Les poissons entendent-ils ?
— Il n’y a aucun doute à ce sujet. Les poissons entendent,
et ils perçoivent non seulement les sons produits par la chute d’un corps
quelconque touchant l’eau, comme le dit M. Yves Christien dans son
intéressant article sur l’ouïe des poissons (numéro d’avril-mai 1946), mais même
les sons éloignés produits dans l’air. Et en voici la preuve : j’ai vu en
Indochine un vivier à poissons, simple trou rectangulaire d’une vingtaine de
mètres de longueur sur trois ou quatre de largeur, plein d’une eau boueuse.
Le propriétaire du vivier m’invita à assister au repas de ses poissons,
consistant en son de riz. À quelques mètres du vivier, il frappa plusieurs
coups avec un morceau de bois sur la planche avec laquelle il apportait le son
(... au double sens du mot !). Immédiatement, des centaines de museaux de
poissons apparurent, sortant de l’eau et attendant leur repas, leur corps
restant invisible à cause de l’eau boueuse. Ce n’est qu’alors que le propriétaire
du vivier lança aux poissons leur nourriture. Ce spectacle curieux m’intéressa
vivement, car je n’aurais jamais cru que les poissons pussent entendre un son
aussi éloigné et se produisant dans l’air.
E. DUBOIS-CARRIÈRE, ancien magistrat.
Repeuplement des cours d’eau.
— La nécessité de pourvoir au repeuplement des eaux de
France est aujourd’hui universellement reconnue.
Bien que certains affirment que la propagation artificielle
du poisson serait absolument inutile pour le but recherché, il n’en est pas moins
reconnu par les pisciculteurs sérieux que l’éclosion artificielle doit fournir
un appoint valable à la production annuelle du poisson, puisqu’elle permettra
d’éviter en grande partie la mortalité qui sévit sur les œufs et les alevins, surtout
à leur premier âge.
Il faudrait organiser l’éducation piscicole des possesseurs
des petits cours d’eau qui sont des propriétés particulières et offrent les
conditions les plus favorables au développement de la propagation artificielle
du poisson.
Il ne faut pas penser à acquérir des espèces étrangères, ce
qui n’aurait pas un avantage bien marqué, mais se borner à chercher par la
propagation artificielle à augmenter le rendement de nos eaux, en se reportant sur
les espèces qui les habitent naturellement et faire des tentatives intéressantes
de propagation des espèces indigènes dans les eaux où elles n’existaient pas encore.
L. T.
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