Accueil  > Années 1942 à 1947  > N°609 Août 1946  > Page 235 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Échos de partout

Captures accidentelles.

Captures accidentelles.

— Le 24 décembre 1945, était occis, dans la petite commune de Saint-Aigne (Dordogne), un curieux représentant de notre faune ornithologique. Il s’agit d’un merle commun (turdus merula) qui, sans doute lassé de sa « livrée de marguillier en train d’avaler une omelette », avait revêtu un splendide habit d’un blanc immaculé avec la queue noire.

Voici d’ailleurs une description de ce spécimen d’albinisme.

Sujet mâle. Le corps et la tête sont entièrement d’un blanc pur et brillant. Sa queue ne porte que deux rectrices blanches, les autres étant d’un noir profond. Les ailes, également blanches, portent chacune les huitième et neuvième rémiges noires. Les sus-caudales sont blanches, les sous-caudales panachées. Le bec est orangé clair, les pattes blanc rosé et l’iris brun. À la naturalisation, j’ai trouvé la peau blanche, dépourvue de pigments colorants, sauf aux endroits où s’implantaient les plumes noires, qui avaient conservé leur teinte naturelle.

C’est le second cas d’albinisme que j’observe chez les merles dans cette région. Je possède en collection un autre merle atteint d’albinisme partiel, tué le 7 janvier 1941, exactement au même endroit, dans le même bois. Celui-là n’a que la tête et le cou blancs, avec d’autres plumes blanches disséminées sur tout le corps, qui demeure d’un noir brillant. Ses pattes sont brun clair maculé de blanc. Chez les deux sujets, il n’y a aucune teinte intermédiaire, ni gris, ni blanc sale.

Ces aberrations de plumage sont certainement dues à la consanguinité. Si les cas d’albinisme sont assez fréquents chez certains oiseaux, les faisans de chasse notamment, il n’en est pas de même chez les merles. Cependant, le merle blanc n’est pas un mythe, et beaucoup de personnes se trompent en le considérant comme un objet introuvable.

Je signale aussi à ceux que les déplacements de la sauvagine intéressent la capture d’un plongeon imbrin, ou grand plongeon du Nord (columbus glacialis), le 12 décembre 1944, sur la Dordogne, un peu en amont du barrage de Tuilière. Il s’agissait d’un mâle en plumage d’hiver, du poids respectable de 6 livres. L’oiseau, visiblement fatigué par le courant très violent — la Dordogne étant à ce moment en pleine crue — se contentait de plonger à chaque coup de feu, pour ressortir quelque 80 ou 100 mètres plus loin. C’est d’ailleurs sous l’eau que les plongeons cherchent leur salut, la brièveté de leurs ailes ne leur permettant pas de s’enlever facilement. Finalement, une balle bien placée en eut raison. À la dissection, je trouvai l’estomac garni de poissons, les plus gros coupés en deux aussi nettement qu’avec un couteau.

Enfin, le 25 décembre 1944, sur la même rivière, mais un peu plus en amont, c’est un grèbe à cou noir (podiceps nigricolis) qui tombait sous nos coups.

Le passage de ces oiseaux dans nos régions, toujours intéressant à constater, se trouve définitivement fixé par la mise en collection.

P. ARNOUIL, abonné, Saint-Capraise.

Le Chasseur Français N°609 Août 1946 Page 235