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Villa algérienne

Quand le bâtiment va, tout va, dit la sagesse populaire. C’est exact. Cependant, les difficultés accumulées — main-d’œuvre difficile et matériaux raréfiés — retardent la reprise des affaires, malgré l’urgence et l’importance des besoins.

Les populations les plus indifférentes, comme les sociétés les plus disciplinées, subissent l’ambiance des cités qui, chaque jour, absorbent leur activité. Une cité agréable provoque la vie spirituelle et devient le centre régional des transactions d’où elle tire animation et progrès.

La composition des matériaux susceptibles de résoudre les nouveaux problèmes garde rarement la juste mesure. Faute d’équilibre, nous risquons de belles horreurs. Du pastiche arabe à la nudité, la gamme des essais recherche une moyenne. Les constructeurs étudient des formules nouvelles qui doivent, bien souvent, répondre à d’imaginaires besoins contradictoires. Qui a raison ?

Nous possédons des moyens d’organiser un logement parfait, mais la recherche du décor en absorbe le plus souvent le financement. Aussi, combien de demeures somptueuses deviennent moins agréables qu’un simple logis rural convenablement aménagé.

C’est dans cet esprit que nous étudions la présentation d’habitations moyennes répondant au désir du plus grand nombre.

En cette saison, quittons la métropole et engageons-nous dans la banlieue d’Alger. Qu’observons-nous ? Des maisons simples, économiques, aux grandes lignes tirant leur effet des jeux de lumière ; les recherches affectées y seraient déplacées.

L’habitation présentée est de caractère familial ; elle suit un chemin placé à flanc de coteau ; le jardin est en contrebas et borde une voie parallèle.

À ce niveau, se trouvent : cave, buanderie, abri et garage. Le rez-de-chaussée comprend une salle à manger, trois chambres spacieuses, cuisine, salle de bain, w.-c., penderie et placard. La surface bâtie couvre cent quatre mètres et le prix de revient unitaire s’équilibre à mille francs.

Les fondations sont coulées en rigole et composées de béton de cailloux et chaux lourde. Les gros murs sont en moellons de pierre dure ; du côté jardin, la construction est, en partie, montée sur piliers en béton armé, ce qui offre un abri de plein air très apprécié.

Du rez-de-chaussée, deux descentes extérieures facilitent l’accès du potager et du fruitier. Le logis est édifié sur une table en béton armé avec nervures et appuis nécessaires. Cloisons de distribution en briques creuses. Linteaux et colonnes en béton armé. Plafond et charpente en sapin. Couverture en tuiles plates. Menuiserie en sapin rouge. Revêtement du sol en mosaïque ou carrelage, suivant l’importance des pièces.

M. DELAFOSSE,

Architecte.

Le Chasseur Français N°606 Février 1942 Page 115