L’activité des brigades des sociétés départementales des
chasseurs.
— D’un rapport d’ensemble dressé par la direction des
Eaux et Forêts, nous extrayons les chiffres ci-après des animaux nuisibles
détruits par les gardes au cours de l’année 1946 :
8.110 renards, 4.380 blaireaux, 2.160 fouines ou putois,
7.380 belettes ou hermines, 2.855 rats ou écureuils, 6.046 rapaces, 78.475
corneilles et corbeaux, 35.024 geais et pies, 2.671 chats, hérissons ou
loutres.
Il ne nous est pas possible, l’espace nous faisant défaut,
d’analyser en détail ces résultats, qui font honneur aux gardes ; il est
cependant certains départements qui totalisent un nombre impressionnant de
destructions : Lot-et-Garonne, 50.938 ; Nord, 21.300 ; Cher,
11.728 ; Pas-de-Calais, 4.788 ; Loiret, 4.509. Dans d’autres, au
contraire, les destructions sont pratiquement inexistantes. Serait-ce l’indice
d’une moindre activité ou d’une plus faible densité des nuisibles ? Il est
à souhaiter que de tels tableaux d’honneur soient dressés d’année en année.
Leur comparaison ne manquera pas d’intérêt.
Une importante manifestation cynégétique.
— À la suite du Congrès de la région cynégétique de
Tours et des travaux des présidents des fédérations, les vœux suivants ont été
émis pour être portés à la connaissance de M. le ministre de
l’Agriculture.
1° Un certain nombre de propositions de lois sur la chasse
étant actuellement déposées sur le bureau de la Chambre, les présidents de la
région cynégétique de Tours demandent à M. le Directeur général des Eaux et
Forêts de bien vouloir mettre au point le projet adopté par les présidents de
régions et de le déposer d’urgence.
2° Que l’ouverture de la chasse sur le territoire de la
région n’ait lieu, en 1947, que le deuxième dimanche de septembre, y compris le
faisan.
3° Que M. le ministre de l’Agriculture veuille
bien intervenir auprès de son collègue de la Production industrielle pour qu’en
1947, au moment de l’ouverture, les chasseurs aient enfin pour chasser les
cartouches qui leur sont indispensables.
Société départementale des chasseurs de l’Indre.
— L’assemblée générale de la Société départementale des
chasseurs de l’Indre réunie en séance ordinaire à Châteauroux :
1° Considérant qu’au cours de la période de chasse 1946-1947
il n’a été distribué qu’un nombre de cartouches insuffisant, renouvelle le vœu
déjà émis tant par son conseil d’administration que par sa dernière assemblée
générale, demandant que des mesures soient prises par les pouvoirs publics pour
que les munitions de chasse soient réparties plus largement, afin de permettre
à tout porteur de permis d’user pleinement de son droit ;
Que les sociétés départementales aient la possibilité d’en
obtenir un certain contingent dans le but d’intensifier la lutte contre
certains nuisibles ;
Qu’il leur soit donné un droit de contrôle sur leur
distribution ;
2° Considérant les difficultés que rencontrent les sociétés
communales à trouver les terrains propices à la constitution de réserves,
demande que l’administration des Eaux et Forêts veuille bien étudier une
modification des règlements en vigueur, de telle façon que les sociétés
communales puissent obtenir par priorité, et à l’amiable, des lots sur ces
forêts, leur permettant la constitution de réserves de chasse. Que, de plus,
les sociétés communales dont les territoires bordent la Creuse puissent
bénéficier par priorité, et à l’amiable, des lots de chasse aux canards. Qu’en
outre le ministère de la Guerre interdise la chasse sur les terrains
militaires.
3° Considérant la nécessité d’intensifier la lutte contre
le braconnage, demande : que les personnes suspectes d’actes de chasse en
temps prohibé soient tenues à toutes réquisitions des gardes de la société
départementale, gardes particuliers, gendarmes, d’ouvrir leurs carniers, sacs,
poches, valises, utilisés pour le transport du gibier, à l’effet de constater
les délits éventuellement commis ;
4° Considérant qu’il est indispensable de prendre des
mesures pour éviter la destruction.et la disparition complète du cerf dans le
département de l’Indre, demande que la chasse à courre et à tir de la biche
soit formellement interdite par M. le Préfet pendant plusieurs
années ;
5° Considérant les destructions considérables de gibier
opérées à l’aide du furet, demande que la chasse au furet ne soit autorisée
qu’en battues administratives ou avec une autorisation délivrée par la
préfecture après avis favorable de la société départementale ;
6° — Considérant la pénurie de plus en plus grande de
gibier dans le département, demande la limitation des jours de chasse à trois
par semaine — dimanche, lundi et jeudi. La chasse restant autorisée tous
les jours fériés ;
7° Considérant que les chasses gardées constituent la
meilleure source naturelle de repeuplement et sont indispensables à la
conservation du gibier : qu’elles méritent, en conséquence, d’être
encouragées et non brimées par un lourd Impôt ; que cet impôt établi sans
que ni le ministre de l’Agriculture, ni le Conseil supérieur de la chasse aient
été consultés, qu’il a été combattu dès son institution par tous les chasseurs
et qu’il constitue pour le budget des sociétés communales une charge
extrêmement lourde, en demande l’abolition pure et simple.
Nénette.
— Elle avait à peu près trois semaines quand on me
l’apporta, en avril 1945 ; c’était, à l’époque, un gentil marcassin ;
je l’apprivoisai en la mettant dans une volière dans la cour de la ferme, je
l’ai laissée enfermée là pendant un mois, puis, quand elle a été habituée à
moi, je l’ai lâchée, et elle m’a bien suivi ; je l’emmène dans les champs,
elle est même venue à la chasse avec moi.
Cette laie, élevée en liberté, a fait une escapade en mai
1946 : elle est partie deux jours et est rentrée de son plein gré. Depuis,
elle est encore partie plusieurs fois, mais seulement quelques heures ; on
n’y prêtait même pas attention.
Beaucoup de personnes, plus habituées que moi à cet élevage,
m’affirmaient qu’elle ne reviendrait plus, mais Nénette était tellement docile
avec moi que je remettais toujours pour la tuer, malgré son poids assez
important, car elle pèse 125 kilogrammes. Maintenant il n’en est plus
question, car elle vient de nous faire une belle surprise.
Le 23 novembre, voilà Nénette partie, et, comme elle
n’était pas rentrée le lendemain, je suis allé faire un tour dans le bois tout
proche de la ferme, où elle avait l’habitude d’aller, mais en vain ! Je
désespérais de la revoir, pensant qu’un chasseur l’avait tuée. Mais, après
treize jours d’absence, à la tombée de la nuit, voilà Nénette qui rentre dans
la cour avec six petits marcassins. À la vue de tous ces gens qui couraient
pour les voir, les petits prennent la fuite de tous côtés, et les voilà tous
repartis au bois avec la mère, qui avait à peine eu le temps de manger.
Le lendemain, je les ai revus au bois, à quelques centaines
de mètres de la ferme, et, le soir, à la même heure que la veille, Nénette est
revenue avec sa petite famille ; cette fois, j’ai réussi, étant seul, à
l’enfermer.
Comme Nénette aime sa liberté, je la lâche, de temps en
temps, avec ses petits, qui sont déjà moins sauvages ; et, le soir, elle
rentre seule dans sa cabane, où les petits la suivent. De cette façon, ils vont
s’apprivoiser facilement.
R. ROGI, abonné.
Un des doyens de chasseurs.
— M. Daynac, père, âgé de quatre-vingt-sept ans,
habitant à Gourdon, où il a été président du tribunal civil, est certainement
le plus vieux chasseur de France. Malgré son âge avancé, comme Francis Planté,
il chasse le sanglier et toutes sortes de gibiers. Il est très sobre, ne fume
pas et habite avec deux de ses sœurs qui sont à peu près du même âge que lui.
M. Daynac est un excellent marcheur et, comme Vélocio, fait de la
bicyclette.
M. MAURY, abonné.
Un chevreuil en mer.
— Le 4 mai, vers 10 heures du matin, chassant le gibier
en baie de Canche (Pas-de-Calais), côté rive droite, je me dissimulais derrière
les dunes pour surprendre les oiseaux picorant au bord de la mer, haute à ce
moment. Jetant un premier coup d’œil, j’aperçus à environ 300 mètres vers
la gauche un groupe de pies de mer ; mais une forme ressemblant à une tête
avec oreilles dressées, qui émergeait de l’eau dans cette direction, à environ
30 mètres du bord, me parut extraordinaire à cet endroit ; jugez de ma
stupéfaction quand, à la jumelle, je distinguais nettement une tête de
chevreuil aux cornes superbes. L’ondulation des vagues découvrait par
intermittence la croupe de la bête. Je courus à toutes jambes et arrivai en
face d’elle : elle se débattait faiblement contre le flot et se noyait
manifestement, n’arrivant déjà plus à sortir les naseaux de l’eau. J’entrai
dans la mer jusqu’à mi-cuisses et, le tirant par les cornes, je ramenai sur le
sable un magnifique brocart, étendu sur le flanc, à demi inanimé et grelottant.
Après l’avoir amené dans les dunes bien à l’abri du vent, je le bouchonnai
fortement, le soignai du mieux que je pus, et, après deux heures d’efforts,
j’eus la chance de le voir complètement retapé. J’ai alors laissé partir cette
jolie bête dont je garderai longtemps le souvenir, presque heureux que la
chasse au chevreuil fût fermée, car, l’ayant ramené à la vie, je n’aurais
jamais eu le courage de l’abattre.
J. DANEL, abonné.
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