Petite maison familiale

Plus que jamais, à notre époque, il est nécessaire de concevoir des modèles de maisons simples, pratiques, offrant dans un minimum de cube construit un maximum de commodité et de confort. Non seulement c’est la réduction de la surface bâtie, conjuguée avec une distribution intelligente, qui donne une sérieuse économie sur le prix de revient, mais c’est encore cette condensation du plan qui permet à la maîtresse de maison d’assurer le service et l’entretien avec une moindre fatigue. Le groupement judicieux des pièces supprime les allées et venues inutiles. La simplicité de la construction permet de faire à la fois plus solide et moins cher. Il faut, en outre, que les pièces d’habitation soient éclairées par de grandes baies ouvrant vers la meilleure exposition. Mais il ne faut pas que ces baies mettent les occupants à la merci de l’extrême chaleur de l’été ou du froid de l’hiver. Il faut donc qu’elles soient protégées par de bons volets.

C’est pour répondre à l’ensemble de ces conditions que j’ai composé cette petite maison familiale.

Distribution.

— Nous gravissons dans l’axe de la façade un perron de quelques marches pour arriver sous un porche protecteur (3^m,70 x l^m,60) dont les quatre colonnes d’ordre toscan simplifié soutiennent l’avant-corps de la chambre centrale. Dans l’axe de ce porche, se trouve la porte vitrée à 2 vantaux de 1^m,80 X 2^m,50 qui ouvre sur la grande salle (6^m,10 X 4^m,30), servant de salle à manger, de bureau, de salon. C’est le living-room (salle où l’on vit) des Anglais. Au fond de la salle, on aperçoit l’escalier qui monte à l’étage. À côté de l’escalier se trouve la grande cheminée. L’escalier et la cheminée, traités de manière simple et rustique, mais agréable, contribuent à la décoration de la pièce. Sur les trois autres faces, nous trouvons, dans le milieu de chaque panneau, le buffet, la desserte ou bahut, la bibliothèque ou le piano. Au centre de la salle, se trouve la grande table avec dix ou douze chaises. Devant l’escalier se trouve un banc ou un coffre. Nous pouvons aussi avoir un banc en équerre dans l’angle, à gauche de la cheminée.

La grande salle s’éclaire largement : 1° par la large porte-fenêtre donnant sur le porche et qui, restant ouverte par beau temps, permet de prolonger à l’extérieur la salle vers le porche ; 2° par une fenêtre de 1^m,80 X 1^m,50 en façade principale ; 3° par deux fenêtres de 0^m,90 X 1^m,50 en façade latérale.

À droite de la salle nous trouvons la cuisine (4 mètres X 2^m,75), éclairée en façade principale par une fenêtre de 1^m,80 X 1^m,50 et en façade latérale par une porte-fenêtre de 0^m,90 X 2^m,50, qui permet d’aller directement au jardin. Autour de la fenêtre, se trouvent groupés évier, égouttoir, cuisinière à bois et à charbon, cuisinière électrique, table pour l’épluchage et les préparations culinaires. Sur la paroi du fond se développe un placard à 4 portes de 3^m,10 de long et de 0^m,50 de profondeur, équipé suivant le principe des buffets de cuisine modernes. La cuisine communique non seulement avec la grande salle, mais encore avec un petit couloir de service qui distribue la salle de bain, le w.-c., la descente de cave ; de ce couloir de service, nous descendons au jardin en façade postérieure par un petit perron. Il communique également avec la grande salle.

La salle de bain (3 mètres X 1^m,50) comporte, rationnellement placés, lavabo, baignoire, bidet, placard à linge.

Le w.-c. (1^m,40 X 0^m,85) est garni d’une cuvette avec siège abattant et d’un réservoir de chasse, complétés par une fosse septique.

L’escalier nous conduit au 1^er étage sur un palier (7) qui distribue 3 chambres.

La chambre 8 (5^m,20 X 4 mètres), au centre, est la chambre des parents. Elle comprend 2 lits jumeaux avec 2 tables de chevet, une grande armoire, une table, un poêle, deux placards-penderies de 0^m,80 X 0^m,50 encadrant la fenêtre de façade (1^m,80 X 1^m,50). De chaque côté de l’avant-corps, il y a encore 2 fenêtres latérales de 0^m,75 X 1^m,50.

La chambre 9 (4^m,30 X 3 mètres) est la chambre des garçons. Elle comporte deux lits jumeaux et 2 tables de chevet, 1 grande armoire, 1 table, 1 poêle. Elle s’éclaire en façade par une fenêtre de 1^m50 X 1^m,50.

La chambre 10 (4^m,30 X 3 mètres) est la chambre des filles. Elle est absolument semblable à celle des garçons.

Du palier 7, nous prenons de nouveau l’escalier pour monter au grenier, qui offre une grande surface de rangement. Le faîtage est à 3 mètres de haut et nous circulons debout, sans nous cogner la tête, dans la partie centrale, sur une largeur de 4^m,30.

La cave, où nous descendons par un escalier partant du petit couloir de service, peut exister soit sous toute la surface, soit sous la grande salle. Dans le cas où elle existe sous toute la surface, nous pouvons avoir, outre la cave, la buanderie et la chaufferie (chauffage central) au sous-sol.

Construction.

— La simplicité du plan rend la construction très facile. Les solives des planchers et les pannes de la toiture vont de mur à mur, sans poutres ni fermes. Il n’y a pas d’arêtiers, pas de noues, pas de lucarnes : économie de construction, économie d’entretien.

Les pièces à eau (cuisine, bains, w.-c.) sont groupées, ce qui facilite l’établissement des canalisations d’amenée et d’évacuation d’eau.

Aspect extérieur.

— Développée en largeur, cette maison, quoique petite, donne une impression de large confort, avec son porche accueillant et ses larges baies. Les quatre colonnes lui donnent un air de noblesse discrète. Les fenêtres à petits carreaux, les volets décoratifs aux couleurs harmonieuses s’enlèvent sur le crépi clair (ton pierre). Sur les socles des perrons, les grosses jarres en terre cuite sont garnies de fleurs. De chaque côté du porche, des rosiers grimpants s’enroulent autour des colonnes, pour retomber en chute gracieuse au-dessus de l’entrée.

Pour les menuiseries et les avant-toits, il est possible d’adopter des tons bruns, comme on en voit partout. Mais, dans un cadre verdoyant, comme celui indiqué sur mon dessin, je verrais plutôt des tons verts, de ce vert chanté par Jean-Jacques, vert-mousse brun pour les cadres des volets et les pannes, vert moyen pour les panneaux et les chevrons, vert clair pour les filets, les voligeages d’avant-toit, les fenêtres, le tout rehaussé par les jardinières fleuries. Mais, surtout, pas de cette affreuse tuile rouge, insulte aux doux paysages de France !

Gérard TISSOIRE,

Architecte.

Le Chasseur Français N°624 Février 1949 Page 323