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La mâche

« Mâche, salade sauvage et rustique ; aussi la fait-on rarement figurer en bonne compagnie. » Tel était le jugement peu flatteur que La Quintinie, jardinier de Louis XIV, portait sur la mâche, si appréciée de nos jours, surtout lorsque le gel nous prive des chicorées frisées ou des tendres laitues.

Il faut dire, à sa décharge, qu’à son époque on utilisait uniquement la mâche sauvage, que l’on récoltait dans les champs avec le pissenlit, les crépies et autres herbes similaires. Toutefois, depuis le XVIIe siècle, la culture a beaucoup amélioré cette plante, dont les touffes de feuilles étroites se sont élargies en rosettes volumineuses, dont la forme et l’ampleur du feuillage diffèrent suivant les variétés. Le nombre de celles-ci est d’ailleurs considérable et, parmi les plus recherchées d’entre elles, on peut citer :

La mâche à feuilles rondes maraîchère, à feuilles arrondies et groupées en rosette compacte, variété rustique, très productrice et de croissance rapide.

La mâche coquille de Louviers. Cette variété produit des touffes fortes, bien pleines, se développant vite ; c’est aussi l’une des plus résistantes au froid.

La mâche d’Étampes. Plante à feuillage vert foncé, veiné de glauque. Très résistante au froid, cette variété est en outre d’un transport facile.

La mâche à grosses graines. Les feuilles en sont larges, nombreuses. La plante est vigoureuse, productrice, mais d’un transport difficile par suite de son feuillage mou.

La mâche d’Italie, appelée aussi mâche Régence, est une espèce distincte originaire de la région méditerranéenne. Ses feuilles sont réunies en touffes volumineuses. En raison de son peu de rusticité, cette variété est surtout recommandable pour les régions méridionales.

La préférence de la mâche sauvage pour les terrains profonds et meubles en surface est une indication précieuse pour sa culture au jardin potager. Aussi, pour obtenir de la mâche en abondance, devra-t-on lui réserver un sol un peu frais, labouré et fumé longtemps à l’avance. Sur terrain ayant reçu un labour récent, la levée des graines est toujours aléatoire. On sème la mâche de fin juillet jusqu’au début d’octobre, à la volée ou en rayons distants de 10 centimètres, et à raison de 100 grammes de semence à l’are.

Notons, en passant, que les graines de deux ou trois ans germent mieux que celles de l’année.

Un hersage léger, au râteau, suffit à recouvrir les graines ; il doit être suivi d’un roulage et de légers mais fréquents arrosages.

La levée est rapide, mais parfois irrégulière, du fait que les pluies ou les eaux d’arrosages ont entraîné les graines de mâche dans les dénivellations existant à la surface du terrain ensemencé, celles-ci ayant une légèreté qui facilite leur déplacement. Il y a lieu, dans ce cas, de repiquer dans les vides les pieds prélevés dans les parties où les plantes sont trop rapprochées.

Les semis de mâche effectués fin juillet-courant août fournissent leur récolte d’octobre à décembre. Par contre, ceux exécutés en septembre-début octobre permettent d’échelonner la production de janvier jusqu’au printemps.

Bien que la mâche, pourvu qu’elle ne soit pas trop développée, offre une très grande résistance au froid, il est cependant prudent de recouvrir les plantes à l’aide de litière ou de paillassons pendant les fortes gelées. Non seulement cette précaution a pour effet de préserver les mâches de l’action destructive des alternatives de gel et de dégel, mais elle offre encore l’avantage de permettre la récolte quelle que soit la température.

GOUMY.

Le Chasseur Français N°616 Octobre 1947 Page 585