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Les plantes annuelles

dans la décoration du jardin

Les conditions économiques difficiles du moment et, en particulier, la pénurie de combustible et le manque de fumier ont ramené toute l’attention de l’amateur de jardins sur des plantes qu’il avait tendance à négliger dans la période de facilité. Nous voulons parler des plantes annuelles à fleurs, c’est-à-dire de celles dont la floraison a lieu l’année même du semis.

Déjà, on convenait qu’un certain nombre de ces plantes pouvaient concourir, au même titre que les plantes vivaces exotiques, que l’on conserve en serre l’hiver (Géraniums, Bégonias, Agératums, Fuchsias, etc.), à l’ornementation estivale des corbeilles et des plates-bandes du jardin d’agrément. Mais on conservait une certaine prévention contre la plupart d’entre elles et on ne les admettait, dans les jardins très soignés, qu’avec les plus grandes réserves.

Il est certain qu’un nombre assez restreint de plantes annuelles possèdent les qualités de tenue, de floribondité et autres qui font tant apprécier les plantes exotiques et que, parmi les plus recommandables, il en est quelques-unes dont la multiplication par semis produit des sujets trop dissemblables pour être associés dans des motifs réguliers. C’est le cas, notamment, des Salvies et des Coréopsis. Pour d’autres, la durée de floraison est trop courte et ne permet pas à ces plantes de garnir convenablement pendant toute la belle saison : Clarkias, Godetias, Balsamines sont dans ces cas. Pour d’autres encore, la tenue laisse nettement à désirer : Cosmos à fleurs bipinnées, Coréopsis grand, etc. ...

Pour pouvoir être plantées, dans les corbeilles et plates-bandes, en même temps que les plantes molles, c’est-à-dire du 20 mai au 1er juin, les plantes annuelles doivent nécessairement être semées, sur couche chaude ou tiède, dès la deuxième quinzaine de mars. On sème en rayons peu profonds à même la terre de la couche, et, dès que les plantes ont deux feuilles, on les repique à quelques centimètres d’intervalle, en profitant de cette opération pour les enterrer un peu plus profondément. Un deuxième repiquage est parfois utile. Il rend les plantes plus trapues. On a donc généralement avantage à l’effectuer.

Quelques espèces, de reprise assez difficile, se sèment de préférence en pots ou doivent, tout au moins, être repiquées en pots dès qu’elles sont levées. Tels sont les Pétunias, le Ricin, le Tabac, le Maïs du Japon, les Verveines, les Capucines, etc. ...

Il est indispensable d’aérer les plantes, pour éviter leur étiolement, toutes les fois que le temps le permet. Pour cela, on soulève le châssis. On donne d’ailleurs de plus en plus d’air, au fur et à mesure que l’on avance en saison. On retire les châssis, d’abord dans la journée, dès les premiers jours de mai, pour les enlever complètement à partir du 15 et même plus tôt pour quelques espèces plus rustiques : Pentstemons, Gauras, Œillets d’Inde, Verveines hybrides, Pyrèthre, etc. ...

Si l’on manque de fumier pour faire les couches, on peut semer la plupart des plantes annuelles soit sous cloches, soit sous châssis à froid, placés à bonne exposition, dès les premiers jours d’avril. Mais, alors, on a déjà un retard assez sensible dans la floraison.

Ce retard est encore plus important lorsque, ne disposant d’aucun matériel vitré, on est obligé d’effectuer les semis à l’air libre, ce qui ne peut se faire que vers la fin d’avril en côtière bien exposée ou dans les premiers jours de mai, parfois même plus tard, en situation moins favorable.

Parmi les plantes qui peuvent être traitées de cette façon, on peut tout particulièrement recommander :

Les Œillets d’Inde et, tout particulièrement, le simple nain Légion d’honneur, plante qui forme des bordures d’une tenue et d’une régularité parfaites, fleurissant très abondamment et sans interruption, jusqu’aux gelées.

Les Pétunias à grandes fleurs, dont il existe des races perfectionnées, naines et compactes, à tiges fermes, de coloris très vifs, variant du blanc pur au violet, en passant par tous les tons du rouge et du rose, qui constituent l’un des plus beaux ornements des parterres, où ils fleurissent surtout par temps beau et sec.

Les Verveines hybrides variées, qui présentent à peu près toutes les nuances, du blanc et de l’indigo au rouge vif, plantes qui réussissent à toutes les expositions, pourvu qu’elles soient aérées et éclairées, et en tous terrains meubles, sains et légers.

Les Capucines naines, aux innombrables fleurs de coloris vifs, tranchant agréablement sur le fond plus foncé du feuillage, notamment dans la remarquable variété Impératrice des Indes.

Le Pyrèthre doré Toison d’or, plante très naine, à feuillage d’un beau jaune d’or, que l’on fait souvent voisiner, dans les motifs floraux, avec une autre plante naine annuelle, le Lobelia erinus Crystal Palace, à fleurs bleues, à port compact et de couleur sombre, avec lequel elle forme d’admirables contrastes.

Les Zinnias nains doubles, plantes fort intéressantes, d’un beau port, précieuses par le nombre et la durée de leurs grandes et belles fleurs, de coloris très variés, d’autant plus abondantes qu’il fait plus chaud et plus sec.

Le Verbena venosa, robuste et élégante verveine qui craint fort peu la sécheresse et donne, de juin à octobre, d’innombrables fleurs violet bleuté dont l’effet est remarquable.

Le Gaura de Lindheimer, à longs rameaux flexibles, très nombreux, couverts de fleurs blanches qui ressemblent à des papillons.

Les Penstemons hybrides à grandes fleurs, dont il existe de remarquables variétés de coloris intéressants par l’abondance de leur floraison et la disposition gracieuse de leurs fleurs à clochettes, à gorge parfois très largement ouverte.

Le Mais du Japon panaché, dont le port très ornemental fait une plante des plus convenables pour la décoration des pelouses, soit isolée, soit en groupes, ainsi que pour disperser sur les têtes de corbeilles.

Le Ricin sanguin, qui, par les grandes dimensions et la beauté de son feuillage, par son port majestueux, est susceptible d’occuper une des premières places parmi les plantes à isoler ou à grouper.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°607 Avril 1946 Page 156