Récupération des armes de chasse.
— M. Edgar Faure expose à M. le ministre des
Affaires étrangères que, pendant toute l’occupation, des autorités allemandes
se sont emparées de fusils de chasse appartenant aux Français ; que, dans
ces conditions, il paraîtrait équitable de récupérer des fusils de chasse en
Allemagne afin de pouvoir les attribuer aux Français qui en ont été
dépossédés ; et lui demande s’il envisage de prendre des dispositions à
cet effet. (Question du 6 mars 1947.)
Réponse. — Il est impossible, dans l’état actuel
des textes en vigueur relatifs aux réparations et aux restitutions, d’envisager
en Allemagne une saisie d’armes de chasse qui seraient distribuées aux
propriétaires français en remplacement de celles dont ils auraient été dépouillés.
En effet, d’après la définition des restitutions adoptée par le Conseil de
contrôle allié de Berlin, celles-ci ne peuvent porter que sur les biens mêmes
qui ont fait l’objet d’une spoliation. Lorsque ces biens ne peuvent être
retrouvés, il ne peut donc être question d’en prélever d’autres pour dédommager
les intéressés. C’est dans le cadre des réparations que les propriétaires
français spoliés trouveront la compensation aux pertes qu’ils ont subies. Il
leur appartient en conséquence de s’adresser à l’État français pour obtenir
l’indemnité à laquelle ils ont droit au titre des dommages de guerre.
Exemple à suivre.
— C’est celui de Mme Lacaze, une bonne
vieille paysanne de Dordogne, qui, dans un seul mois, a mis à son tableau de
chasse cinq renards ou renardeaux, trois blaireaux et une martre. Mme Lacaze
a déjà de nombreuses destructions de nuisibles à son actif et protège
activement son poulailler et son clapier. Il serait à souhaiter qu’elle ait de
nombreux émules.
Association de huttiers et chasseurs de gibier d’eau.
Relevé à l’ordre du jour du 1er juillet 1947.
— Après approbation de l’action du Comité de direction depuis la dernière
assemblée générale du 11 octobre 1946, constatation des grands progrès de
l’association. L’assemblée générale décide d’intensifier son action.
Elle remercie vivement le Conseil supérieur de la chasse de
son appui. Elle approuve et encourage toute mesure de protection raisonnée du
gibier (constructions de parcs de réserve ...).
Elle proteste contre toute mesure destructrice (assèchements
de marais et toute mesure déviant les voies de migration de l’avifaune dans
notre pays). Trop souvent, depuis un an, sans tenir aucun compte des intérêts
spéciaux des chasseurs de sauvagine, les présidents de fédérations départementales
ont fait prendre par les préfets des arrêtés de fermeture anticipée ou
d’ouverture retardée pour cette chasse, sous le seul effet d’éviter le
braconnage.
Il y a non-représentation d’une immense majorité de
chasseurs aux assemblées générales des fédérations départementales.
L’assemblée générale de l’A. H. C. G. E.
demande donc instamment à M. le ministre de l’Agriculture et au Conseil
supérieur de la chasse de trouver une formule qui garantisse les intérêts des
chasseurs peu nombreux qui pratiquent des chasses spécialisées.
Busards.
— M. Gaillard, abonné, possède à proximité de La
Palisse (Allier) quelques hectares de ronces et de bruyères, séjour de
prédilection, chaque printemps, d’une colonie de busards blancs (Jean Le Blanc,
probablement). M. Gaillard ne voyait que des avantages à la présence de
ces oiseaux, grands destructeurs de rats et reptiles, lui avait-on assuré. Un
jour, pour en avoir le cœur net, il avait abattu quelques adultes, et
l’autopsie avait révélé la présence dans le corps des rapaces des débris de
rats et de lézards. Tout était donc pour le mieux, et les busards, de leur vol
gracieux, animaient la campagne.
Cependant, le gibier diminuait à vue d’œil, les compagnies
de perdreaux voyaient fondre leurs effectifs ; M. Gaillard eut l’idée
de s’en ouvrir un jour à un ami cultivateur et chasseur ; celui-ci
n’hésita pas à accuser du forfait les rapaces si sympathiques pourtant. Il
fallait tenter une contre-épreuve : dès le lendemain, dans la bruyère, la
première envolée de jeunes était saluée d’une décharge ; deux pièces au
tableau ; à l’autopsie, les restes de deux pouillards. Un examen des nids
fut plus révélateur encore : plumes de perdreaux voisinaient avec poils de
lièvres et de lapins de garenne. Dès lors, M. Gaillard, pris d’une vraie fièvre
de destruction, se livre à un massacre systématique de busards : avec un
ami, et sous le contrôle de la gendarmerie du lieu, 41 rapaces sont au
tableau de la première journée ; leur autopsie met à jour les dépouilles
de 33 perdreaux et 12 rats. Le lendemain, 28 pièces, 19 nids
détruits. L’autopsie ne fut pas pratiquée ; à quoi bon ! Notre
chasseur estime sans exagération à 500 au moins le nombre de têtes de gibier
détruit par ses locataires.
Et M. Gaillard, nous contant son aventure,
conclut : « Rien ne sert de se lamenter sur la disparition du gibier,
il faut agir et agir individuellement. Certes, les cartouches sont rares, mais
ce n’est pas une vaine dépense que d’en utiliser une partie à la destruction
des nuisibles. »
Parc national.
— Par arrêté du ministre de l’Agriculture en date du 26 juillet
1947, le domaine du château de Chambord est classé réserve de chasse. Un parc
national d’élevage y est créé, et sa gestion confiée au Conseil supérieur de la
chasse.
Histoire de chasse.
— En 1899, j’achetai à un ami deux petits griffons à
manteau noir et pattes feu. Avec eux, je chassais surtout le lièvre, qui
abondait à cette époque, tant dans notre cirque de Floirac, baptisé à tort
cirque de Montvalent, que dans nos causses. La femelle, Finette, était très
collée à la voie. Avec elle, je ne crois pas avoir perdu un seul lièvre blessé.
Le mâle, Luno, était très bon lanceur et avait une voix très claire.
Malheureusement, il avait une hernie ombilicale. Avec une vieille sangle de
selle, j’avais fabriqué une ceinture qui contenait sa hernie.
Il m’arriva, avec ces deux petits chiens, une aventure assez
drôle, qui prouva la ruse du capucin. J’avais lancé un lièvre dans notre
fertile plaine. Comme tous ses pareils, après être monté faire un petit tour
dans le causse de Soult et le bois de Turenne, il devait revenir vers son
lancer. Je l’attendais à un bon poste appelé le Disque, car il y a, à côté de
ce signal, un petit passage qui traverse la ligne de Saint-Denis à Montvalent.
Après une demi-heure d’attente, j’entendis mes deux chiens qui revenaient dans
le haut de la côte de Soult. Presque aussitôt, j’aperçus mon capucin qui
arrivait entre les rails, en suivant un trajet parallèle à celui des deux
griffons. Arrivé à 150 mètres de moi, l’animal s’assit, écouta la voix des
chiens et se mit à faire des allées et venues pour doubler sa piste. Revenu à
peu près à l’endroit où il s’était assis, il se blottit, le derrière collé au
rail. Les deux chiens arrivèrent à l’endroit du départ et passèrent plusieurs
fois tout près du lièvre. J’étais persuadé que j’avais été vu, et je n’osais
bouger. Tout à coup, pendant que les chiens lui tournaient le dos, le lièvre se
redressa et, d’un bond de trois ou quatre mètres, se blottit dans le talus.
J’avançai alors tout doucement et, quand je fus à 10 mètres du capucin, je
lui collai un coup de cinq dans le nez. Il roula juste sur la voie, où les
petits chiens le virent, à leur grande joie, et purent le lécher, car ils ne
mangeaient pas les lièvres ou les lapins qu’ils faisaient tuer.
Ces deux braves petits chiens furent victimes d’un sale
braconnier jaloux, qui laissa passer le lièvre au poste sans le tirer et fit
coup double sur mes deux bons chiens.
M. MAURY, vieil abonné (soixante-douze ans).
L’alouette huppée.
— La disparition de l’alouette huppée, cochevis, quiquillade,
comme on l’appelle, dans le Midi, en patois languedocien, n’a rien de
surprenant. D’ailleurs toutes les races de petits oiseaux tendent à disparaître
et deviennent de plus en plus rares, au moins chez nous. Pour l’alouette huppée
les causes n’en sont pas mystérieuses, et rien ne pourra entraver sa
disparition complète, et cela dans très peu de temps. Je ne parle, bien
entendu, que pour les pays vignobles que je connais et habite. En voici les
raisons. Tout d’abord, la cochevis est très ombrageuse. Si on découvre son nid
et si on la dérange de sa couvée une ou deux fois elle ne revient plus sur ses
œufs. De plus, elle niche à terre au pied de ceps ou à l’abri d’une motte, au
beau milieu de l’espace séparant deux rangées de pieds de vigne ; alors,
soit en labourant, soit en travaillant à l’outil, neuf nids sur dix sont
détruits, et cela sans préméditation aucune. Puis ensuite on passe
fréquemment : soufrages et sulfatages chassent la couveuse, la rebutent,
et les nids rescapés sont alors définitivement abandonnés.
La « calandre », une autre espèce d’alouette
cravatée de noir, qui, elle, nichait dans les herbes et les terres incultes,
volait autrefois, et l’hiver surtout, en vols nombreux. Elle a complètement disparu
de chez nous. Les oiseaux suivants, qui abondaient chez nous quand j’étais
jeune, ont également disparu ou sont en voie de disparaître : le
chardonneret, dont on voit encore quelques rares spécimens, l’ortolan qui
devient un mythe, le gobe-mouches, le roitelet, le gros bec, le verdier, une
espèce de pie grièche aussi grosse qu’une tourde, qui faisait un nid volumineux
sur les oliviers et qu’on nomme en patois languedocien « amarguassal »,
le becfigue, régal des gourmets, le verdier minuscule qui, dès le début de
mars, chantait éperdument et par groupes sur les amandiers en fleurs :
toute cette faune n’existe plus.
Autre chose encore dont on ne peut s’expliquer les causes.
On n’a pu, cette année ni l’an dernier, apercevoir une seule tourde ; même
remarque pour la grive. Les palombes, les bisets, les étourneaux qui passaient
autrefois en vols fréquents, n’ont fait aucune apparition cette année. En
revanche, depuis quelque temps, les pies et les corneilles, oiseaux
malfaisants, pullulent.
G. J., abonné.
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