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Logis forestier

Au cours d’une récente causerie, nous avons eu l’avantage de présenter un chalet étudié en vue d’utiliser exclusivement les bois, « matière vivante ».

Une récente expérience, la porte de l’Alma avec ses tours de 50 mètres et des passerelles de grande portée, nous a rappelé le mérite d’un matériau dont l’usage ne sera jamais aboli.

De là à préconiser la maison en bois, il n’y avait qu’un pas. Bientôt franchi ! Actuellement, petite ou grande, c’est le problème que nous avons à résoudre, et ce moyen nous est offert économiquement par l’utilisation du bois convenablement choisi qui assure une grande durée et un confort agréable, parce qu’il est isotherme et insonore.

Il suffit de visiter certaines provinces françaises pour juger ces vérités premières et constater que de nombreuses habitations ayant le bois comme ossature se comportent encore très bien.

Une récente statistique étrangère démontre que, sur un très grand nombre d’habitations considérées, dont 75 p. 100 sont en bois, le pourcentage des incendies a été de 2,45 p. 100 pour les maisons en dur, contre 1,65 p. 100 seulement pour les maisons en bois.

Financièrement, les maisons en dur reviennent de 30 à 40 p. 100 plus cher. En outre, la maison en bois sera édifiée en un temps plus court et habitable dès son achèvement, sans attendre le séchage des mortiers et enduits, en craignant cette période dangereuse consacrée par l’expression populaire « essuyer les plâtres ».

L’ossature des panneaux-caissons est constituée par un cadre formé de planchettes superposées, rendu rigoureusement indéformable par des contreventements judicieusement disposés. Cette ossature et le système qui l’assujettit sont calculés de manière que la résistance de l’ensemble soit assurée avec un coefficient de sécurité dépassant 10.

La hauteur des panneaux correspond à celle d’un étage, et leur largeur est un sous-multiple des dimensions courantes des pièces d’habitation. Des panneaux spéciaux présentant toujours les mêmes caractéristiques constituent les encadrements des portes et des fenêtres. D’autres panneaux, de formes et de dimensions spéciales, permettent toutes les combinaisons nécessaires à l’édification des pignons, à la réalisation des angles rentrants et des cloisons,

La constitution des cadres des panneaux a été conçue de telle façon que ceux-ci présentent, sur les rives opposées deux à deux, des doubles mortaises et des doubles tenons assurant un assemblage rigoureusement rigide, dont la fixité définitive est complétée par un chevillage qui permet le démontage ultérieur.

L’assemblage de deux panneaux successifs se fait par l’emboîtement des tenons de l’un dans les mortaises de l’autre ; puis on visse, cloue ou cheville sur la ligne médiane des tenons. Le désir d’agrémenter l’aspect général a conduit à envisager deux types de panneaux, quant aux dimensions transversales : le panneau normal de 1 mètre de largeur en parement et le panneau réduit. De plus, le panneau normal est prévu avec vide de 0m,85 pour porte et fenêtre, ou avec vide de 0m,50 pour jour. Il existe également un panneau double de 2 mètres en parement, avec vide de 1m,40 pour fenêtre-baie ou porte à deux vantaux, et des panneaux triangulaires pour pignons.

Le même système d’assemblage est répété sur les longrines basses, constituant le soubassement de la construction, ainsi que sur les longrines hautes formant à la fois chaînage et chapeau. Pour les étages, il est employé des longrines de liaison sur les murs parallèles aux solives.

Les longrines basses sont boulonnées sur des tiges filetées de 15 millimètres scellées dans le socle en béton qui comporte un lit d’ardoises interdisant l’ascension de l’humidité du sol. Les longrines reposent sur une feuille de feutre asphaltique. Une feuille de plomb, formant jet d’eau, est fixée à la partie inférieure des panneaux, avant la pose des revêtements.

La surface couverte est de 68 mètres superficiels, dont 54 mètres pour l’habitation. Le prix de revient, avant guerre, était de soixante-dix mille francs.

M. DELAFOSSE,

Architecte.

Le Chasseur Français N°605 Janvier 1942 Page 50