La faveur dont jouissent les plantes vivaces rustiques n’a
fait que s’accroître au cours de ces dernières années.
Cette faveur est justifiée par le mérite ornemental de
certaines espèces dont les coloris vigoureux et bien tranchés permettent de créer,
dans le petit jardin comme dans le grand parc, des scènes pleines de vie et de
variété.
Elle l’est aussi, et au moins autant en ce temps de vie
chère, par la facilité de multiplication de ces plantes dont la plupart se
reproduisent par simple division des touffes dont on replante aussitôt les
parties, constituant autant d’individus nouveaux, en tous points semblables à
la touffe initiale, qui durent plusieurs années, passant l’hiver sans soins
particuliers et ne demandant, pendant la belle saison, qu’un paillage et
quelques arrosages.
Parmi les plantes vivaces rustiques, un certain nombre
donnent au printemps ou au commencement de l’été leur floraison ; d’autres
la donnent à la fin de l’été ou en automne.
Pour que celle-ci s’accomplisse dans les meilleures
conditions, il importe, lorsqu’il s’agit de plantes à floraison de printemps,
que la touffe ait pris possession du sol avant l’hiver. Aussi faut-il pratiquer
la division des touffes dès la fin de l’été ou, au plus tard, au début de
l’automne. Les éclats sont mis en place dans un sol aussi sain que possible,
préparé à l’avance et bien pourvu d’éléments fertilisants. En sol maigre, en
effet, la floraison serait moins belle.
Quelques espèces sont franchement bulbeuses, et leurs bulbes
forment des touffes qu’il est également possible de fractionner en vue d’en
former plusieurs plantes nouvelles : fritillaires, narcisses, lis blanc,
lis tigré, etc.
Dans d’autres, la souche est rhizomateuse et se divise aussi
avec facilité, mais, pour que la floraison soit vraiment belle, il faut que la
division ait été opérée depuis un certain temps (une année ou deux) ; les
iris sont dans ce cas.
Plusieurs plantes donnent de meilleurs résultats si on en
fait des boutures de racines, après la floraison ou en septembre, sous châssis
ou sous cloche, dans de la terre de bruyère ; tels sont, par exemple, les
pavots à bractées.
Enfin, il en est qui réussissent mieux par semis des graines
fait d’avril à juin-juillet comme la gypsophile paniculée.
Parmi les plus belles plantes vivaces rustiques à floraison
de printemps, nous pouvons citer :
1° Plantes naines à bordures.
— La corbeille d’argent à fleurs doubles, espèce
gazonnante, à ramifications nombreuses et à fleurs d’un blanc pur formant de
remarquables taches et des tapis ravissants en mai.
L’anémone hépatique, à fleurs bleues ou roses
doubles, d’autant plus intéressantes qu’en février-mars, au moment où elles
apparaissent, les jardins sont encore à peu près nus.
L’iris nain (I. pumila), à fleurs
violettes, bleu de ciel, blanches ou jaunâtres, (avril-mai), pour garniture des
rocailles et des lieux accidentés, par groupes unicolores ou variés.
La primevère à grandes fleurs et ses variétés doubles
ou pleines à fleurs marginées, panachées et bariolées de diverses façons,
(février-mars à mai.)
Les œillets mignardise blancs ou roses, formant, de
fin mai à juillet, des bordures très odorantes.
Le gazon d’Espagne (Statice armeria), plante
naine formant des bordures fort jolies et de longue durée en sol sablonneux,
dont les fleurs roses, en capitules serrés et globuleux, se montrent pendant le
mois de mai et parfois jusqu’en juin-juillet, parant merveilleusement talus,
glacis et rocailles, et se prêtant aussi à la formation de bordures
décoratives.
2° Plantes plus grandes.
— La fritillaire ou couronne impériale, à
grandes fleurs rouge-brique en couronne, imitant des tulipes renversées, qui
s’épanouissent de fin mars à fin avril, constituant, à cette époque, un des
plus beaux ornements de nos parterres.
Le bleuet vivace (Centaurea montana), fleurissant
de fin avril à juin, une des meilleures plantes que nous ayons pour la
décoration des plates-bandes et des rochers.
Les ancolies vivaces, peu exigeantes sur la qualité
du terrain, et dont on peut tirer un bon parti pour orner les endroits ombragés
où peu d’autres plantes réussiraient.
Le doronic du Caucase, à larges fleurs d’un jaune
foncé, de fin mars à mai, en tous terrains frais et légers.
Les pavots d’Orient et pavots à bractées,
plantes de grand effet, très méritantes pour l’ornement des plates-bandes et
des corbeilles des grands jardins, fleurissant de mai à juin et refleurissant à
l’automne, convenant dans tous les terrains sains, mais surtout calcaires.
Le lupin polyphylle, dont il existe des variétés à
fleurs bleues, roses ou blanches, disposées en épis simples de grande
dimension, atteignant plus de 50 centimètres de longueur et fort
recherchés pour les bouquets de fin mai à juillet.
Le lis blanc, d’une éclatante blancheur, dont les
fleurs coupées sont très appréciées en juin, aussi bien pour leur beauté que
pour leur odeur pénétrante.
La pivoine officinale, plante populaire s’il en fut
et néanmoins toujours précieuse pour orner les plates-bandes, composer des
corbeilles unicolores ou variées, ou pour planter dans les arbustes clairsemés.
Les pieds-d’alouette vivaces hybrides, aux coloris
nombreux et variés, dont plusieurs variétés remontent à l’automne, plantes
ornementales de premier ordre, surtout pour les grands jardins.
E. DELPLACE.
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