Les arbres et arbustes forment l’un des principaux éléments
décoratifs des parcs et des jardins. Il est, en effet, des arbres d’aspect très
différent par la forme, la stature, la couleur du feuillage, sa légèreté, sa
durée, etc. ...
À ce dernier point de vue, les arbres d’agrément de nos
régions se répartissent tout naturellement en deux catégories :
1° Ceux qui gardent leurs feuilles en toute saison : ce sont les arbres
à feuilles persistantes ;
2° Ceux qui perdent leurs feuilles à l’automne et ne
reverdissent qu’au printemps : ce sont les arbres à feuilles caduques.
Parmi les arbres à feuilles persistantes, les résineux ou
conifères forment un groupe fort important. Le nombre des variétés est, en
effet, très considérable, et beaucoup sont très ornementales.
Quelques espèces sont intéressantes surtout par leur aspect
pittoresque ; d’autres, de stature puissante, sont aussi décoratives, à
tout point de vue, que les essences à feuilles caduques les plus remarquables.
Il est donc tout indiqué de comprendre, pour une très large part, les conifères
dans la plantation du parc paysager. Grâce à eux, celui-ci conservera, pendant
la période hivernale, un peu de vie et de variété.
Parmi les sapins, quelques espèces doivent retenir tout spécialement
notre attention.
L’un des plus beaux est l’Abies concolor, originaire
de l’Amérique de Nord, qui atteint 30 mètres de hauteur dans les terrains
riches et frais. Ses branches sont bien étalées, puissantes, garnies de très
longues feuilles glauque bleuâtre. Il est rustique et s’accommode bien de
n’importe quel sol, pourvu qu’il ne soit pas exagérément humide ou compact.
L’Abies Nordmanniana ou Sapin de Nordmann
n’est guère moins joli. Très vigoureux, il prend de bonne heure un port
pyramidal et majestueux ; ses branches sont, en effet, disposées par
étages régulièrement espacés. Les feuilles sont couchées sur les rameaux, d’un
beau vert foncé au-dessus et argenté en dessous. Ce bel arbre ne redoute pas
une certaine proportion de calcaire dans le sol et prend un développement
remarquable en terrain profond.
L’Abies cephalonica ou Sapin de Céphalonie est
encore un arbre superbe que l’on peut isoler sur une pelouse. Il a un port très
régulier, compact, des feuilles très rapprochées, raides et piquantes, blanches
à la face inférieure. Il est rustique, résiste parfaitement à la sécheresse et
réussit dans les sols calcaires ainsi que dans les endroits exposés aux
intempéries.
Le Picea pungens Kosteriana ou Sapin bleu,
originaire de la Californie, est un sapin trapu, à feuilles raides et longues
d’un bleu argenté intense. De grande vigueur, il convient pour isoler sur les
pelouses, où il fait un effet merveilleux.
Plusieurs espèces de pins sont également très décoratives et
peuvent être isolées. Ce sont, parmi d’autres :
Le Pin noir d’Autriche, excellent arbre de terrain
calcaire, qui prospère aussi fort bien dans les sables profonds et frais et qui
atteint aisément 25 mètres de haut. Vigoureux, de grande rusticité, d’un
beau vert foncé qui tranche à merveille sur les teintes plus claires des arbres
éloignés, il forme des groupes puissants ornementaux et de fort beaux isolés.
Le Pinus strobus ou Pin de lord Weymouth, qui,
lui, craint le calcaire, est encore une espèce extrêmement décorative avec ses
aiguilles argentées, fort longues, très fines et retombantes. Ce pin est
rustique, vigoureux, et peut atteindre aisément 30 mètres de hauteur.
Le Pinus excelsa ou Pin de l’Himalaya, qui
ressemble un peu au précédent par son feuillage, affectionne surtout les terres
légères et cependant profondes, mais peut aussi réussir en terrain humide, où
il atteint 40 mètres.
Plusieurs espèces de cèdres conviennent à merveille, pour
faire de très beaux isolés :
Le Cèdre du Liban, véritable géant du règne végétal,
à la ramure puissante, étalée, se couronnant avec l’âge.
Le Cèdre de l’Atlas glauque, autre espèce vigoureuse,
de belle forme pyramidale, dont le joli feuillage argenté semble, au soleil,
entièrement couvert de givre.
Un autre conifère de grande taille, le Wellingtonia
gigantea ou Séquoia, convient tout particulièrement pour isoler. De
forme régulièrement conique, d’un port majestueux, il pousse très rapidement
dans les sols frais et profonds, pour lesquels il a une prédilection.
Quelques espèces du genre Thuya peuvent aussi être
utilisées dans diverses circonstances.
Le Thuya géant de Californie ou Thuia Lobbii
est certainement un des plus beaux. Très vigoureux, d’un beau vert foncé, il
forme de fort beaux isolés et des groupes remarquables sur les pelouses et peut
aussi être utilisé pour former des rideaux ou brise-vents, ainsi que pour faire
des haies de clôture qui deviennent extrêmement compactes.
Le Chamæcyparis Lawsoniana ou Cyprès de Lawson
est encore un arbre vert extrêmement rustique. Très souvent utilisé pour faire
de grands massifs destinés à masquer des parties de parc dépourvues d’intérêt,
il se recommande au premier chef par sa végétation rapide et par son port
compact.
PLANTATION.
— L’époque à préférer pour la plantation des conifères
est l’automne. La fin de septembre et le mois d’octobre conviennent
parfaitement parce qu’à cette époque les nuits sont déjà fraîches, alors que la
terre n’est pas encore complètement refroidie. Les racines ont donc tout le
temps de prendre possession du sol avant les grands froids.
Mais on peut également planter au printemps, au départ de la
végétation, avec presque certitude de succès. L’époque optimum se place en
mars-avril, un peu plus tôt en terrain sec, un peu plus tard en sol humide.
Il est toujours utile d’amorcer la reprise des arbres avec
un peu de terre légère et contenant une certaine proportion de terreau de
fumier très consommé, ou, à défaut, de terre de bruyère et de terreau de
feuilles. On mélange cette terre à celle que l’on met au contact direct des
racines.
Il est très important, sitôt la plantation effectuée,
surtout s’il agit d’exemplaires déjà un peu forts, de les immobiliser de façon
absolue pendant une année au moins. On y arrive, pour les plantes de 1 à 2 mètres,
en plaçant un tuteur que l’on fiche obliquement dans le sol à peu de distance
de l’arbre et que l’on attache au corps du jeune arbre avec un osier, à moitié
de la hauteur environ, en prenant la précaution essentielle de placer, entre la
tige et le tuteur, un bon tampon de paille ou de foin.
Quant aux arbres plus forts, on les maintiendra dans la
position verticale au moyen de trois fils de fer ou haubans attachés, d’une
part, sur la tige, à mi-hauteur de celle-ci, et, d’autre part, sur trois forts
piquets fichés en terre en triangle, à une distance égale à peu près à un tiers
de la hauteur de l’arbre.
E. DELPLACE.
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