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Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

À propos du crabe chinois.
Quand la neige tombe.
Un vernis à devons et cuillères.

À propos du crabe chinois.

— J’ai reçu une abondante correspondance relative au crabe chinais. Un lecteur du Nord nous signale en avoir vu, dans une mare isolée presque desséchée, en train d’attaquer des tanches et suppose que l’introduction de ces crabes peut être imputée aux canards sauvages.

Un autre correspondant, officier des troupes coloniales en retraite, nous signale que, sûr le fleuve Pei-Ho, près de Tien-Tsin, le crabe chinois empêchait, tout comme dans nos rivières de Flandre, toute pêche à la ligne et donne un excellent tuyau pour se débarrasser de ces gêneurs. Cela consiste à placer, près du coup, un tambour balance bien appâté de tripaille pour attirer les crabes, qui ne s’occuperont plus alors de dévorer les esches de l’astucieux pêcheur voisin, lequel, toutes les demi-heures, récupérera les crabes.

Je demande à mon aimable correspondant de me donner quelques indications plus précises sur son tambour balance.

Toujours est-il que, d’après lui, et accommodé à la chinoise, le crabe chinois est excellent ; j’en profite : pour lui en demander la recette, que nous publierons bien volontiers.

DE LAPRADE.

Quand la neige tombe.

— Voici une confirmation de l’article paru dans Le Chasseur Français d’août-septembre sous la signature de P. Carrère. J’avais une quinzaine d’années, en 1922, et je pêchais à la mouche noyée, dans la Gartempe, non loin de Guéret. Le grand vent d’ouest, que connaissent bien les Creusois, peignait sauvagement fougères et genêts. De gros nuages gris couraient, semblant se poursuivre. Ma mouche était portée sur l’eau, où j’avais grand’peine à la maintenir, la pointe du scion rasant le flot. Je pêchais depuis 9 heures et j’avais, ô temps béni, une douzaine de belles truites quand, à 11 heures, le vent tomba. Aussitôt les nuages crevèrent. Quel déluge ! Enragé que j’étais, je continuai à pêcher. J’allais d’un coup à l’autre, me jurant que c’était le dernier, pataugeant, enfonçant dans les « mollards », et ça mordait. Les décrochages se faisaient plus rares, les montées étant plus franches. L’eau se salit franchement, au bout d’une heure et demie. J’abandonnai et rejoignis mon vélo pour rentrer au plus vite à la maison. J’emportai une trentaine de truites, quatre à la livre.

Et voici mieux, ou plutôt plus extraordinaire :

Cette année, au printemps, pêchant à quatre mouches dans la Truyère, près du Malzieu, j’ai pris cinq truites en vingt minutes, sous une tempête de neige épouvantable, alors que je fouettais presque en vain depuis deux heures. Les truites montaient franchement en bout de courant dans 40 centimètres d’eau. J’ai rencontré ce jour-là d’autres pêcheurs qui me dirent en avoir pris aussi au même moment.

J’ai, depuis longtemps, renoncé à expliquer la bonne pêche ou la guigne par les conditions atmosphériques : vent, pression barométrique, pluie, etc.

Je voudrais terminer ces réflexions par deux remarques personnelles :

1° Les truites ne mouchent pas ou plutôt mouchent beaucoup moins qu’il y a une quinzaine d’années, tout au moins en Truyère (leur nombre ne semble pas avoir diminué et leur poids moyen s’est sensiblement amélioré, grâce à l’interdiction de la pêche au filet) ;

2° Quoiqu’en pensent certains as de la pêche à la mouche, la forme, la nuance du corps me paraissent indifférentes pour réussir. La plume grise me semble, par contre, essentielle ainsi que la grosseur de l’hameçon : eau forte, mouche forte ; eau claire, petite mouche. Qu’en pensent mes confrères pêcheurs ?

R. BALLUSSAUD, abonné.

Un vernis à devons et cuillères.

— Voici une excellente recette : capturez, par un jour bien ensoleillé, une trentaine d’ablettes, écaillez-les et recevez les écailles dans un verre de montre ou un godet et triturez-les pendant au moins une demi-heure avec un peu de vaseline, puis, sur la pâte ainsi formée, versez de la benzine et triturez à nouveau pendant une demi-heure à une heure, en rajoutant de la benzine, si cela est nécessaire, puis laissez évaporer spontanément la benzine. La pâte ainsi obtenue, mélangez-la à 30 grammes de vernis copal (le vernis, dit à « train » est excellent), vous obtiendrez ainsi une essence « façon » Orient avec laquelle vous vernirez les vairons artificiels ou les cuillères. Cette essence d’Orient leur donnera une teinte nacrée irrésistible pour truites et brochets.

Le Chasseur Français N°619 Avril 1948 Page 67