Cette infection, qui a tous les caractères d’une maladie
infectieuse, qui est contagieuse, qui survient parfois par épidémies, est une
de celles dont le microbe est encore inconnu, aussi invoque-t-on un « ultra
virus », c’est-à-dire un microbe invisible aux plus forts grossissements
de nos microscopes.
C’est une maladie de l’enfance et de l’adolescence, frappant
surtout entre cinq et quinze ans, avec une reprise vers la vingtième année, à
l’époque du service militaire.
La contagion a été bien souvent observée ; elle tient
toujours à un contact direct et ne se fait pas à distance. On l’observe en
toutes saisons, avec une prédominance en hiver, le froid humide étant une cause
nettement prédisposante.
Dans tous les cas où la contagion a pu être déterminée avec exactitude,
la maladie a débuté après une période d’incubation de dix-huit à vingt jours.
Comme à toutes les maladies infectieuses, on décrit une
période d’invasion de quarante-huit heures en moyenne, avec fièvre légère,
malaises vagues, troubles digestifs, parfois quelques saignements de nez.
Le début est marqué par une douleur assez vive survenant en
arrière de l’angle de la mâchoire, dont les mouvements deviennent pénibles, ce
qui cause une gêne dans la parole et de la déglutition.
Cette douleur a son siège dans la glande parotide, la plus
grande des glandes salivaires, située, comme l’indique, son nom, en avant et
au-dessus de l’oreille. Cette glande ne tarde pas à se tuméfier, d’une façon
plus ou moins intense, produisant toujours une déformation de la face.
L’enflure débute d’un côté, mais l’autre ne tarde pas à se prendre à son tour,
et cette bilatéralité est un signe important pour le diagnostic ; en
effet, le nom de cette maladie s’écrit toujours au pluriel.
Les symptômes généraux sont assez variables, mais en général
peu intenses, tout comme la fièvre. La région reste douloureuse, le malade a de
la peine à avaler, souvent même ne peut déglutir sa salive, et cet état dure
huit à dix jours chez l’enfant, dix à douze chez l’adulte.
Après ce temps, la résolution survient et la maladie se
termine s’il ne surgit pas une nouvelle localisation. Les autres glandes
salivaires, la glande sous-maxillaire, les glandes sublinguales peuvent être
prises à leur tour. Mais la localisation la plus à craindre est celle qui se
porte sur les glandes génitales, dans le sexe masculin surtout.
Il s’agit bien d’une localisation du virus ourlien et non
d’une complication due à une nouvelle infection, un « transport de
fluxion », comme on disait autrefois. L’orchite ourlienne est rare avant
quatorze ans, plus fréquente chez l’adulte, et particulièrement à redouter chez
les jeunes soldats.
Comme pour la glande salivaire, la douleur locale est le
premier signe observé ; on constate ensuite la tuméfaction de la glande,
mais, contrairement à ce qui se passe dans la région maxillaire, l’affection
reste souvent localisée d’un côté, heureusement. Car l’atrophie de la glande
n’est pas rare consécutivement ; dans certaines épidémies, elle survient
dans les deux tiers des cas.
Les complications proprement dites sont rares, la
suppuration est exceptionnelle ; parfois, l’affection frappe les
articulations, au point qu’on a décrit un pseudo-rhumatisme ourlien.
La guérison complète survient en une quinzaine de jours, les
récidives se voient peu souvent, et il semble bien qu’une première atteinte
confère l’immunité.
Une fois déclarée, la maladie prête difficilement à
confusion ; il existe des parotidites d’autre nature, elles sont rares et
n’ont pas l’apparence symétrique si particulière aux oreillons ; il en est
de même des adénites, des adéno-phlegmons de la région, consécutifs à une
infection amygdalienne ou dentaire ; la tuméfaction de ces ganglions est
rarement bilatérale et, même dans ces cas, présente toujours une forte
prédominance d’un côté ; pour les mêmes raisons, il sera difficile
d’établir une confusion avec une fluxion dentaire.
L’atteinte d’une glande génitale peut quelquefois offrir une
certaine difficulté de diagnostic, quand l’atteinte parotidienne a été
inaperçue ou fugace, comme il arrive parfois, surtout si le cas se présente en
dehors d’un milieu épidémique.
La contagion, avons-nous dit, se fait par contact direct
avec un malade et non à distance ; il y a donc lieu, aussitôt le
diagnostic posé, d’isoler le malade, d’écarter de lui les enfants et les
adolescents, les adultes étant moins exposés.
Quant au traitement, il se résume dans quelques précautions
hygiéniques ; on ne connaît, en effet, aucun médicament spécifique, et la
bénignité habituelle de l’affection permet de s’en passer.
Avec l’isolement, une seule chose est importante : le
repos au lit, repos absolu, souvent difficile à obtenir des sujets jeunes,
souffrant médiocrement. C’est le seul moyen d’éviter, dans la mesure du
possible, la fâcheuse atteinte génitale. À plus forte raison, si celle-ci
survient, le repos sera encore plus sévère.
L’alimentation sera légère et comprendra surtout des
aliments de facile déglutition : liquides ou pâteux.
On aura soin de pratiquer de fréquents lavages de bouche
avec une solution faible de permanganate de potasse, par exemple ; on
interposera un petit tampon de coton entre les joues et les arcades dentaires,
ce qui soulage souvent beaucoup le malade. La fièvre est rarement assez forte
pour nécessiter une médication antithermique.
Dr GOTTSCHALK.
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