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Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Échos de partout

Bibliographie.
Garde contre garde.
La musique adoucit les mœurs.
Ces mignonnes petites bêtes.
Un coup de fusil bizarre.
Renard sauvé par sa proie.
Disparition du merle.
Coups doubles.
L'urus existe-t-il encore ?
Chasse à la caille.
Une caille qui nage.

Bibliographie.

— Balistique cynégétique, par PIAUT-BEAUREVOIR et MARCHAND.

Notre éminent collaborateur M. MARCHAND a repris l’ouvrage de M. PIAUT-BEAUREVOIR et l’a modernisé, en le complétant par les dernières données de la technique moderne. Tout ce qu’un chasseur doit connaître est magistralement traité dans cet ouvrage : fabrication et fonctionnement des fusils, qualités à rechercher dans une bonne arme de chasse ; utilisation rationnelle du fusil de chasse, en fonction des aptitudes naturelles du chasseur et des circonstances du tir ; composition, effets des poudres de chasse, les différentes charges, effets des plombs, tir à balle et à chevrotines ; problèmes de visée, influences diverses pouvant agir sur la charge et la portée, corrections de pointage, causes diverses d’insuccès et moyens d’y remédier ; entretien des armes de chasse, remèdes et procédés divers pour leur remise en état. Ouvrage abondamment illustré et bien présenté sous reliure cartonnée. (À Manufrance, Saint-Étienne. Net : 205 fr. ; franco : 240 fr.)

— La Chasse et le Droit, par Me Paul COLIN.

La signature de Me Paul COLIN, avocat à la Cour d’appel de Paris, est très familière à nos lecteurs, et ses avis juridiques font autorité pour tout ce qui concerne la chasse. Le nouveau manuel juridique de Me Paul COLIN est à jour des dernières réglementations touchant le droit de chasse, et des modèles de procès-verbaux, de statuts de sociétés de chasse, complètent heureusement son étude détaillée et pratique des textes qui régissent la chasse. (À Manufrance, Saint-Étienne. Net : 760 fr. ; franco : 810 fr.)

Garde contre garde.

— Le Tribunal correctionnel d’Avignon a mis fin au conflit opposant deux gardes-chasses assermentés s’accusant mutuellement de braconnage.

M. H ..., garde-chasse au service de trois propriétaires de Villeneuve-lès-Avignon, a été surpris par M. M ..., garde-chasse de la Société de chasse de Villeneuve, qui lui dressa procès-verbal. M. H ... dressa lui aussi procès-verbal à M. M ... en lui imputant la pose de pièges.

Le Tribunal a acquitté les deux gardes-chasses au bénéfice du doute.

La Société de Chasse de Villeneuve, partie civile au procès, a été déboutée et condamnée aux dépens.

La musique adoucit les mœurs.

— M. Duval, de Saint-Lô, nous relate la triste histoire que voici, dans laquelle le héros paya de sa vie son patriotisme ... ou sa curiosité.

« Le 6 juin à 16 heures, le président de la République avait pris la parole devant le monument de la Madeleine, à Sainte-Marie-du-Mont, quand un lièvre déboucha sur la route, s’arrêta un moment, tout honteux sans doute d’arriver en retard à cette cérémonie, et, pour n’en rien perdre, se faufila dans les jambes d’un gendarme qui rompit son garde à vous impeccable pour lui allonger un beau coup de pied au derrière. Vexé, mais décidé, notre lièvre, avisant le monument, pensa qu’il y serait parfaitement à l’aise pour voir et entendre, il se précipita donc sur les marches, mais fut arrêté dans son ascension par un violent coup de trompette que lui asséna un musicien des équipages de la flotte. Le lièvre passa de vie à trépas, sans même avoir eu le temps d’implorer sa grâce au président de la République. »

Ces mignonnes petites bêtes.

— Quoi de plus gracieux et surtout de plus inoffensif qu’un écureuil ? M. Payet, de Bourges, ne partage cependant pas cette opinion si répandue, et il nous signale le fait suivant :

« Ayant capturé un écureuil adulte, je l’avais mis dans ma volière, où il faisait bon ménage avec la poule et les deux pigeons que je possède. Un jour, un voisin me confia une jeune perdrix, que je mis également dans la volière ; peu d’instants après, je vis l’écureuil prendre la perdrix dans ses pattes de devant ; je crus à un jeu, mais mon écureuil la serra proprement au cou, comme pour la saigner, et, peu de temps après, la perdrix mourait.

Un coup de fusil bizarre.

— Au poste à la croule, début mars, deux dames au long bec m’arrivèrent en flèche et effectuèrent un magnifique plongeon au-dessus de ma tête. Surpris autant qu’impressionné, je tirai au coup d’épaule ; un nuage de plumes me fit craindre de ne retrouver qu’un oiseau en bouillie. Grande fut ma surprise de voir une bécasse tomber comme déséquilibrée, puis rester accrochée à une branche de noisetier, ceci accompagné de multiples cris. Finalement, une secousse imprimée à la branche fit choir la dame. Tiré de très près, le coup avait fait balle et emporté la moitié avant de toutes les grandes plumes de l’aile gauche. Mangée comme il se doit après un délai normal, j’ai pu vérifier que nul plomb n’avait effleuré l’oiseau. Quant à l’autre, mystérieuse, elle continua son plongeon et me passa littéralement sous le nez. À noter que j’ai constaté cette année, dans la première dizaine de mars, un passage assez régulier et souvent deux oiseaux ensemble.

Robert MEUNIER, Marcilly-sur-Seine.

Renard sauvé par sa proie.

— Cette histoire authentique, digne de figurer dans le Roman de Renart, nous est contée par M. Gabelle, de Brehec-Plouaa.

« Constatant fréquemment la disparition de poules, un fermier résolut de poser des pièges pour prendre l’audacieux voleur. Renard, ponctuel, arriva à son heure habituelle et sans rencontrer de piège sur son passage ; connaisseur, il choisit la plus grosse poule et prenait le chemin du retour, emportant son fardeau, lorsque les mâchoires d’un piège ravirent à celles de Renard leur proie. Aux cris de la malheureuse poule, le fermier accourut, trop tard, cependant ; Renard était déjà loin, bredouille, mécontent, sans se douter qu’il devait au contraire bénir le sort qui ne le privait que d’un repas et lui laissait la vie sauve. »

Disparition du merle.

— Dans mon canton de Rumilly (Haute-Savoie), le merle ne disparaît pas. Ce printemps, j’ai vu de très nombreux nids de merles simplement en traversant les bois. Cet oiseau se plaît à certaines haies, à une cinquantaine de mètres de mon habitation ; je lève chaque fois dans une haie de saules, d’épines et d’acacias, une huitaine de merles. Dans mon village, les chasseurs (4 pour 200 habitants) s’estimeraient déshonorés s’ils tuaient un merle. Il en est ainsi dans la plupart des communes.

Les ennemis du merle : pies, vipères, et aussi les gamins qui en prennent un ou deux l’hiver, n’empêchent pas le merle, protégé par les cultivateurs, de se multiplier.

Un abonné.

Coups doubles.

— Dans votre numéro de juin-juillet, vous signalez un coup double réalisé en Gironde sur deux bécasses.

Vieil abonné du Chasseur Français, voici, dans ce genre et au cours d’une longue carrière, ce que j’ai réalisé.

Coup double sur deux cailles.

Trois bécassines tuées en Indochine, et, l’an dernier, quatre perdreaux, le jour de l’ouverture.

Le tout au vol, naturellement, et d’un seul coup de fusil.

Je crois que ces coups heureux méritaient d’être signalés.

C. CANCELLIER (Bastia).

L’urus existe-t-il encore ?

— L’urus, qu’il ne faut confondre ni avec le bison d’Europe, ni avec l’auroch, était un grand bovidé aux cornes immenses, probablement blanc, dont les troupeaux couvraient la plupart des pacages de l’Europe quaternaire.

Nos lointains ancêtres ont dû le considérer comme un gibier de choix. En tout cas, son type a inspiré bien des artistes de l’âge de pierre.

Ce bel animal, une des souches de nos races de bœufs domestiques, existait encore en assez grand nombre jusqu’à une époque relativement récente ; Jules César, lors de sa campagne de Germanie, le mentionne d’ailleurs sur ses tablettes.

On le donnait généralement comme disparu depuis longtemps ; or il paraîtrait n’en être rien ; en effet, avant 1939, un troupeau d’une trentaine de têtes, ayant tous les caractères de l’urus primitif, vivait encore en Angleterre (Northumberland).

Un écho, paru dans un journal britannique, nous annonce que ce troupeau, réduit à treize unités (5 taureaux et 8 vaches) par le triste hiver de 1947, se serait accru récemment d’une tête : un veau né au début d’août.

Des lecteurs du Chasseur Français pourraient-ils me dire s’il existe d’autres exemples de survivance soit d’urus, soit d’auroch, soit de bison d’Europe ?

Paul CHEVILLARD, abonné.

Chasse à la caille.

— Au Maroc, cette année, la chasse à la caille de printemps avait été prolongée jusqu’au lundi de Pâques ; mais, à cette époque, le passage était à peine commencé. Plus tard, dans le courant de mai, notamment certain jour, il a été ramassé de nombreux oiseaux tués ou blessés par la rencontre de fils télégraphiques ou de murailles. Ce n’est pas la première fois que le fait se produit. La même chose se passe avec les phares.

Dans le département de Constantine, aussi grand dans le territoire du Nord que les dix plus grands départements de France réunis et qui compte 18.000 chasseurs réguliers, l’arrêté préfectoral a autorisé la chasse à la caille d’été du 18 juillet au 8 août dans une zone, du 1er au 22 août dans l’autre, ainsi que le transport, le colportage, la vente et l’achat du gibier de passage dans tout le département pendant la période du 18 juillet au 22 août 1948.

En vue de protéger le gibier sédentaire, qui ne peut commencer à être chassé que dans la deuxième quinzaine de septembre, les chasseurs ont été tenus de se prêter à la visite de leurs carniers et des véhicules par tous les agents chargés de la surveillance de la chasse.

J. BONNET.

Une caille qui nage.

— Le 18 avril 1945, vers 14 heures, je me promenais à cheval le long de l’oued (rivière) Djelfa, en compagnie des lieutenants B ... et C ..., lorsque la chienne du premier arrêta une caille en bordure de l’oued. La caille prit son vol, longea la rivière, puis s’y laissa tomber. Je la croyais noyée.

À mon étonnement et à celui de mes compagnons, elle ne parut nullement incommodée, mais se mit à nager rapidement vers la berge. Celle-ci étant trop haute, la caille revint légèrement en arrière, prit son vol et partit dans les champs.

À aucun moment la caille ne sembla gênée par son contact avec l’eau. Pourquoi y entra-t-elle ? Est-ce parce qu’elle vit subitement deux pêcheurs, qui jusqu’alors lui étaient cachés par les arbres, à l’endroit où elle allait se poser ?

Est-ce que les cailles sont coutumières du fait ? J’en doute pour ma part, mais j’ai appris par cette caille qu’elle, comme probablement ses congénères, n’hésite pas à imiter les poules d’eau, en cas de besoin.

SAINT-LIZIER.

Le Chasseur Français N°623 Décembre 1948 Page 252