Le plan des travaux.
— Voici un projet susceptible d’intéresser de nombreux
débutants :
La maison d’habitation étant en A, les dépendances en B, les
emplacements C et D seront réservés pour le terreau et le fumier ; on y
jettera tous les détritus ménagers et ceux du jardin, ainsi que le fumier de
lapin.
Une large allée MN partage le terrain en deux parties
égales, divisées elles-mêmes en planches par des sentiers de desserte. Trois
bacs en ciment armé 1, 2 et 3 permettent de faire attiédir l’eau destinée aux
arrosages, si celle-ci est fournie par la concession.
Le côté ouest, exposé aux vents dominants, est garanti par
une cloison pleine de 2 mètres de hauteur, tandis que les deux autres
côtés est et sud, d’où viennent la lumière et le soleil, n’ont qu’une clôture
en grillage galvanisé.
Les deux rectangles allongés H et G sont destinés aux
couches chaudes et froides, qui recevront alternativement quatre châssis
maraîchers EF, de 1m,33 de large, ou deux rangs de cloches.
Le mur ouest sera garni d’espaliers (vignes, pêchers et
poiriers) ; les pommiers se placeront en bordure de l’allée centrale, en
cordons simples. En choisissant des variétés à maturité échelonnée, on sera
approvisionné en toute saison en fruits et légumes.
Des constructions économiques.
— Le mur de clôture, en briques de champ, a le plus
d’intérêt et sera construit en premier lieu. Après avoir ouvert une fouille, on
la remplit de béton damé, confectionné avec six brouettées de gravillon ou de
mâchefer pour un sac de chaux hydraulique lourde.
En même temps, on emprisonne dans le béton, bien
verticalement dans les deux sens, des fers à double té de 2m,20 de
long, dont 20 centimètres enterrés. Quant à la pose des briques, elle se
fait au jour du cordeau, par assises horizontales, avec un mortier gras
confectionné en gâchant un sac de chaux hydraulique pour trois brouettées de
sable non terreux.
Les briques de champ étant engagées dans l’âme des fers à
té, espacés de 3 en 3 mètres, la clôture sera d’une solidité à toute
épreuve et rendue infranchissable si on la couronne d’une bordure en tessons de
bouteille piqués en plein mortier.
Les allées.
— Les allées d’un potager de rapport, même s’il doit
être complanté de cordons et d’espaliers, ne seront jamais sablées comme celles
des propriétés d’agrément. Il faut des allées de bon roulage, afin que l’on
puisse circuler librement et sans fatigue, même avec des brouettes lourdement
chargées.
C’est pour cela que les allées sablées, qui sont d’ailleurs
d’un entretien dispendieux, ne doivent desservir que les surfaces gazonnées,
non soumises aux bêchages et aux nombreuses façons, afin de ne pas les rendre
terreuses, ce qui favoriserait la croissance des mauvaises herbes.
Les empierrements ordinaires ne suffisent pas pour empêcher
la pénétration des racines et des larves, qui arrivent toujours à s’infiltrer
entre les interstices des cailloux, de sorte que l’on est obligé d’avoir
recours aux produits caustiques ou désinfectants pour les débarrasser de leurs
parasites animaux et végétaux.
Vous éviterez ces ennuis en recouvrant les macadams, après
un pilonnage énergique, d’un revêtement en goudron de houille analogue à celui
employé sur les chaussées des routes, ou d’un bétonnage, effectué avec
du gravier tout venant, tel qu’on l’extrait des carrières. Ce gravier, étalé
sur une aire plate et solide, est mélangé intimement, dans les proportions de
six brouettées pour un sac de chaux hydraulique lourde. Effectuez deux
ou trois retournements à sec, en cône croulant, puis deux ou trois autres
retournements en mouillant modérément à la pomme d’arrosoir, de manière à
obtenir un mortier homogène, que vous dresserez à la règle cintrée dans la
tranchée ouverte au préalable et que vous pilonnerez ensuite avec une dame.
Cela fait, recouvrez le béton d’une mince chape en mortier
de ciment portland, afin de régulariser la surface en dos d’âne, tout en la
rendant imperméable et très résistante et en assurant l’écoulement des eaux
pluviales.
Les bordures.
— Pour soutenir la terre des carrés, il est absolument
nécessaire de limiter les allées, de chaque côté, par des bordures mises
en place avant le bétonnage. Vous pouvez les acheter en terre cuite, mais, si
vous disposez de quelques loisirs, vous les confectionnerez vous-même en
ciment. Le moule posé à plat sur un chantier sablé, vous le remplissez de
mortier fabriqué avec une partie de portland pour trois parties de sable
graveleux. En emprisonnant dans le mortier quelques tringles en fer rond, vous
obtenez des palplanches solides, capables de résister aux chocs des brouettes
et de la bêche. Dressez les bordures en passant une règle, et, après démoulage,
passez au pinceau un lait de ciment pur, afin de régulariser la surface, en
supprimant les défauts du moulage.
Pose des bordures.
— Avant la mise en place, qu’il s’agisse d’allée centrale
ou de sentier desservant les plates-bandes, dont la largeur varie entre 75 centimètres
et 1m,50, vous creuserez une fouille à la profondeur de 20 centimètres,
puis, sur une mince couche de béton maigre, vous placerez les bordures de
champ, bout à bout, en vous guidant à l’aide de trois nivelettes, de manière à
les araser en ligne droite, suivant la pente naturelle du terrain.
Vous achevez de remplir la fouille de béton, en le dressant
en arrondi, maintenu à quelques centimètres au-dessous du niveau du terrain,
puis vous le damez en maintenant le dos d’âne, qui assurera l’écoulement de
l’eau.
Votre potager, desservi par des allées longitudinales et
transversales accédant aux bacs de puisage, facilitant l’exécution de tous les
travaux aura une perspective plaisante. Vous ne serez pas astreint à gratter
sans répit des gazons rebelles, ni à patauger dans des bourbiers inaccessibles,
lorsque de fortes pluies auront détrempé le terrain.
Adonis LÉGUME.
|