Malgré son silence apparent, la mode ne cesse cependant de
nous apporter quelques nouveautés, quelques détails ravissants, mettant une
note de fantaisie dans l’aspect de nos blouses, corrigeant la simplicité de nos
robes, ou la sévère correction du costume de ville.
Je vous parlerai aujourd’hui de ces jolis nœuds fixés
au bas de nos cols, au revers des jaquettes, à moins que ce ne soit à la
ceinture, ou encore sur la coiffure, et dont la devanture de nos grands
magasins nous offre une si grande variété de modèles.
Ces nœuds représentent des piquets de fleurs, ou des groupes
de fleurettes : roses, marguerites, bleuets, coquelicots, boutons d’or,
etc., une infinité de jolies choses bien faites pour nous tenter. Il en existe
en toutes nuances, mais beaucoup reproduisent la belle harmonie de nos couleurs
nationales, qui est aussi celle des fleurs que juin balance dans nos champs.
Avec un peu d’adresse et de goût, ces fantaisies peuvent
être exécutées à la maison ; on les fait en soie naturelle ou en rayonne,
en velours ou en satin, en tulle ou en dentelle. Quelle est celle d’entre nous
qui ne possède au fond de ses tiroirs quelques déchets de ces tissus qui lui
permettront de se mettre au travail sans faire aucune acquisition ?
Le modèle ci-dessus est formé d’un piquet de trois roses
composé d’une fleur blanche, une bleue et une rouge. Ces roses sont faites
d’une bande de mousseline de soie, prises dans le travers de l’étoffe, mesurant
35 à 40 centimètres de longueur et 5 ou 6 centimètres de largeur.
On replie légèrement cette étoffe au milieu dans toute la
longueur, sans accuser le pli, de façon à donner l’impression d’une bande
roulée ; ensuite, on passe un fil de fronces, en réunissant les deux bords
de l’étoffe repliée comme l’indique la figure 4. À l’aide de ce fil, on
resserre l’ampleur autour d’une tige faite d’un fil de laiton très fin qu’on
entoure d’un papier vert ; un brin de ruban comète pourrait également
servir de support.
Après avoir enroulé cette bande de soierie et fait quatre
tours, on coud les épaisseurs ensemble. Les pétales de la rose sont ainsi
formés. Il reste à les enfermer dans des sortes de calices ; on en trouve
de tout confectionnés dans le commerce ; il suffit de les enfiler et de
les coller sur la rose pour maintenir et cacher la monture. On peut encore
faire ces calices soi-même en roulant autour du pied de la rose du coton que
l’on recouvre ensuite d’une teinture verte.
Pour former le piquet, on coud les trois roses l’une à coté
de l’autre, en s’inspirant du croquis ou de son propre goût. On laisse dépasser
les tiges dans le bas et l’on attache le tout solidement Enfin, on place à
l’envers une agrafe en métal, que l’on peut remplacer par une épingle de
nourrice, afin de fixer ce nœud au ras du col ou au bas de l’ouverture d’une blouse
ou à la ceinture.
Exécuté en dentelle, ce motif aurait beaucoup de délicatesse
et de légèreté. On choisit pour cela une dentelle blanche ou de couleur, que
l’on apprête légèrement, afin de lui donner du soutien. On fronce le pied, mais
sans replier le tissu ; ensuite, on procède comme il est indiqué plus
haut.
On peut varier l’aspect du motif, en supprimant les tiges et
en plaçant les fleurs en groupe, au centre d’une triple feuille, dont on voit
également le croquis ci-contre.
Comme on le voit, l’exécution de ces garnitures est facile
et ne demande qu’un peu d’adresse ; la perfection consiste dans la
fraîcheur et la netteté du travail et dans la disposition gracieuse des fleurs.
J. M.
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