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Échos de partout

Pour récolter les œufs de fourmis.
Quels sont ces oiseaux ?
Bécasses, bécassine et bécasseau.
Des loups en France.
Le chacal dans le bled marocain.
Prestation de serment des gardes.
Il y a macreuse et macreuse.
Nécrologie : André Philippon.

Pour récolter des œufs de fourmis.

— Ces œufs servent, on le sait, à la nourriture du gibier d’élevage, et notamment des faisandeaux.

Naturellement il faut d’abord repérer des fourmilières. Il y a lieu aussi de se munir de deux tamis que l’on superpose, celui de dessus en toile métallique de mailles assez larges pour laisser passer les œufs de fourmis, l’autre à mailles plus serrées. On verse dans le premier tamis tout ce qu’on récolte dans la fourmilière, y compris les insectes adultes, les brindilles, etc. Le deuxième, qui se trouve en dessous reçoit les œufs et tout ce qui n’est pas volumineux, tandis qu’insectes parfaits, brindilles, etc., restent presque toujours dans le premier. Le contenu de celui-ci est déversé dans la fourmilière, qui n’est pas ainsi inutilement privée de provision et vite épuisée.

En secouant légèrement le tamis contenant les œufs, tout ce qui y est plus petit passe au travers de la toile, et après il reste peu de chose en plus des œufs de fourmis.

En agissant ainsi, on conserve les fourmilières et on peut y aller s’approvisionner à nouveau.

On recommande, en outre, d’abriter les fourmilières en les couvrant d’un paillon disposé en cône au-dessus et d’y mettre de temps à autre quelques brindilles, détritus de feuilles, de végétaux, etc., qui constitueront un approvisionnement pour les fourmis.

Quels sont ces oiseaux ?

— 1° Je vous serais très obligé si, par la voie du Chasseur Français (auquel je suis abonné depuis plus de vingt ans), je pouvais identifier un oiseau tué par un de mes camarades, M. Fossat.

En voici le signalement : Aspect général de la buse, mais allure plus fière. Poids : 1.080 grammes. Longueur (bec extrémité queue) : 0m, 65. Envergure : 1m,50. Rémiges : 5 grandes blanches au-dessous, mais très noires à l’extrémité. Pennes : 12 roux clair. Bec : crochu jaune, bout foncé. Yeux : iris jaune, prunelle bleu foncé. Pattes fortes, jaunes, calleuses, serres très fortes et acérées. Couleur dominante : roux foncé, taché de noir. Tête aux plumes fines blanc sale, grivetées de noir à la pointe.

Personne, dans ma région, ne connaît ce rapace ; mais je crois qu’il s’agit de ces oiseaux passant par vols de quatre à dix individus et toujours hors de portée de fusil. Les vieux paysans de ma région appellent ceux-ci « Oiseau du beau temps ». C’est un très bel oiseau au coloris bronzé du plus bel effet.

J’espère par le concours de M. Dhers savoir le nom, et si possible l’habitat de ce rapace.

A. OLIVIA, Lot-et-Garonne.

L’oiseau que vous avez tué est un milan royal (Milvus regalis) de passage dans nos contrées de mars à mai. Cet oiseau se rencontre un peu partout en Europe : Suède, Norvège, Sibérie, Allemagne, plaines du Nord (Belgique, France), Espagne. Et même parfois en Afrique du Nord.

— 2° Je vous serais très obligé de bien vouloir m’identifier l’échassier dont la description suit :

Allure générale du courlis, mais plus petit ; le corps est de la taille de celui d’une tourterelle. Couleur : cendré assez foncé, presque brun, sur le dos ; va en se dégradant sur les côtés, ventre gris très clair, ailes cendrées également avec, à la pointe extrême, deux raies transversales, l’une blanche, l’autre noire, de 5 millimètres de large chacune. Bec : 6cm,5 de long, assez fort, cylindrique, très légèrement courbé vers le bas ; couleur : rouge vif. Pattes : proportionnellement aussi longues que celles du vanneau (21 centimètres) ; couleur : rouge, comme le bec.

D. J., abonné, Nantes.

Description tout à fait insuffisante ; aucune mensuration, aucun croquis ... Peut-être s’agit-il du chevalier Gambette ou chevalier à pieds rouges. C’est un des très rares oiseaux ayant les tarses et les pieds rouges, ainsi que la base du bec ... Mais pour que je puisse préciser, il me faudrait à moi-même des précisions et des mensurations, un croquis même si possible.

— 3° Pourriez-vous me dire quel est cet oiseau, rapace, tué à Escrennes (Loiret) ?

Il faisait partie d’un groupe de trois individus cantonnant dans les parages. Cri : monosyllabique et d’un seul ton, ressemblant un peu à un aboi de carnassier.

Allure générale et grosseur du geai. Longueur du bec à la queue : 42 centimètres. Envergure : 102 centimètres. Ailes au repos allant jusqu’à l’extrémité de la queue. Queue : 20 centimètres, 12 plumes. Pattes : 8 centimètres de cuisses et 10 centimètres de pattes, minces, jaunes, lisses, ongles noirs, de 13 millimètres. Bec court, fort, très pointu, noir, verdâtre à l’attache. De l’œil aux narines, poils noirs dépassant la hauteur du bec. Couleur générale du dos et de la partie supérieure de la queue et des ailes, gris ardoise. La partie supérieure de la tête un peu de fauve se mélange au gris. Gorge : mouchetée surtout à la partie centrale de la plume. Ventre : blanc. Dessous des ailes blanc, mais extrémités des quatre dernières plumes et jusqu’aux deux tiers de celles-ci : noires. Queue mouchetée large. Les quatre plumes extérieures (deux de chaque côté) nettement plus blanches.

F. MALECOT, abonné, Paris.

Ce rapace est le Strigiceps Blafard (Strigiceps pallidus) de la famille des Circidés. C’est un oiseau relativement utile, car il se nourrit de rats, de mulots, de campagnols, de reptiles. Mais il mange aussi des grenouilles, des oiseaux (alouettes, bruants, pluviers, poules d’eau) ainsi que leurs œufs. À ce moment, je le crois plus nuisible qu’utile.

— 4° Je serais heureux de connaître, par l’intermédiaire du Chasseur Français, le nom de l’oiseau suivant : Envergure : 1m, 75 ; longueur du bec à la queue : 0m,95 ; pattes palmées, petites rémiges et bas du dos noirs, le reste du corps entièrement blanc ; le cou de la grosseur de la tête ; le bec : 15 centimètres et pointu.

Cet oiseau, que j’ai trouvé au bord de la mer dans un état de décomposition avancée, est une victime de la guerre ; il était, en effet, enduit de goudron, ce qui a provoqué sa mort ; c’est la première fois que je vois cet oiseau. Je trouve également d’autres victimes que l’on ne voit pas habituellement dans l’endroit, tels que pingouins.

L’oiseau décrit m’a fait penser par ses formes et son cou à un plongeon.

G. M., abonné, Soulac-sur-Mer.

Cet oiseau est le fou de Bassam ou Fou blanc (Sula Alba). Ces oiseaux ne se rencontrent qu’isolément sur nos côtes de France, du Nord de l’Allemagne et en Hollande. Ils sont beaucoup plus nombreux sur les côtes d’Amérique, en Irlande, aux Iles Feroë, aux Orcades. Ils sont beaucoup plus rares aux Iles Shetland. Ces oiseaux se réunissent côte à côte pour pondre et pour couver. Chaque femelle ne pond qu’un œuf unique.

— 5° Il a été tué, dans notre région, un oiseau tout blanc. Voici le signalement de celui-ci :

    Bec noir, de 10 centimètres du bout du bec à l’œil.
    Deux aigrettes derrière la tête, de 16 centimètres chacune.
    Pattes, noires de 25 centimètres de longueur avec les arpions jaunes.
    Poids : 0kg, 500.

Je vous serais bien obligé de vouloir bien me faire savoir quel est ce genre d’oiseau.

Jh. CARABASSE, abonné, Aveyron.

Cet échassier est un héron, l’aigrette Garselle (Herodias Garzette) appelé communément « petit héron argenté », petit héron blanc, héron soyeux.

J. DHERS.

Bécasses, bécassine et bécasseau.

— Au début de 1939, dans une localité de la côte landaise bien connue des touristes. Une pension de famille bien tenue et qui a une bonne clientèle.

La directrice de cet établissement, mécontente des services de l’une de ses employées de salle, la congédie.

Comme on était en hiver, et qu’il lui était, par conséquent, difficile de trouver une place, ladite employée ne trouva rien de mieux que de s’installer, à l’insu de son ancienne patronne, dans le garage de la pension.

De quoi manger ? Mais ne trouverait-elle pas ce qu’il lui faut chez l’épicier, fournisseur attitré de la pension ? Elle irait, comme les jours précédents, prendre des denrées dont elle ferait inscrire le prix sur le carnet ! ... Cela lui serait facile, avec le brave épicier qui la connaissait parfaitement, tout en ignorant qu’elle eût perdu sa place.

Tout marcha pour le mieux. Mais un jour, l’épicier la pria de faire savoir à sa patronne que, si elle désirait faire des conserves de bécasses, il pourrait lui en céder, immédiatement, vingt-six.

— Je vais faire la commission, monsieur, répondît-elle. Quelques heures plus tard, la coquine se présentait chez l’épicier en disant que sa patronne l’envoyait prendre livraison des vingt-six bécasses. Un joli paquet fut fait sur-le-champ et voici la commissionnaire partie, pas chez son ex-patronne bien sûr, mais à une station voisine. Là, elle se présentait à l’épicerie-mère qui y avait son siège et demandait si on désirait acheter des bécasses !

— D’où sors-tu ces bécasses, ma petite ? demanda le patron.

— Monsieur, j’habite la campagne, tout près d’ici et un groupe de chasseurs de chez moi m’a chargée de venir vous les vendre.

— Très bien, lorsque tu en auras d’autres, tu me les apporteras et je te récompenserai !

« Le coup a bien réussi et, puisque ce n’est pas plus difficile, pensa-t-elle, je vais remettre ça ! ... » Dès le lendemain, avec une astuce de professionnelle, elle se présentait à nouveau chez le trop confiant fournisseur de la pension. Elle lui dit que sa patronne avait encore besoin d’un autre lot de bécasses.

— Ah ! c’est bien embêtant, je n’en ai que huit que l’on m’a apportées ce matin ; mais attends, je vais téléphoner à la maison-mère de m’en envoyer tout de suite si elle en a.

Aussitôt dit aussitôt fait. Naturellement il y avait des bécasses à la maison-mère, celles achetées la veille ... et elles reprenaient le chemin de la succursale pour être de nouveau livrées à la malhonnête employée ... qui les revendit pour la deuxième fois à la maison-mère. Il n’y avait plus de raison que cela s’arrête. Mais les choses se gâtèrent.

À quelques heures de là, l’épicier, apercevant la directrice de pension, la remercia vivement pour ses importants achats, notamment pour les derniers, et il crut bon de lui demander si les bécasses qu’il avait réussi à se procurer, en deux fois, pour elle, lui avait donné satisfaction.

— Les bécasses ? ? ? ... Il devient fou, ma parole, marmonna-t-elle.

Naturellement, elle ne pouvait comprendre. Elle questionna l’épicier, assez vertement même, croyant à une plaisanterie.

Les explications jaillirent, jetant leur lumière crue. Le pot aux roses fut découvert.

Mme la Directrice faillit tomber en syncope. Le rouge de l’apoplexie envahit la face de l’épicier ... Mais ils se ressaisirent en même temps et bondirent ensemble à la gendarmerie.

L’audacieuse friponne reçut une punition bien méritée pour ses larcins.

La directrice, elle, reçut les factures à payer tandis que l’épicier, lui, ne reçut rien, sinon de vives admonestations de sa maison.

E. C., abonné landais.

Des loups en France.

— La notice parue, sous ce titre, dans le numéro d’avril 1940 (p. 204), m’incite à parler également du loup.

En février 1929, étant en ma propriété (environs de Saint-Etienne, nord du massif du Pilat) par grand froid et temps de neige, mon attention a été attirée vers 15 heures par des aboiements furieux de deux chiens-loups de forte taille, que j’avais alors chez moi.

Ces aboiements, qui duraient depuis près d’une heure, finirent par me décider à aller voir ce qui se passait ; ils provenaient d’une haie située à 200 mètres de la maison, très au-dessus, la maison se trouvant à flanc de coteau. Au delà de la haie, une lande de bruyère et de grands genêts. Tout en montant, je pensai que mes chiens en avaient à un chat ou à une bête puante quelconque, et je n’emportai donc avec moi — malheureusement — aucune arme, mais seulement une bonne trique, ne m’imaginant pas un seul instant ce que j’allais voir.

Arrivé à 50 mètres en dessous de la haie, je vois, entre mes deux chiens, un animal clair et de forte taille, et que je prends de loin pour un chien que je connaissais, qui avait à peu près la même robe, et appartenant à un commerçant du village. Je pensai que ce n’était là qu’une bataille normale entre chiens.

Néanmoins, je fais un détour pour tourner le début de la haïe et, m’approchant à pas « de loup » jusqu’à 20 mètres, je vois de mes yeux un loup du plus authentique modèle, sans aucune erreur possible.

Mes deux chiens étaient gueule ouverte, aboyant à pleine gorge, à deux ou trois mètres de distance de part et d’autre du fauve, acculé à la haie, gueule ouverte lui aussi, sans mot dire, si j’ose m’exprimer ainsi, lèvres retroussées, crocs en bataille, oreilles courtes et larges rabattues en arrière, tournant la tête alternativement à droite et à gauche, tenant en respect ses deux adversaires.

Ce loup. était de couleur fauve clair, tête large et plate, aussi différent de tout chien-loup, même de la plus belle race, qu’il est possible de l’être. Ce qu’il y a de certain, c’est que mes deux chiens, pourtant costauds, étaient là depuis une heure et n’avaient pas osé attaquer, — à deux contre un !

C’est alors que, devant ce tableau auquel je ne m’attendais guère, je pensais à ma 9 millimètres, l’occasion était inespérée, invraisemblable, trop belle. L’animal ne m’avait pas entendu venir ; mais, dès mon départ à reculons pourtant étudié, je vis, à un regard oblique du loup, que ce dernier m’avait vu, mais sans pour cela cesser de surveiller les deux chiens.

Alors il se ramassa, fit deux pas et bondit d’une détente extraordinaire et souple par-dessus le chien qu’il avait à sa gauche et partit dans la direction opposée à moi-même en un trot allongé, se retournant souvent crocs en avant pour éloigner les deux chiens qui cherchaient à le prendre aux pattes de derrière.

La pente du terrain aidant, je volai littéralement à la maison : le temps de sauter sur ma carabine, d’extraire quelques cartouches de l’endroit sec toujours introuvable dans ces cas-là, bondir dehors, retrouver les traces, les suivre longtemps, rencontrer une personne qui avait vu passer devant elle les trois animaux, pour voir, au bout d’un quart d’heure, revenir mes deux chiens dont l’un avait une morsure sous l’oreille gauche ...

J’étais descendu assez loin dans la direction de l’Horme ; malheureusement la neige était à cet endroit plus rare ; impossible de retrouver les traces si nettes que je suivais depuis le sommet et la nuit tombait vite. Il n’y avait pas à se tromper, je lisais sur la neige la signature du loup : pieds larges, beaucoup plus que ceux de mes chiens pourtant grands, les traces des pieds de derrière dans les traces des antérieurs.

Inutile de parler de mon retour, l’oreille et l’arme basses, et fureur mal contenue Je ne pus que passer, au retour, un coup de téléphone à la gendarmerie.

Étant à Lyon quelques jours après, je voulus en avoir le cœur net et me dirigeai vers le Parc. Je n’eus pas besoin de rester plus de quatre secondes devant la cage du malheureux loup qui réfléchissait à la tristesse de la vie. J’en avais assez vu. Plus tard, je fis la même constatation sur celui du Parc de Grenoble. Il n’y avait pas d’erreur possible. Dès le lendemain matin, ayant mal dormi, je repris les traces en sens inverse à partir de l’endroit où j’avais aperçu le loup pour la première fois. Elle m’amenèrent à un épais fourré de genêts de 1m,80 où je trouvai la trace d’une grosse bagarre ; le loup avait de toute évidence passé la nuit en cet endroit où mes chiens l’avaient découvert par la suite, et l’avaient petit à petit acculé à la haie distante d’une centaine de mètres.

Les traces du loup, toujours nettes, venaient de la direction de l’ancien champ de tir de Côte-Bagolle, donc du massif du Pilât, dont Côte-Bagolle est séparé par six kilomètres de landes de bruyère ou broussailles.

Vieux chasseur, j’ai eu l’occasion de réussir de beaux coups de carabine sur pas mal de gros gibier, sangliers et de nombreux chamois ; je ne me suis jamais consolé de cette occasion perdue d’un coup de carabine, unique et inespéré ; être sans arme, à vingt mètres d’un loup ... et à 700 mètres de la maison ! ...

J. de VILLOUTREYS, abonné.

Le chacal dans le bled marocain.

— Cet animal est réputé sournois, rusé et essentiellement peureux. Il ne sort guère que la nuit, en quête de charognes qu’il décèle à plusieurs kilomètres, grâce à la subtilité de son odorat. Il a la taille du Braque dans le Koriflat ; la souplesse de sa marche, l’agilité nerveuse avec laquelle il se meut en font un sérieux concurrent pour la vitesse.

Le profil de la tête et du museau ressemble beaucoup à celui au renard, mais les yeux sont plus brillants et indiquent une inquiétude de chaque instant. Son poil roux et ses petites oreilles pointues contribuent à donner à cet animal un air sauvage et particulièrement fuyant.

Le contact du poil n’est pas agréable au toucher et, de plus, dégage des effluves nauséabondes qui vous montent à la gorge et vous forcent à reculer ...

Il habite les creux de rochers élevés et inaccessibles, au milieu des cactus épineux et impénétrables où il est à l’abri de toute atteinte.

Dans les « Sehoul », le chacal s’est tellement reproduit qu’il ne recule pas à rôder même le jour autour des troupeaux de moutons éparpillés parmi les touffes de jujubiers. Ils arrivent de tous côtés par bandes de dix à quinze unités, s’approchant sans bruit pour tromper la vigilance des féroces chiens « Sloughi », leurs plus impitoyables ennemis. Mais les moutons éparpillés ça et là représentent des proies si faciles ...

Tout à coup, on entend sur divers points des bêlements étouffés d’agneaux, des pas furtifs, les aboiements furieux des molosses, puis, plus rien ... Au loin, on peut encore distinguer la fuite éperdue de dizaines de corps jaune-fauve qui glissent, rampent, sautent avec agilité par-dessus les crevasses, se jouant du « Tizzera » aux dards acérés. Encore quelques aboiements, et le bled reprend son immobilité quand le dernier des funestes voyageurs à l’horizon s’efface ...

Dans les montagnes chaotiques et semi-boisées de Khemisset, il est devenu si fréquent que des battues périodiques sont nécessaires pour diminuer l’audace de cet étrange mangeur habituel de chairs putrides, mais qui, souvent, améliore son ordinaire d’une tendre cuisse d’agneau fraîchement tué.

Quoique très méfiant, on arrive cependant à l’abattre, mais au prix de quelles difficultés !

Pour ma part, dans une battue, j’envoyai mes deux chevrotines au travers du corps de l’une de ces bêtes ; mes deux coups avaient porté à merveille, puisqu’ils avalent ouvert le flanc droit. Eh bien ! (à ma grande surprise) le chacal eut la force de parcourir une cinquantaine de mètres avant de s’abattre mort.

Je n’aurais jamais cru qu’il eût la vie si dure ...

André BARGEL, lecteur de Rabat (Maroc).

Prestation de serment des gardes.

— Cette prestation a lieu après l’agrément du candidat par la Préfecture du département. Il se présente devant le juge de paix du lieu où il doit exercer ses fonctions et prête serment devant lui.

Quand un garde doit exercer ses fonctions dans d’autres cantons que celui où il a prêté serment, il n’est pas nécessaire qu’il prête serment devant chaque juge de paix ; mais en ce cas la prestation de serment doit être enregistrée au greffe de chaque justice de paix autres que celui du juge devant lequel le serment a été prêté.

Il y a macreuse et macreuse.

— Dans le Midi, ce mot est très populaire. Quel chasseur ne s’est pas livré à la chasse de la macreuse sur les étangs de là-bas ; qui ne connaît les fameuses battues, les nuits à la hutte, les journées heureuses où, derrière le chien se poursuit, dans les fourrés, la chasse si intéressante de ce gibier.

La macreuse, dont il est question au pays du soleil, n’est cependant pas la macreuse. Sous ce vocable, qui n’est pas près de disparaître, les compatriotes du Mistral désignent une espèce de poule d’eau, la foulque commune exactement, gibier d’étang surtout et de marais parfois. C’est un échassier d’aspect général grisâtre avec plaque frontale rose, pieds verts et gris rouge.

La véritable macreuse est, au contraire, un palmipède, un canard complètement noir qui ne quitte pas la mer.

En outre, la chair de la véritable macreuse est assez estimée, tandis que celle de la foulque (macreuse méridionale) est médiocre.

Nécrologie.

— André PHILIPPON. — Nous avons appris avec beaucoup de tristesse la mort de M. André Philippon, qui collabora durant de nombreuses années au Chasseur français, où il tint, avec une très grande compétence, la rubrique du piégeage. Il publia également dans nos colonnes une série d’articles sur la naturalisation des oiseaux, ainsi qu’une remarquable étude sur les oiseaux de notre pays.

Nous nous faisons ici les interprètes de la pensée des lecteurs et de la Direction du Chasseur français pour exprimer à la famille du défunt les regrets que provoque sa disparition.

La rédaction.

Le Chasseur Français N°601 Septembre 1941 Page 397