Le Comité interprofessionnel du logement de
Roubaix-Tourcoing (C. I. L.) est un organisme alimenté par une
cotisation des employeurs proportionnelle aux salaires, géré par un conseil
constitué par moitié d’employeurs et de salariés désignés par les organisations
syndicales.
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Type B. —— Type traditionnel évolué. —— Type A.
Matériaux classiques avec emploi partiel de divers éléments
préfabriqués. Murs creux de 0m,22, porteurs à l’intérieur, cloisons
briques de parement de 0m,11, protectrices à l’extérieur. Chauffage
à eau chaude par chaudière à gaz et à charbon.
Type A : Planchers en béton armé avec
incorporation de corps creux, charpente classique avec solivage. Matelassage du
plafond de l’étage par laine de verre. Surface bâtie : 52m2,50.
Type B : Planchers préfabriqués en béton vibré.
Charpente en planches clouées portant le plafond de l'étage. Matelassage du
plafond du comble par laine de verre. Surface bâtie : 52m2,90.
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Le Comité confie l’édification des extensions urbaines,
suivant le principe de la « Cité orientée », à des sociétés
d’habitations populaires chargées de mettre en œuvre les projets élaborés par
son bureau d’études.
L’accession à la petite propriété est facilitée par l’Union
mutuelle immobilière de crédit, dont le fonctionnement s’inspire des
« Building Societies » britanniques.
Le bureau d’études du C. I. L. poursuit des
recherches théoriques très poussées sur la construction des logements et, avant
de passer aux réalisations pratiques, il se documente sur ce qui a été exécuté
dans ce domaine.
Une cité expérimentale édifiée sur le territoire de Mouveaux
comportant trente logements répartis en quinze types, dont sept préfabriqués,
constitue la première réalisation concrète et marque le début d’un programme de
construction qui sera la consécration de cette expérience.
C’est, en premier lieu, l’orientation systématique au plein
midi des logis et des cités.
L’aspect de « coron » que présente inévitablement
toute succession d’habitations mitoyennes est remplacé par celui d’un ensemble
verdoyant et homogène où sont disséminés des groupes entourés de jardins.
Autant que possible, les pièces de séjour sont orientées au
midi. On est ainsi amené à grouper du côté nord les locaux secondaires qui
présentent l’avantage de retarder l’influence de la région froide.
Ces pièces sont celles alimentées en eau et en gaz et d’où
s’éloignent les canalisations d’eaux-vannes. Elles se trouvent approchées des
voies d’accès de façon à réduire la longueur des canalisations.
Cette disposition générale entraîne certaines sujétions :
longueur de façade relativement importante, voie desservant, en principe, une
seule rangée de maisons.
La recherche d’économie amène à l’adoption de rues
dissymétriques avec chaussée à sens unique.
Les canalisations bordent les façades, ce qui réduit les
branchements au minimum et évite la traversée des routes. Quelques voies de
largeur normale sont créées, mais en nombre restreint et de tracé sinueux pour
éviter la circulation mécanique qui devra contourner la cité.
L’ensemble offre un caractère semi-rural, complété par un
centre social comprenant : salles de réunion, terrains de jeux et sports,
bibliothèque, services médicaux, cultes, etc. Au point de vue architectural, le
premier souci a été d’atteindre la qualité — exécution esthétique et fonctionnelle.
La majorité des prototypes répond aux programmes des groupements familiaux. Ils
comprennent au minimum : salle familiale, cuisine, pièce d’eau et w.-c.,
trois chambres.
Dans cette région sans relief et imbibée d’eau par suite de
la nature imperméable du sol, il a été nécessaire de prendre les précautions
indispensables à la préservation des constructions. Cette attaque se produit
par le sous-sol, au travers des murs de façade et par la toiture.
Les bâtiments doivent être immunisés contre l’humidité et le
froid par l’application de différents procédés d’étanchéité et d’isothermie, et
par l’installation de modes de chauffage bien conditionnés.
L’équipement sanitaire et ménager occupe une place
importante dans la conception de la demeure. Les possibilités offertes par la
technique ont considérablement évolué dans ce domaine.
Le bloc-service, par le groupement d’appareils perfectionnés
sur un espace déterminé et restreint, simplifie de beaucoup la tâche de la
ménagère et réduit la surface bâtie — machine à laver moderne, qui fait
office de buanderie et de séchoir, frigidaire, etc.
L’habitabilité est poussée par la création de nombreux
placards, à destination précise et variée, qui n’exige de l’usager que l’apport
de quelques meubles personnels pouvant, par conséquent, gagner en qualité.
Enfin, le côté esthétique du logis n’a pas été négligé et
l’on a conservé, autant que possible, un aspect en harmonie avec la tradition
locale.
L’abaissement du prix de revient, qui doit être
particulièrement recherché, est l’un des facteurs qui contribueraient à rendre
la construction rentable et à rétablir un marché immobilier normal.
Cet abaissement peut être recherché :
— par une étude rationnelle des plans en volume et en
surface, de façon à supprimer les espaces morts ;
— par l’utilisation d’éléments de grande série
(application de la normalisation, utilisation partielle ou totale d’éléments
préfabriqués) ;
— par l’organisation méthodique des chantiers ;
— par un contrôle scrupuleux des prix de série au moyen
d’un minutage sévère du travail ;
— par la mise sur pied d’ateliers de fabrication
témoins, ceux-ci pouvant avoir la forme de sociétés ouvrières.
L’expérience est, comme on le voit, multiple et complète et
porte sur les points techniques et économiques détaillés ci-après :
Vérification des volumes, le prototype devenant la maquette
grandeur réelle.
Mise en pratique des conceptions du C. I. L. en
urbanisme, architecture et construction.
Conception générale des plans ; nombre et disposition
des pièces conformément aux mœurs locales.
Confrontation entre les différents procédés de
construction : traditionnel, traditionnel évolué, préfabriqué.
Protection contre l’humidité : 1° contre les eaux du
sous-sol, au moyen d’un drainage ; par la création d’une cave ou d’un vide
sanitaire ; par l’interposition, sous le plancher du rez-de-chaussée, dans
les murs de fondation, d’une chape isolante horizontale.
2° Contre l’eau de pluie, par l’emploi de murs creux, la
paroi extérieure évitant les points de contact avec la paroi intérieure ;
par l’utilisation de toitures simples, évitant les accidents divers :
meneaux, lucarnes, souches de cheminée, etc.
Protection contre le froid par une orientation raisonnée et
par l’emploi de pièces tampons isolant les pièces habitables ; par une
composition spéciale des murs, des sols et des plafonds ; par l’emploi de
combles perdus.
Modes de chauffage : classique par circulation d’eau
chaude avec emploi de chaudière à charbon, à gaz, ou de cuisinière à charbon.
Chauffage par circulation d’air chaud fourni par un
calorifère situé en cave ou un poêle calorifère placé dans la salle familiale.
Équipement sanitaire : emploi des divers blocs-eau du
commerce, installation de salles d’eau, leur équipement, ainsi que celui des
cuisines.
Équipement ménager : placards, armoires, garde-manger,
frigidaire, machine à laver, ventilation artificielle.
Sols : carrelage grès cérame au ciment, granito, ciment
magnésien, parquet, linoléum.
Matériaux de couverture : tuiles de différents modèles
locaux, ardoises, panneaux en tôle émaillée.
Menuiserie : bois ou tôle pliée, acier profilé à simple
ou double vitrage.
Charpente : classique ou légère en planches clouées,
isolation contre l’humidité, le froid et la pluie ; vide d’air, carreaux
de plâtre creux, de bois feutré, matelassage en laine de verre.
Montage à sec des constructions : emploi de cloisons de
plâtre en carreaux tubulaires préfabriqués, planches de plâtre, panneaux en
bois feutré.
Éléments préfabriqués dans la construction
traditionnelle : planchers, charpente, linteaux, appuis, etc.
Établissement de prix de revient en heures d’ouvriers de
chaque type. Étude sur l’établissement des prix de série. Comparaison du
rendement entre le prix de revient du préfabriqué et du traditionnel.
M. DELAFOSSE,
Architecte.
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