Bien souvent nous rencontrons, isolées dans un jardinet sous
bois ou en pleine campagne, sur les coteaux ou dans les vallées, de modestes
demeures dont l’aspect est inspiré des expositions exotiques.
Les anciennes maisons étaient plus simples et sans prétention,
bien comprises et commodes pour les circonstances du temps, elles
s’harmonisaient avec le milieu.
Il ne faut pas s’inspirer de la mode, mais de quelques bons
principes assez sages pour garder du vieux genre tout ce qui peut l’être et
s’inspirer même de ce que l’on ne peut reproduire pour chercher à en conserver
les avantages sous une forme adaptée à la vie actuelle.
Considérons les reproches que l’on adresse aux anciennes
bâtisses.
On blâme leurs positions. On voudrait les voir s’étaler
vaniteusement sur rue. Or ces vieilles maisons sont nichées un peu partout,
hors de la grande rue, là où l’on espérait vivre paisiblement, à portée des
éléments de sa profession.
La manière dont la maison était tournée semble indiquer que
le constructeur aimait à l’orienter pour ne présenter qu’un mur plein ou un
pignon résistant aux intempéries de l’ouest ou du nord.
En partie pour ce motif, en partie pour être mieux chez soi,
il plaçait son habitation pignon au chemin et la porte d’entrée faisant face au
jardin.
De cette façon, la maison présentait très avantageusement sa
façade au passant. L’entrée pratiquée dans la clôture était fermée par une
porte à claire-voie.
Quand la situation s’y prêtait, on ménageait à la
maisonnette bâtie face au chemin une petite avant-cour ; alors on situait
l’habitation à l’ombre d’un bel arbre, on garnissait la muraille d’une vigne,
d’une clématite, d’un rosier grimpant, on remplissait la cour de fleurs, et le
bâtiment faisait corps avec le paysage.
L’ensemble était caractéristique lorsqu’elles étaient bâties
en pierre du pays, couvertes en chaume, qui s’allie si bien avec la verdure, et
tenues assez basses.
Les habitants avaient de bonnes raisons de ne pas élever
davantage leurs demeures, et la première était probablement de les tenir en
rapport avec leurs ressources. Mais ils les mettaient aussi à l’abri des
bourrasques. En s’étendant en superficie, ils avaient, à cube égal, une salle
spacieuse relativement basse.
Il leur fallait une chambre à coucher en moins parce que
c’était un usage général, même chez les bourgeois, d’avoir une alcôve dans la
cuisine.
Le comble pouvait se convertir en mansarde à coucher parce
que les toits en chaume étaient frais en été et chauds en hiver.
Aussi retrouvons-nous ce système de maisons à étage dans les
régions de l’Angleterre où le chaume est encore employé.
De nos jours, la maison villageoise doit présenter un plan
simple, de séjour agréable et de minime entretien.
Le type proposé pour un ménage de deux personnes occupe une
surface réduite de 43 mètres et ne comprend qu’un rez-de-chaussée de deux
pièces, cuisine, entrée et privé. Il n’est pas prévu de cave. Une trappe peut
accéder au comble.
Un bon soubassement en pierre du pays supporte un sol en
béton armé coulé à coffrage perdu sur murets intermédiaires situés à l’aplomb
des cloisons.
Murs en briques de 0m,25 ou en parpaings de
mâchefer à dosage normal. Extérieur en mouchetis légèrement teinté, intérieur
et plafonds enduits en plâtre. Charpente sapin. Couverture en tuiles.
En résumé, construction traditionnelle suivant les
possibilités locales, le préfabriqué ne pouvant, actuellement, qu’alimenter la
reconstruction en série.
M. DELAFOSSE,
Architecte.
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