Capture rare.
— Il a été tué le samedi 30 octobre par M. Henry
Burdin, dans une hutte de marais, près de Saint-Valéry-sur-Somme, un canard
brante roussâtre mâle de toute beauté. Ce magnifique oiseau, originaire des
pays chauds, qui niche parfois dans le Midi de la France, ne remonte que très
rarement dans le Nord ; les vieux chasseurs de la baie de la Somme n’en
avaient jamais vu.
Une protestation.
— M. Debray, de Château-du-Loir, nous adresse une
vigoureuse protestation au sujet du doublé de M. Vacqué (Chasseur
Français d’octobre), qui a abattu quatre grues cendrées en deux coups de
fusil.
« Il y a des choses qui ne se font pas ; et si M. Vacqué
a droit à des compliments pour ses qualités de tireur, qu’il sache par contre
que les amis des oiseaux sont indignés d’une telle conduite. On ne tue pas
quatre grues sur un groupe de cinq comme s’il s’agissait de vulgaire gibier.
» Étant chasseur, je n’ai pas l’habitude de m’apitoyer
sur mes victimes, mais un massacre aussi inutile me répugne. Bien des amis de
la nature partagent mes opinions et je tenais à traduire leur indignation. »
Le coucou.
— M. Jean Rambaud, instituteur en retraite, cherche à
élucider certains points de l’anatomie et des mœurs du coucou commun, sur
lesquels les auteurs consultés ne sont pas d’accord. Il espère que, parmi nos
lecteurs, il se trouvera quelques ornithologues distingués pour donner une
réponse aux diverses questions énumérées ci-après :
Classification : Pourquoi classé grimpeur,
puisqu’il ne grimpe jamais, malgré la disposition de ses doigts ?
Anatomie : 1° Forme et résistance du bec ;
2° particularités du tube digestif (résistant aux piqûres des
processionnaires, et expulsant des pelotes de déjections).
Nourriture : Est-il uniquement
insectivore ? Mange-t-il des vers ? Lesquels ? Moyenne de
destruction d’insectes durant sa saison estivale en nos régions ?
Migration : Où vit le coucou en pays
étrangers ? Dates d’arrivée et de départ dans nos régions. Itinéraire.
Vols : Formation (groupés ou individuels).
Mœurs : Cuculus est-il polygame ?
Ponte : Nombre d’œufs pondus par saison ?
Placés dans les nids parasités ? Pondus par couvées volées ? Où sont
pondus les œufs ? (terre ou nid).
Nids parasités : Nids préférés ? Qui
détruit les œufs et les oisillons du nid hospitalier ? Poussin coucou, ou
parents ? Mode de destruction ?
Surveillance : Qui surveille éclosion et élevage
autour du nid parasité ? Couple couveur ? Mâle ? Femelle ?
Chant : Qui chante ? Mâle seul ou
couple ? Quand se font les premiers appels ? Dès l’arrivée dans nos
régions, ou seulement au moment de la pariade ?
Particularités du syrinx émettant les deux notes si
caractéristiques, ainsi que les ronflements du vol nuptial.
Utilité : Le coucou est-il utile ?
Destruction d’insectes par une fauvette, par exemple (oiseau au nid ... cuculisé)
durant une saison ?
Friandise du coucou : Le grillon champêtre,
paraît-il. Ce dernier est-il utile ? De quoi se nourrit-il ?
Les palombes.
— De même que l’an dernier, la chasse à la palombe,
autrefois si fructueuse dans la grande lande, n’a presque rien donné. Il est
maintenant bien établi que les oiseaux bleus se détournent de notre région,
transformée en désert par les incendies de forêt. Ils émigrent vers des
contrées plus boisées, notamment le Gers et le Lot-et-Garonne, où l’on fait,
depuis deux ans, des prises impressionnantes. La plupart de mes compatriotes
constatent ce phénomène avec désespoir sans lui trouver d’explication. Pour
ceux qui ont étudié les mœurs des oiseaux sauvages, la solution de ce problème
n’est pas compliquée. Les palombes ne passent plus chez nous parce qu’elles ont
peur de l’oiseau de proie, et principalement d’une espèce de faucon à plumage
bleu clair que nous appelons en patois landais « faouc paloumé »
(faucon des palombes). Il faut savoir, en effet, qu’une palombe ne peut être
capturée par les rapaces qu’en plein vol. Une palombe perchée sur un arbre est
en sûreté. J’en appelle à ceux qui, comme moi, ont vu un vol de palombes
poursuivi par le faucon chercher refuge sur les pins avec un bruit aussi caractéristique
qu’inoubliable. C’est pourquoi les palombes, comme d’autres migrateurs,
d’ailleurs, évitent la traversée des grands espaces dénudés.
C. ARNAUDIN, Labouheyre (Landes).
Un lièvre blanc.
— Depuis le début de l’été, les habitants de Coat-Melin,
à Riec-sur-Belon, signalaient aux chasseurs la présence d’un
« lapin » blanc, très probablement évadé de quelque clapier ... Dès
l’ouverture, les amateurs de gibier du quartier se mirent en quête de
l’animal ... peine perdue ! S’agissait-il d’un mythe ? Non, car
l’un de nos sociétaires, ignorant son existence, l’aperçut aux premiers jours
d’octobre, à proximité d’un village, et ne tira point. Hésitation
compréhensible à la vue d’un tel pelage ! Enfin, le 10 octobre
dernier, le camarade Yves F ..., qui avait déjà eu le plaisir de tuer
la première bécasse de la saison, réussit l’exploit convoité par nombre de
chasseurs en abattant cet extraordinaire lapin ... Il s’agissait en
réalité d’une superbe hase pesant 3kg,600, de couleur blanche, aux
oreilles grisonnantes. Un article paru dans la presse régionale a dû laisser
sceptiques certains amateurs du sport cynégétique. D’autres se perdent en
conjectures sur les origines et la provenance d’une telle espèce dont la
présence dans la région n’a jamais été signalée.
Germain CUTULIC, abonné.
Doyen des chasseurs.
— Le secrétaire trésorier de la société de chasse de
Port-le-Grand, près d’Abbeville, nous signale qu’un membre de sa société, M. Petit
Élie, a fêté son quatre-vingt-dixième anniversaire quelques jours avant
l’ouverture de la chasse.
Malgré son âge, M. Petit pratique encore couramment la
chasse en plaine et au gibier d’eau ; à signaler qu’il chasse sans
lunettes et qu’à l’ouverture il a encore tué trois perdrix et un lièvre, ce qui
est un beau résultat en raison des circonstances défavorables qui ont raréfié
le gibier dans cette région.
Destruction massive de pies.
— Dans notre région picarde, nous écrit un vieil abonné
de la région de Roisel, les pies sont devenues, depuis la guerre, un vrai fléau
pour les perdreaux. Ce que voyant, le lieutenant de louveterie a eu l’idée de
profiter de quelques jours de neige et de gel pour en tenter la destruction.
Deux moutons de son troupeau étant morts, il les traîna dans la plaine, puis,
lorsque les nuisibles affamés y eurent pris goût, il les saupoudra à la
strychnine, non sans avoir prévenu les gens d’alentour. En trois jours, on
ramassa 115 pies et 3 renards. Les pies ont à peu près disparu du
canton, ainsi que les nids, et que les perdreaux furent, à l’ouverture,
nettement plus nombreux.
Portée tardive.
— Le 12 octobre dernier, M. Chauvel, lecteur
de la Mayenne, leva une hase de 7 livres, qu’il tua. Son étonnement fut
grand en constatant, au dépouillage, que l’animal portait cinq petits prêts à
naître.
Pour détruire les corbeaux.
— Voici le procédé que nous confie M. Joseph
Daniel, vieil abonné de l’Eure. Disposant de petites cabanes à fourrage au
milieu de ses prairies, M. Daniel prépare tout d’abord dans celles-ci des
champs de tir, partant d’une meurtrière, et jalonnés de piquets. Puis il
mélange au fourrage destiné à ses bestiaux quelques poignées d’avoine et
déchets de battage. Les corbeaux ne tardent pas à venir en nombre profiter de
cette aubaine inespérée. Lorsqu’ils ont mordu à l’appât en assez grand nombre,
M. Daniel dispose son fourrage seul d’un côté, et agraine son champ de tir
sur une largeur de 20 centimètres.
Il a soin de se dissimuler dans sa cabane avant le jour, les
corbeaux étant très méfiants. Ceux-ci ne tardent pas à se mettre à table, et,
de deux coups de fusils bien ajustés, ils sont envoyés ad patres en
nombre : M. Daniel en a relevé jusqu’à 33 à la fois.
La fin d’un pirate.
— Fin mai dernier, dans une mare distante de 30 mètres
à peine de la laiterie où se tenait le témoin de ce récit, se débattaient
joyeusement deux canes de Barbarie et leur progéniture. Sur les arbres
environnants, quelques corbeaux guettaient le moment favorable pour faire un
mauvais coup.
L’un d’eux, jugeant l’instant propice, se précipite sur la
joyeuse bande. Mais les canes veillaient : s’élevant à la rencontre du
pirate, elles le saisirent par le bec, et le trio tomba à l’eau. Le corbeau
tenta, mais vainement, de s’envoler ; mouillé, incapable du moindre élan,
il était, à chacun de ses mouvements, de nouveau assailli par les canes et
plongé dans l’eau, où, finalement, il périt asphyxié.
A. MEDINTZEFF, abonné.
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