Accueil  > Années 1942 à 1947  > N°608 Juin 1946  > Page 212 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Causerie vétérinaire

Le poulailler salubre et son entretien

La pénurie des denrées alimentaires, dont nous avons souffert pendant de longues années de guerre, a provoqué la création de nombreux petits élevages de volailles et de lapins. Mais, par suite de l’absence de main-d’œuvre masculine pour les entretenir, et aussi de l’impossibilité de se procurer des désinfectants, les parasites de toutes sortes des basses-cours n’ont cessé de pulluler, au grand préjudice de leurs habitants. Aussi est-il urgent de mettre fin à cette engeance indésirable, car la santé des volailles ne doit plus en souffrir. D’ailleurs l’adage : Mieux vaut prévenir que guérir, est ici pleinement justifié. Il convient donc d’apporter le plus grand soin dans la construction et, plus particulièrement, dans l’entretien des poulaillers.

Les lecteurs du Chasseur Français qui habitent la campagne peuvent constater que souvent la poule n’a, dans certaines fermes, que la haie pour pondoir, les pommiers ou le hangar aux instruments agricoles pour dortoir. Néanmoins, cette poule vagabonde est encore plus heureuse que les volailles qu’on enferme, le soir, dans une cabane infecte où l’air est irrespirable, où les bâtons qui servent de perchoirs sont des échelles à poux, où les vieux paniers dénommés pondoirs sont des nids à vermine.

Tous les parasites en question, quelle qu’en soit l’espèce (punaises, acares de la gale, etc.), amènent à la longue des troubles graves dans la santé des oiseaux dont ils sucent le sang et qu’ils privent de repos et de sommeil. Une poule infestée dépérit, cesse de chercher sa nourriture pour se rouler dans la poussière des routes, devient triste, ne pond plus et ne gagne pas sa nourriture. Les jeunes, les poussins surtout, sont arrêtés dans leur développement et meurent souvent avant qu’on ne se soit avisé qu’ils sont victimes des poux. Telles sont les conditions dans lesquelles se trouvent les volailles logées dans le poulailler insalubre.

Le poulailler hygiénique doit remplacer partout le poulailler malsain. Il ne s’agit pas ici d’un bâtiment de luxe, mais d’une construction bâtie à peu de frais par les ouvriers agricoles de l’exploitation, à leurs moments perdus, ou par le charpentier de la commune. Un bon poulailler doit être : 1° bien orienté, le Sud étant préférable ; 2° bien éclairé par de larges baies vitrées et grillagées en dedans ; 3° bien aéré au moyen d’un système de ventilation quelconque et 4°, enfin, être assez vaste, le minimum de place devant être de 1 mètre carré pour cinq sujets adultes, si les poules restent en liberté toute l’année, et de 1 mètre carré par sujet si elles sont enfermées l’hiver ou les jours de pluie et de grand froid.

Le plancher sera en bois et reposera sur de fortes traverses en bois dur carbonylé. On clouera dessous un grillage fin pour éviter l’invasion des rats et des souris. Les perchoirs auront une coupe rectangulaire de 0m,05 de large sur 0m,03 de hauteur, les angles étant légèrement arrondis au rabot ; les poules y reposeront mieux que sur des bâtons ronds qui prédisposent aux maladies du dessous du pied (bleime, abcès, goutte articulaire, etc.). On placera ces perchoirs sur des supports, dont les pieds plongeront dans des godets contenant une huile minérale ; s’ils sont fixés au mur, on enduira leurs extrémités d’un corps gras quelconque (vaseline, huile d’automobile), dans lequel les parasites noctambules resteront englués. Un plancher mobile recevra, la nuit, les déjections des volailles ; son nettoyage en sera rendu plus facile.

Désinfection du poulailler.

— Qu’il soit de construction récente ou ancienne, le poulailler salubre doit être débarrassé des déjections, balayé et désinfecté de haut en bas avec une solution chaude de crésyl à 4 p. 100, au moins une fois par semaine. Chaque mois, on doit le blanchir au lait de chaux, afin d’empêcher la contamination des poules saines lorsqu’une maladie a fait son apparition.

La désinfection des nids est assurée d’une manière permanente à l’aide d’une éponge imbibée d’essence de térébenthine ou d’eucalyptus, et introduite dans un œuf vide qu’on bouche à la cire ; les vapeurs d’essence s’échappent par les pores de l’œuf et éloignent tous les parasites. Enfin, on mettra à la disposition des poules une caisse plate remplie d’un mélange de fleur de soufre, une partie ; de sable ou de cendres, neuf parties, où elles iront se poudrer avec plaisir.

Désinsectisation des volailles.

— Les parasites cutanés des volailles ont une grande importance économique. Lors d’infestation massive, ils gênent à tel point les poules que leur état général et leur rendement en souffrent considérablement. Ces parasites sont transmissibles à l’homme et l’inquiètent par leur prurit.

On a recommandé une foule de médicaments pour débarrasser les volailles de leurs parasites, notamment les poudres insecticides, le soufre, etc. La poudre de pyrèthre fraîche est d’une efficacité remarquable. Cette poudre est insufflée dans la profondeur des plumes à l’aide d’un petit soufflet spécial. Une autre poudre insecticide peut être utilisée dans les mêmes conditions.

En cas d’infestation massive d’un effectif important, il est préférable de recourir à l’emploi des bains. Voici celui qui jouit d’une grande faveur en Amérique. La solution insecticide contient 75 grammes de fluorure de sodium chimiquement pur, dissous dans 15 litres d’eau à une température de 40-46°, recueillie dans un récipient permettant la plongée d’une poule. Quand la solution n’est plus qu’à 36-40°, les poules y sont immergées pendant quarante à quarante-cinq secondes, le bain étant constamment maintenu à la même température. La tête de la poule sort de l’eau, mais l’opérateur plonge la tête deux fois dans le liquide, et exécute des mouvements de va-et-vient dans les plumes et sous les ailes, afin de faire pénétrer le liquide sur toutes les parties de la surface du corps. Les résultats seraient excellents.

MOREL,

Médecin vétérinaire.

Le Chasseur Français N°608 Juin 1946 Page 212