraux qui, pour elle, continuent à réglementer la pêche. À noter
cependant que le commandement peut interdire à la
population civile l’exercice de la pêche à tout moment dans certains secteurs,
suivant les nécessités militaires.
Quand peut-on maintenant pêcher ?
— Dans notre numéro de janvier, nous avons donné les
nouvelles tailles réglementaires pour le poisson pêché. Voici les dispositions
qui sont dorénavant applicables en ce qui concerne le temps où la pêche peut se
pratiquer :
Périodes d’interdiction de la pêche.
— D’après la réglementation nouvelle, les cours d’eau
sont divisés en deux catégories : la première, qui comprend ceux qui sont
principalement peuplés de truites, et la deuxième, tous les autres cours d’eau.
Dans la première catégorie, la pêche est interdite
100 jours pris entre le 1er octobre et le 15 mars.
Dans la deuxième catégorie, la pêche est interdite
60 jours pris entre le 1er février et le 13 juillet.
Ce sont les préfets qui, dans chaque département, fixent les
dates exactes d’interdiction dans les limites prévues.
Il existe également des périodes supplémentaires
d’interdiction pour certaines espèces de poissons : brochet, 45 jours
entre le 1er février et le 15 mai ; saumon, truite et
omble-chevalier, du 1er octobre au 10 janvier ;
esturgeon, du 1er juin au 31 juillet ; écrevisses, du
16 octobre au 13 juillet. Ce sont également les préfets qui fixent
ces périodes.
Tant pour l’ouverture, fermeture, que périodes spéciales
d’interdiction, il y a donc lieu de consulter les arrêtés préfectoraux qui
doivent être affichés dans chaque mairie.
Heures pendant lesquelles la pêche est permise.
— L’ancienne législation autorisait la pêche du lever
au coucher du soleil. C’est toujours Phébus qui sert à régler l’exercice
quotidien de la pêche ; mais dorénavant la pêche peut se pratiquer une demi-heure avant le lever du soleil
et une demi-heure après son coucher.
L’heure officielle du lever et du coucher du soleil sert donc toujours à fixer
le temps pendant lequel il est permis de pêcher et il est utile de la
connaître, par conséquent.
Il faut ajouter que les préfets peuvent, par arrêté,
apporter certaines dérogations à ces limites pour certaines pêches. De ce côté,
il est donc nécessaire également de consulter les arrêtés préfectoraux dans
chaque département.
L’appétit de la truite.
— Sait-on ce qu’une truite mange chaque jour, au moins
théoriquement, car il doit lui arriver de jeûner quelquefois !
Il en est qui sont persuadés que ce poisson peut dévorer,
chaque jour, trois à cinq fois son propre poids ; et si l’on croit au
cannibalisme normal érigé en loi, on suppute les ravages qu’un seul de ces gros
poissons doit exercer autour de lui parmi ses congénères.
Évidemment, cette théorie est fausse, encore que l’on
ignore, non pas « ce que » mange une truite, mais
« combien » elle mange.
Il est établi que, en truiticulture, il faut 8 à
10 kilogrammes de nourriture à une truite pour qu’elle augmente de un
kilo. Calculez : un poisson qui augmente de 100 grammes, doit donc
manger un kilo ; celui qui a augmenté de 500 grammes a donc mangé
5 kilos. Mais c’est en 365 jours. Par jour, cela nous donne
15 grammes ; cette moyenne est évidemment théorique. Chez les
poissons, comme chez les humains, les jours se suivent et ne se ressemblent
pas : les lendemains de liesse sont généralement peu dinatoires. Une
truite de 500 grammes, qui a avalé une dizaine de vairons, ou un poisson
de 100 grammes, n’a pas la chance ni la puissance peut-être de recommencer
pareil festin « chaque jour ».
Au reste, sa santé en pâtirait, et peut-être aussi, plus
intelligente que beaucoup d’entre nous, la truite sent-elle quand elle doit
manger ou s’en abstenir. Il est curieux, en effet, de constater que, sur deux
de ces poissons capturés presque au même moment et au même endroit, l’un a le
ventre plein, et l’autre vide ; la nourriture était pourtant aussi facile
à prendre par le second que par le premier, puisqu’elle se trouvait au même
endroit : bancs de vairons, amas de larves diverses, etc.
Que la truite soit parfois atteinte d’une boulimie
étonnante, cela, les pêcheurs le savent bien. On a cité des cas où l’un de ces
poissons, dont l’estomac était déjà garni de deux à trois vairons, dont un
autre dépassait encore sa gueule, s’était encore précipité sur une pauvre
imitation de mouche lancée par un pêcheur. C’est là, véritablement, une
aberration de l’instinct. Et il y en a combien dans le monde ichthyen !
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