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Nécrologie : Le Lieutenant-colonel Albert Diesnis.
Dans un poste du Sénégal.
Une mélodie annamite.

Nécrologie.

Lieutenant-colonel Albert Diesnis.

— Nous avons la tristesse d’informer nos lecteurs du décès du lieutenant-colonel Diesnis, survenu à Paris le 30 juillet 1940. L’article qui précède est le dernier que nous a adressé notre regretté collaborateur.

Né en 1872, le lieutenant-colonel Diesnis avait fait une grande partie de sa carrière aux colonies, et particulièrement en Indochine. Depuis sa retraite, il consacrait son activité à la défense de l’idée coloniale et des coloniaux. Il collaborait au Chasseur Français depuis 1933.

Nous renouvelons à sa famille, tant en notre nom qu’en celui de nos lecteurs, l’expression de nos bien vives condoléances.

Dans un poste du Sénégal.

— Non loin de Thiès, grand centre commercial pour les arachides, un camp de tirailleurs. Un officier, qui le jour même avait donné le « mot » au service de garde, doit rentrer au camp. Malheureusement, par une des absences de mémoire pour les noms propres bien connues des coloniaux, il lui est impossible, dans son amnésie temporaire, de retrouver ce mot, et il avait une ronde à commander. Il se présente à la porte du camp. La sentinelle, bien connue de lui et qui le connaissait bien, l’arrête :

« On ne passe pas.

— Tu me connais bien.

— Oui, ma lieutenante, y a pas passer sans le mot.

— Moi, y a donné le mot au sergent ce matin, toi savoir.

— Oui, ma lieutenante, mais y a pas passer sans le mot. »

Il était inutile d’insister ; des insistances sur ce point eurent quelquefois des suites tragiques.

« Appelle le sergent.

— Oui, ma lieutenante. »

Et le sergent vint qui rappela le mot à l’officier.

Une mélodie annamite.

— On sait que d’immenses travaux d’irrigation ont été entrepris en Indochine. Les indigènes eux-mêmes ont construit des adductions d’eau et ils se servent souvent, pour le transvasement de l’eau d’une rizière à l’autre, de norias à pédales plus ou moins importantes. Souventes fois, ce sont les femmes qui actionnent les pédales, et, pour se donner du cœur à l’ouvrage, elles chantent des refrains. En voici un fort joli, dont la traduction en a été donnée :

Je pousse avec les pieds la roue pour faire monter l’eau dans la rivière ;
autant l’eau monte, autant j’aime mon mari.

Espérons pour les maris annamites que la chanson est toujours vraie. Ce qui est sûrement exact, c’est que la femme annamite est toujours travailleuse.

Le Chasseur Français N°601 Septembre 1941 Page 442