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Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Échos de partout

Un beau doublé.
La chasse en Rhénanie.
Sangliers.
Le doyen des chasseurs.
Exploits de Lannionnais.
La perdrix, le doryphore et l'arséniate.
Le gibier et sa protection.
Grand duc et chouette.
Destructions de nuisibles.
Passages de geais.
Chasse au merlu.
La pie bavarde.
Bibliographie.
Buse contre lièvre.
Bécasse chirurgien.

Un beau doublé.

— M. Vacqué Edward, propriétaire à Gaumont-sur-Garonne (Lot-et-Garonne), a, le 24 octobre, eu l’adresse et la chance de tuer trois grues cendrées d’un coup de fusil et une quatrième au second coup et à l’envol. Ce tableau de chasse a été fait sur un groupe de cinq qui venait de se poser.

Envergure moyenne des quatre grues mortes : 2m,14 ; poids moyen : 4kg,800.

Pierre BERRET, abonné.

La chasse en Rhénanie.

— Si, aux environs de Coblence, on entend peu de cailles dans le courant de l’été, les chasseurs qui ont assez de cartouches pour parcourir la plaine en ont tué quelques-unes pendant le mois d’octobre, ce qui est surprenant pour ce pays plus froid que le nôtre. J’en ai tué deux le 12, un camarade une le 26 et un autre, M. Lavouira, une le jour de la Toussaint. Ce n’est pas l’excès d’embonpoint qui a pu empêcher ces oiseaux de partir.

En Rhénanie, le grand tétras n’existe pas comme en Forêt-Noire. Je n’y ai jamais rencontré le tétras-lyre, qui, paraît-il, se fait de plus en plus rare. Mais j’ai vu deux gelinottes sans pouvoir les tirer.

Un oiseau m’a intrigué. Ressemblant exactement au merle à plastron, mais n’ayant pas le vol du merle, il était sur un rocher au milieu d’une rivière à truites, faisait des révérences en battant des ailes, puis allait se poser 100 mètres plus loin, où il recommençait. Son vol ressemble à celui du martin-pêcheur.

Je n’ai jamais vu de mouflons ni de chats sauvages, mais j’ai, il y a deux ans, tué un daim sans queue. Il paraît que cette espèce était élevée près de Wiesbaden. C’est le seul spécimen aperçu aux environs de Coblence. Les sangliers abondent, les chevreuils sont encore nombreux, les cerfs paraissent être en diminution.

Les chasses au bois sont conduites par les forestiers allemands, à la tenue pittoresque, aidés par des traqueurs du pays et des chiens de diverses espèces : teckels à poil court, long et dur ; kurz-haar et surtout draat-haar, dont on a dit trop de mal, à mon avis.

PASQUIER.

Sangliers.

— M. H. Willems, cultivateur à Haverskerque (Nord), avait constaté de fréquents et récents dégâts causés dans ses propriétés par des sangliers en bordure de la forêt de Nieppe. De concert avec le garde-chasse communal, A. M ..., un chasseur voisin, L. D ..., et moi-même, nous résolûmes de mettra fin à ces déprédations. Dans la nuit du 25 octobre dernier, par un brillant clair de lune et un vent froid mais favorable, nous nous mîmes à l’affût, bien décidés. Après trois heures d’attente, quelle ne fut pas notre chance et notre satisfaction d’abattre un énorme sanglier. Par une première balle du garde, bien placée, la bête roula dans le fossé, en bordure du champ de betteraves, objet de la visite des sangliers, puis, avec un esprit de décision et un sang-froid remarquables, le garde s’élança immédiatement vers l’animal, qui, blessé, eût pu être dangereux, et, à quelques mètres, d’une décharge en pleine poitrine, foudroya l’animal, qui passa de vie à trépas dans l’espace de quelques minutes. Cela avait été très rapide. La prise était, en effet, de taille. Ramené au village après bien des efforts, ce solitaire au gabarit imposant et à la hure monstrueuse accusa, et ceci devant une dizaine de témoins, le poids respectable de 171 kilogrammes saigné. L’animal mesurait 2 mètres du grouin à la naissance de la queue et plus de 1m,50 de tour derrière les pattes de devant. Les défenses atteignaient 7 centimètres, et l’un des grès de la mâchoire supérieure cassé d’ancienne date. Pareil poids est-il souvent atteint ? Et quel âge peut avoir l’animal ? Abonné depuis 1924 au Chasseur Français, j’ai rarement trouvé dans les colonnes du journal faits relatant un pareil poids.

G. D ..., instituteur.

Le doyen des chasseurs.

— M. Daynac, dont un de nos lecteurs signalait le cas dans le Chasseur Français d’août dernier, a plusieurs concurrents au titre de doyen.

M. Servais nous signale, en effet, que son compatriote M. Deniel François, né le 8 juin 1860, a pris encore son permis pour 1947-1948 à la préfecture du Finistère. M. Deniel ne craint aucun jeune chasseur pour lever, tirer et suivre lièvres et lapins ; c’est lui qui a tué le dernier loup de sa région.

M. Vallée, d’Évreux, nous informe, d’autre part, que M. Frichot, à quatre-vingt-sept ans passés, assiste encore à toutes les battues de destruction et fait, ces jours-là, 15 ou 20 kilomètres à pied sans en paraître incommodé. En octobre dernier, il tirait encore, sans lunettes, un lièvre en plein travers, à 40 mètres, et le tuait proprement.

Exploits de Lannionnais.

— Me Bagot, avoué, se promenant en costume de bain sur les rochers de Trébeurden, aperçut une oie sauvage se débattant sur l’eau. Il se jeta à la mer et, après un court combat, parvint à s’en emparer et la ramena sur le rivage. Il s’agit d’une oie sauvage de 8 livres et demie.

M. L. Demailly a tué en plein vol une buse de 1m,30 d’envergure. Ce carnassier a été abattu alors qu’il livrait combat à un pigeon ramier.

(Communiqué par M. A. CORBEL, de Biscarosse.)

La perdrix, le doryphore et l’arséniate.

— « Ce n’est pas une fable à la manière de La Fontaine, mais un drame moderne », nous écrit M. Baudot, de Callac, qui s’élève contre l’emploi de l’arséniate dans la lutte contre les doryphores et signale que, contrairement aux rubriques scientifiques qui affirment qu’une perdrix ne succombe pas à l’absorption de doryphores empoisonnés par eux-mêmes que si elle en absorbe de 700 à 800, un ou deux doryphores suffisent à entraîner la mort d’une perdrix.

Et M. Baudot demande que l’on utilise le parc national de Chambord pour de nouvelles expériences, afin de convaincre les pouvoirs publics, qui demandent des preuves.

Le gibier et sa protection.

— « Tous les chasseurs se plaignent de la raréfaction du gibier. On se plaint, mais on n’agit pas », nous écrit M. Bellanger, garde-chasse au Croisic.

Les causes de cette disparition sont, selon M. Berry, de Preuilly-sur-Claise, la divagation des chiens de chasse et même de berger, le braconnage, l’emploi de poisons dans la protection des récoltes et surtout les ravages causés par les animaux nuisibles, que beaucoup de chasseurs ne détruisent plus, préférant, étant données la rareté et la cherté des cartouches, le gibier comestible.

M. Branche, de Troyes, souhaiterait que la destruction des animaux nuisibles : renards, buses, éperviers, corbeaux, pies, soit autorisée après la fermeture générale, jusqu’à la fermeture de la chasse au gibier d’eau.

M. Bellanger suggère quelques moyens de protection du gibier, moyens dont la mise en application serait confiée à l’administration des Eaux et Forêts, qui donnerait ses directives aux sociétés de chasse : battues et pièges contre les nuisibles, réserves où pourrait se multiplier le gibier, etc.

Grand duc et chouette.

— Un garde avait capturé un grand duc et le logeait dans un grenier. Ce grenier ne possédait que de petites ouvertures ne pouvant livrer passage à un animal de la taille du grand duc.

Souvent, en portant au grand duc sa pitance, le garde avait aperçu une chouette, qui s’enfuyait à son approche. Un jour, la chouette manqua l’orifice de sortie, et le garde la tua d’un coup de bâton et la laissa en nourriture à son rapace.

Quinze jours se sont écoulés depuis que la chouette est morte, et son cadavre est toujours intact, alors que le chat-huant se jette sur ceux de ses congénères que le garde lui apporte pour nourriture. Je crois que le grand duc préférerait mourir de faim plutôt que de toucher à celle qui fut la compagne de sa solitude et de sa captivité.

E. RENAUDIER (Alès).

Destructions de nuisibles.

— La Fédération des chasseurs du Lot-et-Garonne nous communique le tableau ci-dessous, dont l’éloquence dispense de tout commentaire :

Sangliers : 75. — Bêtes puantes : renards, 2.063 ; blaireaux, 2.454 ; belettes, 256 ; fouines, 195 ; putois, 465. — Oiseaux nuisibles : faucons, 341 ; buses, 829 ; éperviers, 491 ; pies, geais, corbeaux, 58.284. Oisillons divers : 6.886 ; œufs : 8.544. Au total : 5.508 puants et 75.034 oiseaux nuisibles. Il a été utilisé 2.455 kilos de chloropicrine.

Un concours de destruction d’animaux nuisibles, organisé récemment par le Saint-Hubert Club Nivernais, a donné les résultats suivants : 8 blaireaux, 464 rapaces, 6 chats sauvages, 57 renards, 51 chats haret, 41 putois, 6 martres, 129 belettes, 468 pies, 598 corbeaux, 132 geais, 300 écureuils. En tout, 2.260 animaux tués par les 35 chasseurs participant au concours, soit une moyenne de 65 unités par chasseur.

Passages de geais.

— Dans l’Est, la dernière semaine d’avril a vu repasser les geais. Les vols s’effectuant en plein jour et à portée de fusil, cette migration est bien, entre toutes, la plus facile à observer. Ces retours, qui s’échelonnent autour du 1er mai, forment l’arrière-garde de tous nos migrateurs terrestres.

En cette même fin d’avril, les geais passaient, alors que déjà de jeunes grives voletaient dans les sous-bois.

G. B ..., Essarois (Côte-d’Or).

Fin septembre 1947, et pendant plusieurs jours de suite, vers 16 heures, j’ai remarqué des passages de geais, volant bas et paraissant fatigués, mais sans toutefois se poser. J’ai eu l’occasion d’en tirer et d’en tuer plusieurs ; contrairement à ce qui vous a été signalé, ils étaient parfaitement normaux.

P. PAILLER, Stains (Seine).

Chasse au merlu.

— M. Clergeau, de Saint-Palais-sur-Mer, nous signale un singulier coup de fusil d’un de ses compatriotes, M. Veillaud.

Alors que celui-ci rentrait bredouille, suivant la grève, son setter se mit à l’arrêt au bord d’une flaque ; des gerbes d’eau jaillissantes indiquaient la présence d’un animal assez gros. M. Veillaud tira et tua un superbe merlu, ou colin, de 18 à 20 livres.

La présence de ce poisson, que l’on ne pêche qu’au large et à de certaines profondeurs, méritait d’être signalée.

La pie bavarde.

— Ce n’est pas un personnage de Rossini, non : ce curieux phénomène existe réellement et nous est signalé par M. F. Dubois, de Payssac (Lot).

Cette pie dit en effet : « Papa », « Maman », « Bonjour, Margot », « Bonne nuit », « Merci ». Elle rit aux éclats quand son interlocuteur en fait autant, fourrant comiquement la tête entre ses pattes !

Bibliographie.

— Chasses en Gascogne, Corbières et autres lieux.

Notre collaborateur M. Jean Castaing, cynophile très averti, est en même temps un chasseur passionné ayant une très haute conception de ce noble sport. Ses souvenirs de chasse, qu’il vient de réunir dans un bel ouvrage illustré par Riab, sont extrêmement agréables à lire, car l’auteur revit intensément son passé et sait le rendre vivant au lecteur. (Aux nouvelles éditions de la Toison d’Or, 107, rue du Cherche-Midi, Paris, VIe.)

— En chassant ici et là, par Jean de WITT.

Les lecteurs du Chasseur Français connaissent bien M. de Witt, dont ils apprécient vivement les chroniques ; l’auteur nous emmène avec lui vers ses lieux de chasse de prédilection et notamment vers sa Brière favorite. Il ajoute en passant quelques considérations générales sur la chasse et des conseils dont beaucoup de chasseurs peuvent faire leur profit. Son ouvrage est magnifiquement illustré par M. le Dr Oberthur. (Durel, éditeur, 160, boulevard Haussmann, Paris, VIIIe.)

Buse contre lièvre.

— Facteur des P. T. T., j’avais remarqué, tous les matins de la semaine, une buse perchée sur un chêne à 30 mètres environ de la route ; intrigué par la persistance de cette habitude, je m’arrêtai un jour plus longuement pour observer son manège. Au bout de quelques minutes, l’oiseau s’envola, fit un piqué et, au ras du sol, se dirigea vers un point grisâtre au milieu de la prairie. Au moment où le rapace détendait ses serres pour saisir sa proie, celle-ci fit un bond de 3 mètres ; la buse, ayant raté son coup, s’éloigna. Je m’aperçus alors que le gibier convoité était un beau lièvre, qui, fait curieux, quelques instants après le passage de la buse, regagnait son gîte d’un nouveau bond. Il est probable que ce bizarre manège se reproduisait depuis plusieurs jours déjà ; mais le lièvre me paraît une bien grosse proie pour une buse.

MENURET, facteur, Aigurande (Indre).

Bécasse Chirurgien.

— Un abonné des Hautes-Pyrénées, M. H. Débats, nous conte qu’il blessa un jour à la patte une bécasse et ne put l’atteindre, celle-ci s’étant réfugiée sur l’autre rive de l’Adour, alors légèrement en crue.

À quelques jours de là, chassant dans les mêmes parages, M. Débats tira et tua une bécasse. L’examinant attentivement, il découvrit qu’elle avait eu récemment la cuisse fracturée par un plomb et portait, enroulée autour de la blessure, une herbe semi-aquatique rendue coriace par la coagulation du sang, et qui avait contribué puissamment à sa guérison, alors en bonne voie.

Le Chasseur Français N°622 Octobre 1948 Page 203