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Causerie médicale

Varices

Il n’est certes pas besoin d’en donner une description. Qui ne connaît ces dilatations veineuses, souvent énormes, qui rendent difformes les jambes les mieux galbées ? Toutes les veines du corps peuvent être atteintes de cette dilatation pathologique, mais c’est surtout aux jambes qu’elles prédominent, et, pendant longtemps, c’est à un phénomène purement mécanique, à la pesanteur de la colonne sanguine, qu’on a attribué leur apparition.

En effet, pour progresser de bas en haut, pour aller des extrémités au cœur, le sang doit vaincre cette pesanteur. Entre les terminaisons des artères et l’origine des veines s’interpose un immense réservoir, constitué par les capillaires, grâce auquel le sang, n’étant plus séparé des tissus qui l’entourent que par une membrane extrêmement mince, leur apporte les éléments nutritifs dont ils ont besoin et qui diffusent à travers cette membrane ; au sortir de ce réservoir capillaire qui joue un rôle considérable dans la régulation sanguine et qui peut être comparé à un lac de grande contenance, la pression est à peu près nulle. Pour progresser, le sang, aidé des contractions veineuses assez faibles, des contractions des muscles du voisinage qui compriment plus ou moins rythmiquement les canaux veineux, est aspiré dans le cœur droit, grâce aux : mouvements respiratoires ; ces conditions sont assez précaires et nécessitent, en premier lieu, l’intégrité, la tonicité suffisante des parois veineuses.

Or ces parois peuvent être anormalement faibles, et nul n’ignore l’importance de l’hérédité dans la formation de varices ; d’autre part, cette tonicité est entretenue par des hormones, c’est-à-dire par des substances élaborées par certaines glandes internes, la thyroïde et surtout l’hypophyse postérieure en l’occurrence, qui agissent à distance sur les fibres musculaires ou sur leurs terminaisons nerveuses. Un fait le prouve, presque expérimentalement : les varices de la grossesse. Elles surviennent, en effet, dans les premiers mois, à un moment où l’utérus n’a pas encore atteint un volume suffisant pour exercer une compression sur les veines pelviennes. Que s’est-il passé ? L’hormone post-hypophysaire entretient dans le muscle utérin un état permanent de tonicité et de contraction qui s’opposerait au développement de l’organe en cas de gestation s’il ne survenait pas à ce moment une hormone antagoniste, élaborée, elle, par le corps jaune de la grossesse, et, pour peu que cette dernière substance soit en excès, la tonicité des veines sera influencée à son tour. Enfin, la viscosité plus ou moins grande du sang exerce aussi son action.

Avant l’apparition des dilatations ampullaires, il existe une période « prévariqueuse » à laquelle on peut décrire trois formes et où l’on trouve toujours des déficiences glandulaires, un mauvais fonctionnement des organes abdominaux, surtout de l’intestin et du foie.

Dans une première forme, on observe souvent des œdèmes plus ou moins fugaces et étendus, avec une légère teinte bleuâtre des téguments et une sensation de refroidissement, une sensibilité plus grande à la fatigue et souvent de l’hypotension artérielle ; dans une seconde forme, les œdèmes sont remplacés par un empâtement général, avec des sensations douloureuses dans les jointures et des crampes musculaires. À un degré plus avancé, on observe des troubles dans la nutrition de la peau, qui devient sèche, écailleuse, prédisposée aux infections et aux engelures. Ces formes sont réversibles et peuvent guérir avec un traitement médical, surtout opothérapique, qui n’aura plus qu’une action palliative une fois les dilatations veineuses constituées.

Il est, je le répète, inutile de décrire la période d’état variqueux que chacun a pu constater. Parmi les complications, il faut citer la rupture d’une veine variqueuse, accident rarement grave, le moindre pansement compressif suffisant pour arrêter l’hémorragie, et l’ulcère variqueux, si tenace, qui ne guérit que par le repos ou par l’amélioration de la circulation veineuse.

Le traitement comporte en premier lieu, comme toujours, une série de mesures hygiéniques. Il faudra réduire la quantité des liquides, qu’il vaut mieux supprimer aux repas et prendre une heure, une demi-heure auparavant. Le régime alimentaire sera à base de légumes verts et de fruits, avec un peu de viande fraîche, sans abus des graisses, des farineux et des sucres ; l’alcool est nettement nocif ; le vin, pris en quantité modérée, peut être toléré. L’exercice physique modéré est indispensable ; le plus simple consiste dans la marche à cadence rapide ; un traitement de culture physique, sous la direction d’un spécialiste compétent, rendra de grands services ; après l’exercice, des ablutions fraîches sont à conseiller ; elles pourront être suivies d’un léger massage, qui, sauf dans les cas de cellulite, devra être très doux ; il en est de même des frictions.

Quant au bas à varices, c’est le plus mauvais moyen à employer : au début, il serre trop et est difficile à supporter ; après quoi il se relâche et ne sert plus à rien ; mieux vaut — et ce n’est qu’un médiocre moyen palliatif — user d’une bande élastique dont on peut régler la pression.

Le traitement médical possède un grand nombre de médicaments, ce qui n’est pas toujours un gage de leur efficacité. Les uns s’adressent à l’état du sang, comme le citrate, le salicylate, le sulfate de soude à petites doses. D’autres s’adressent à la contractilité des veines, comme le marron d’Inde, le cupressus, le séneçon, le viburnum, etc. Leur action est considérablement renforcée par l’addition d’extraits opothérapiques, d’hypophyse, de thyroïde, parfois d’autres glandes. Il existe diverses spécialités commerciales fort bien dosées qui présentent ces associations.

L’excision chirurgicale des varices est indiquée surtout dans les varices localisées à un segment de membre ; elle a beaucoup cédé le pas à la méthode sclérosante, qui consiste à injecter dans la veine malade un produit qui, en causant une irritation aseptique des parois, transforme la veine en un cordon dur et imperméable, la circulation de retour étant toujours assurée par des voies collatérales.

Entre des mains exercées, cette méthode a fait ses preuves ; elle convient à la majorité des cas, et c’est au praticien de juger ceux qui y sont réfractaires.

Dr A. GOTTSCHALK.

Le Chasseur Français N°618 Février 1948 Page 41