La pénurie des denrées alimentaires, dont nous avons
souffert pendant de longues années de guerre, a provoqué la création de
nombreux petits élevages de volailles et de lapins. Mais, par suite de
l’absence de main-d’œuvre masculine pour les entretenir, et aussi de
l’impossibilité de se procurer des désinfectants, les parasites de toutes
sortes des basses-cours n’ont cessé de pulluler, au grand préjudice de leurs
habitants. Aussi est-il urgent de mettre fin à cette engeance indésirable, car
la santé des volailles ne doit plus en souffrir. D’ailleurs l’adage : Mieux
vaut prévenir que guérir, est ici pleinement justifié. Il convient donc
d’apporter le plus grand soin dans la construction et, plus particulièrement,
dans l’entretien des poulaillers.
Les lecteurs du Chasseur Français qui habitent la
campagne peuvent constater que souvent la poule n’a, dans certaines fermes, que
la haie pour pondoir, les pommiers ou le hangar aux instruments agricoles pour
dortoir. Néanmoins, cette poule vagabonde est encore plus heureuse que les
volailles qu’on enferme, le soir, dans une cabane infecte où l’air est
irrespirable, où les bâtons qui servent de perchoirs sont des échelles à poux,
où les vieux paniers dénommés pondoirs sont des nids à vermine.
Tous les parasites en question, quelle qu’en soit l’espèce
(punaises, acares de la gale, etc.), amènent à la longue des troubles graves
dans la santé des oiseaux dont ils sucent le sang et qu’ils privent de repos et
de sommeil. Une poule infestée dépérit, cesse de chercher sa nourriture pour se
rouler dans la poussière des routes, devient triste, ne pond plus et ne gagne
pas sa nourriture. Les jeunes, les poussins surtout, sont arrêtés dans leur
développement et meurent souvent avant qu’on ne se soit avisé qu’ils sont
victimes des poux. Telles sont les conditions dans lesquelles se trouvent les
volailles logées dans le poulailler insalubre.
Le poulailler hygiénique doit remplacer partout le
poulailler malsain. Il ne s’agit pas ici d’un bâtiment de luxe, mais d’une
construction bâtie à peu de frais par les ouvriers agricoles de l’exploitation,
à leurs moments perdus, ou par le charpentier de la commune. Un bon poulailler
doit être : 1° bien orienté, le Sud étant préférable ; 2° bien
éclairé par de larges baies vitrées et grillagées en dedans ; 3° bien aéré
au moyen d’un système de ventilation quelconque et 4°, enfin, être assez vaste,
le minimum de place devant être de 1 mètre carré pour cinq sujets adultes,
si les poules restent en liberté toute l’année, et de 1 mètre carré par sujet si elles sont enfermées l’hiver ou
les jours de pluie et de grand froid.
Le plancher sera en bois et reposera sur de fortes traverses
en bois dur carbonylé. On clouera dessous un grillage fin pour éviter
l’invasion des rats et des souris. Les perchoirs auront une coupe rectangulaire
de 0m,05 de large sur 0m,03 de hauteur, les angles étant
légèrement arrondis au rabot ; les poules y reposeront mieux que sur des
bâtons ronds qui prédisposent aux maladies du dessous du pied (bleime, abcès,
goutte articulaire, etc.). On placera ces perchoirs sur des supports, dont les
pieds plongeront dans des godets contenant une huile minérale ; s’ils sont
fixés au mur, on enduira leurs extrémités d’un corps gras quelconque (vaseline,
huile d’automobile), dans lequel les parasites noctambules resteront englués.
Un plancher mobile recevra, la nuit, les déjections des volailles ; son
nettoyage en sera rendu plus facile.
Désinfection du poulailler.
— Qu’il soit de construction récente ou ancienne, le
poulailler salubre doit être débarrassé des déjections, balayé et
désinfecté de haut en bas avec une solution chaude de crésyl à 4 p. 100,
au moins une fois par semaine. Chaque mois, on doit le blanchir au lait de
chaux, afin d’empêcher la contamination des poules saines lorsqu’une maladie a
fait son apparition.
La désinfection des nids est assurée d’une manière
permanente à l’aide d’une éponge imbibée d’essence de térébenthine ou
d’eucalyptus, et introduite dans un œuf vide qu’on bouche à la cire ; les
vapeurs d’essence s’échappent par les pores de l’œuf et éloignent tous les
parasites. Enfin, on mettra à la disposition des poules une caisse plate
remplie d’un mélange de fleur de soufre, une partie ; de sable ou de
cendres, neuf parties, où elles iront se poudrer avec plaisir.
Désinsectisation des volailles.
— Les parasites cutanés des volailles ont une grande
importance économique. Lors d’infestation massive, ils gênent à tel point les
poules que leur état général et leur rendement en souffrent considérablement.
Ces parasites sont transmissibles à l’homme et l’inquiètent par leur prurit.
On a recommandé une foule de médicaments pour débarrasser
les volailles de leurs parasites, notamment les poudres insecticides, le
soufre, etc. La poudre de pyrèthre fraîche est d’une efficacité remarquable.
Cette poudre est insufflée dans la profondeur des plumes à l’aide d’un petit
soufflet spécial. Une autre poudre insecticide peut être utilisée dans les
mêmes conditions.
En cas d’infestation massive d’un effectif important, il est
préférable de recourir à l’emploi des bains. Voici celui qui jouit d’une grande
faveur en Amérique. La solution insecticide contient 75 grammes de
fluorure de sodium chimiquement pur, dissous dans 15 litres d’eau à une
température de 40-46°, recueillie dans un récipient permettant la plongée d’une
poule. Quand la solution n’est plus qu’à 36-40°, les poules y sont
immergées pendant quarante à quarante-cinq secondes, le bain étant constamment
maintenu à la même température. La tête de la poule sort de l’eau, mais
l’opérateur plonge la tête deux fois dans le liquide, et exécute des mouvements
de va-et-vient dans les plumes et sous les ailes, afin de faire pénétrer le
liquide sur toutes les parties de la surface du corps. Les résultats seraient
excellents.
MOREL,
Médecin vétérinaire.
|