Depuis quelques années, les aviculteurs français utilisent,
avec des résultats inégaux, les éleveuses à étages dites
« batteries ». Celles-ci sont constituées essentiellement par
plusieurs rangées superposées de cases métalliques et présentent une certaine
analogie avec de vastes épinettes perfectionnées d’engraissement.
Il en existe également en bois, mais, seule, la construction
métallique a connu un grand développement avec la méthode.
Les éleveuses sont de deux sortes :
1° Les éleveuses chaudes ;
2° Les éleveuses froides.
Lorsque ces dernières sont placées dans la salle chauffée,
on les dénomme quelquefois éleveuses « de transition ». La même
appellation a été admise par certains constructeurs pour des éleveuses froides
de dimensions plus réduites et présentant, en général, cinq étages au lieu de
quatre, nombre généralement adopté par tous les fabricants.
L’éleveuse chaude comprend deux compartiments par
étage : la chambre chaude et la chambre froide, ou chambre d’exercice. Les
poussins dorment dans la chambre chaude, qui doit posséder, outre son système
de chauffage, un dispositif de ventilation. La plupart des éleveuses chaudes
emploient le chauffage à circulation d’eau chaude, comme dans le chauffage
central de nos habitations.
La température de la chambre chaude doit être maintenue
entre 20 et 36° ; le réglage se fait par la chaudière, par des vannes de
régulation à chaque étage et par un rideau mobile qui se règle suivant l’âge et
l’attitude des poussins.
La température de la salle d’élevage ne doit pas descendre
au-dessous de 18°, et il doit y régner la plus grande propreté. Une clarté
atténuée est préférable à une trop grande luminosité, surtout pour le premier
âge.
La chambre froide est placée le plus souvent en façade
avant, bien que certaines marques livrent leurs batteries chaudes avec deux
façades par étage, la chambre chaude étant au milieu de ce dernier.
Le plancher de chaque étage est constitué par des panneaux
de treillis galvanisé très fort, à mailles de 10 à 14 millimètres. Les
poussins vivent toujours sur ce treillis, et les déjections passent à travers
celui-ci pour être recueillies sur un plateau métallique interposé entre chaque
étage. Cette plaque est retirée journellement, raclée, lavée et souvent
désinfectée.
À la réception ou à l’éclosion, les poussins sont placés
dans l’étage supérieur de l’éleveuse et descendus d’un étage chaque semaine,
afin de terminer, à quatre et cinq semaines, dans les étages inférieurs,
naturellement moins chauds.
Toutes les augettes et les abreuvoirs sont extérieurs ;
les poussins passent leur tête à travers des barreaux métalliques, d’écartement
variable, suivant l’âge, pour s’alimenter.
Je tiens à mettre les futurs éleveurs en garde contre les
exagérations que présentent les catalogues de presque tous les constructeurs,
au point de vue capacité ; pour des surfaces variant, dans les éleveuses
chaudes, entre 1 mètre carré et lm2,80, les constructeurs
impriment froidement « capacité : 100 poussins ». Vous
pouvez être certain, et ceci par expérience personnelle, que, si vous suivez
ces directives, vous courrez tout droit à de graves mécomptes. Les cent
poussins tiennent bien dans l’étage au premier jour, mais, sitôt qu’ils
prennent un peu de vigueur, les plus forts accaparent les mangeoires et
empêchent les faibles de reposer en paix, ce qui amène rapidement une mortalité
désastreuse. Comme règle générale, divisez toujours par deux les capacités
données par le constructeur, et vous ne le regretterez pas.
Éleveuses froides.
— Les éleveuses froides reçoivent les sujets destinés à
la consommation et qui sortent des éleveuses chaudes.
Leur construction est identique, avec des dimensions plus
grandes, bien entendu. Elles sont ordinairement réalisées à quatre étages, de
2 mètres de longueur et 1 mètre de profondeur chaque.
Même observation que pour les éleveuses chaudes, au point de
vue capacité.
Les jeunes poulets, convenablement nourris et entretenus
dans des locaux parfaitement aérés et propres, arrivent facilement à peser une
moyenne de 1kg,200 à douze semaines.
Utilisation des « batteries ».
— La période d’utilisation des éleveuses batteries,
pour des sujets destinés à la vente, doit être limitée entre dix-huit et vingt
et un jours. Mais, pour cette première période, il semble bien que la batterie
constitue l’éleveuse artificielle idéale de tout poussin, quelle que soit son
utilisation future. Celui-ci se trouve, en effet, dans de parfaites conditions
d’hygiène, ne pouvant souiller sa nourriture, ni picorer ses déjections. Une
éleveuse à étage dans les mains d’un éleveur attentif, qui évitera le surchauffement
et l’entassement, est un outil parfait, constituant un excellent préventif
contre les maladies contagieuses.
Il ne faut pas croire, cependant, comme certains vendeurs
n’hésitent pas à l’imprimer, que ces appareils élèvent automatiquement leurs
élèves et que ceux-ci n’y sont jamais atteints par les maladies du premier âge.
Mais, pour des sujets provenant de reproducteurs sains, si possible séro-agglutinés,
les pertes par la pullorose y seront toujours plus réduites qu’avec toute autre
éleveuse.
Pour le poulet de consommation, la méthode donne, en
général, de très bons résultats, mais cependant ceux-ci sont actuellement
inégaux. Tel éleveur réussira parfaitement toutes ses séries de poulet, tel
autre éprouvera des pertes et des déboires.
Le picage, cette terrible manie qui transforme en quelques
jours un lot de sujets splendides et bien emplumés en monstres sanguinolents et
dénudés, est beaucoup moins à craindre depuis qu’on s’est aperçu que le
problème de l’aération de la chambre d’élevage devait être traité d’une façon
aussi sérieuse que celui de la nourriture.
On compte que, pour arriver au poids moyen de 1kg,200
à douze semaines, un poulet Faverolles, Sussex ou croisé lourd absorbera
environ 4 kilogrammes de pâtée sèche impeccablement composée.
J’ai eu personnellement, avec cette consommation moyenne
ci-dessus, certaines unités en Faverolles qui ont fait 1kg,600 et 1kg,750
, tués, plumés et vidés. Quelques Coucou de Malines ont atteint 1kg,800,
mais en quatorze semaines.
Cette forme d’élevage mérite d’être étudiée plus à fond, vu
les nombreux résultats absolument satisfaisants en tous points obtenus par un
grand nombre d’éleveurs.
Une chose essentielle : commencez par un élevage
modeste, afin de limiter les risques d’apprentissage. Cette industrie,
cependant, ne peut être intéressante, sauf au voisinage immédiat de quelques
stations thermales ou estivales, que pendant quelques mois chaque année. Toute
la production doit être écoulée entre janvier et juin, c’est-à-dire au moment
des cours les plus élevés, alors que la concurrence du poulet fermier n’est pas
à craindre.
Ce que je peux vous assurer formellement, c’est que la
qualité de chair des poulets élevés en « batterie » avec de bonnes
nourritures est inconcurrençable. La chair est infiniment plus tendre et plus
savoureuse que celle du poulet des champs, et, si vous pouvez vous créer une
clientèle directe de restaurateurs et d’hôteliers, ceux-ci, j’en ai fait la
preuve, en seront extrêmement satisfaits à tous points de vue.
Les professionnels de la cuisine déclarent que le poulet
batterie « gonfle » au lieu de se dessécher, comme il arrive souvent
avec un poulet trop musclé et trop sec.
Robert GARETTA.
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