Les Chiens au théâtre.
— Il n’est pas du tout rare de voir sur la scène des
chiens figurants et même, vu les progrès du dressage, des toutous pouvant être
dits acteurs, sans exagération aucune.
Il doit être beaucoup plus rare de voir figurer dans un opéra
toute une meute, et une meute de premier choix puisque impériale, de
super-choix même, puisqu’en furent sélectionnés, pour remplir ce rôle, les
meilleurs sujets.
C’était vers 1900 ; l’Opéra de Vienne donnait Tannhauser,
certains dilettantes — et connaisseurs de chiens — de l’entourage de
l’empereur firent observer au souverain que les chiens de chasse qui figuraient
au premier acte étaient sans race et tout à fait indignes de l’œuvre de Wagner,
comme de la scène du grand théâtre lyrique national.
Et François-Joseph donna l’ordre à son grand veneur de
mettre sa meute à la disposition de la direction de l’Opéra.
Un tri des meilleurs sujets fut opéré, ils furent expédiés à
Vienne et ils participèrent aux répétitions jusqu’au moment où ils furent
parfaitement accoutumés à paraître sur les planches.
Leur succès fut complet, et les spectateurs viennois
applaudirent frénétiquement à cette collaboration impériale et canine.
L’empereur eut moins de raisons de s’en réjouir. Le
déplacement des bêtes et des piqueurs qui les accompagnaient, des centaines de
kilomètres, pour atteindre, de Moravie, où étaient les chenils des chasses
impériales, la capitale, creusa dans la cassette du souverain un trou
d’importance, et il était l’adversaire juré des dépenses futiles. Aussi, cette
collaboration fut-elle sans lendemain.
(Le Chien.)
Les field-trials savoyards de Mégève.
— Cette épreuve, la première effectuée en terre
savoyarde, a été un magnifique succés.
Le vaste terrain d’épreuve avait été reconnu et jalonné par
les chasseurs de Mégève et les organisateurs dès le début de la semaine. Le
premier concours a débuté le samedi sur les pentes du domaine de l’Alpette, les
pentes du col de Véry, les alpages du pas de Sion et des Miles.
L’épreuve de field-trials en montagne est une
curiosité : le chasseur sans arme se contente de voir son chien lever les
coqs de bruyère, marquer un arrêt et bloquer l’oiseau. Cette technique
impeccable permit d’enregistrer les arrêts d’une vingtaine de coqs, d’admirer
les résultats de dressage des concurrents. Les bêtes engagées étaient
présentées par des étrangers. Suisses et Belges, par des Français d’un peu
partout ; il y avait aussi un beau contingent de chiens savoyards.
Les trente bêtes et leurs dresseurs se retrouvèrent le
dimanche à l’Alpette, dans les premières heures d’un matin ensoleillé. On
remarquait des représentants de toutes les races : setters, épagneuls,
pointers, braques, griffons. La chasse dura jusqu’à midi. Cinq heures de galop,
de steeple-chase derrière les chiens bondissant dans les taillis, les bruyères,
les rhododendrons, les pierriers, les pentes boueuses. Encore de beaux
résultats, inespérés même, puisque certains pointers quêtèrent du gibier à
poil, renards et lièvres blancs.
Cette belle manifestation ; organisée par la section
canine d’Annecy de la Société canine du Sud-Est, fut animée par tous les Mégevans.
Résultats techniques :
1er groupe : Tam de Bellosses,
pointer ; à M. Didierlaurent ; d’Annecy ; Azor de la Soleillette,
pointer, à M. Chavan (Suisse) ; Ultram de Saint-Rock, pointer,
à M. Maraschin, de Grenoble ; Tassa de Bellosses, à M. Didierlaurent,
d’Annecy.
2e groupe : Tosca des Genêts,
pointer, à M. Dussud, de Thonon ; Rick de Lemaina, pointer, à
M. Grasset ; Ulo de Comblonet, pointer, à M. Desfayer
(Suisse) ; Vit des Barrys ; épagneul breton, à M. Bonnet,
d’Andrézieux (Loire).
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