Avec les petites collections d’entre-saisons que viennent de
nous montrer les grands couturiers, la mode un peu déroutante de l’automne
semble s’être stabilisée.
Pour tout dire, elle est tout simplement ravissante et
infiniment féminine. Faisons le point.
Pour le matin, le footing, tailleurs de tissus
fantaisie à menus carreaux de tons très éteints, très doux, en camaïeux, jupes
droites, croisées, jaquettes classiques, mais à basques très galbées, ornées de
poches assez importantes dont les revers souvent accentuent encore le
galbe ; dans la jaquette, blouse chemisier en jersey ou pull de tricot fin
de ton assorti ou opposé ; sur le tailleur, de grands manteaux longs,
amples, manches raglan ou kimono, ou des redingotes sport, genre vareuses
prolongées, à martingale, en velours de laine, en épais lainage duveteux, en
velours côtelé employé en travers.
La petite robe, si chérie de toutes les femmes, est en
lainage fin, en drap, en jersey, en jersey angora, le plus souvent de couleur
grise, beige, gold, brune, bleu acier ou vert-mousse, lichen ou chocolat ;
très simple, le corsage est strict, col montant, manches « kimono »,
très ajusté par des pinces marquant bien la poitrine ; la taille est très
guêpée, maintenue par la fameuse « guêpière » de Marcel Rochas, sœur
très lointaine du corset de nos mères, car elle est d’une souplesse exquise, ou
le « balconnet » de Carven, soutien-gorge à basque, tous deux
exécutés ou conçus par la grande corsetière en vogue Marie-Rose Lebigot. La
jupe de la petite robe est très ample, en forme, en tranches, en panneaux
plissés, prenant naissance à la ceinture ou sous le galbe des hanches, là où
aboutit le buste « Princesse ».
La longueur adoptée pour ces toilettes varie entre 30
et 35 centimètres de terre, selon le couturier et selon le goût et la
silhouette de la cliente !
Pour l’après-midi, la robe de lainage noire est construite
sur les mêmes bases, le plissé soleil pour la jupe entière ou par panneaux
étant très employé, ainsi que les mélanges de tissus mats et brillants ; à
l’endroit où le plissé « prend le départ », à la taille ou sous les
hanches, il est employé à plat marqué, mais tendu, afin de
n’apporter aucun empâtement à la silhouette.
Je ne sais rien de plus charmant que les ensembles
d’après-midi, souvent garnis de fourrure plate, astrakan, loutre ou
castor ; ils se composent d’une jaquette fermée haut, moulante, à courte
basque ondulante en fourrure sur une jupe « corolle » très mouvante,
très souple ; une femme vraiment élégante porte un tel ensemble légèrement
plus long que les ensembles trotteurs, au minimum à 30 centimètres du
sol ; 25 ou 28 sont le fin du fin de l’élégance !
Dans le manteau noir, la robe de satin de couleur,
très « en main » et très brillant, a enlevé tous les suffrages ;
elle se porte assez claire de tous les gris, de tous les blonds, gold ou cuivre
rouge, flamme, rouge ancien ou étrusque ... Le corsage est très simple, à
manches mi-longues drapées sur le bras à la façon de manches qu’on aurait
volontairement relevées ; il est croisé genre chemisier, ou montant, ou
présente un décolleté légèrement drapé ; l’ample jupe est ceinturée de
vernis noir.
Pour le soir, outre le tailleur de minuit, toujours pratique
et d’une élégance sûre, avec lequel on peut varier la blouse à l’infini et qui
peut être aussi bien en lainage qu’en soie épaisse et mate, toutes les robes
actuelles comportent un mobile boléro ou une jaquette à courte basque qui cache
ou découvre à volonté un copieux décolleté sans bretelles. Quant aux robes à
danser, modérément décolletées, à manches ou mancherons courts, elles sont
uniformément arrêtées à la cheville et follement amples, tourbillonnantes,
qu’elles soient en tulle, en soie ou en mousseline.
G.-P. de ROUVILLE.
|