La perdrix royale.
— Depuis de longues années que j’ai le plaisir de lire Le
Chasseur Français, je ne me rappelle pas avoir eu l’occasion de voir un
article sur ce superbe oiseau. Nous le considérons ici, en Iran, comme un
oiseau idéal et dont la chasse est une des plus passionnantes de notre pays.
L’Iran, plus connu sous le nom de Perse, est pour sûr le
paradis des chasses. On y trouve toutes sortes d’oiseaux de toutes couleurs, de
toute plume, des antilopes, des tigres, ours, léopards, etc. ..., mais,
parmi toutes les chasses, la perdrix royale garde toujours une place de choix,
étant donné sa rareté, la difficulté de son approche.
En effet la perdrix royale, nommée chez nous kabkê Dari
— le mot kabk est synonyme de bartavelle : donc bartavelle
Dari, — toujours en nombre très limité, ne vit qu’aux sommets des hautes
montagnes, et encore pas dans toute la Perse. C’est seulement au mont
« Demavend « et aux sommets de l’Elbourz, dans les hauteurs de 4,000
à 5.000 mètres, qu’on peut les trouver. On les voit seules, ou par paires,
quelquefois en groupes de 6 à 8 unités au plus. Elles ont des yeux
excessivement vifs, voyant à des distances très éloignées, et elles se tiennent
toujours auprès des neiges, que ce soit en été ou en hiver.
La chasse se fait généralement en été ; en hiver, il
est presque impossible de les approcher, car elles vivent dans les rochers
difficiles à escalader. Leur cri ressemble à un sifflement facile à imiter.
Leur vol est toujours en forme de fer à cheval ; elles se jettent de tout
leur poids dans l’espace, n’ouvrant leurs ailes qu’après un certain temps,
descendant avec une vitesse vertigineuse, l’élan ainsi obtenu leur permettant
de se poser sur des rochers distants de plusieurs kilomètres de leur point de
départ.
Si les bartavelles montent directement sur les rochers, les
perdrix royales ne le peuvent pas, étant trop lourdes, et c’est ainsi que leur
marche est toujours oblique. Leur bec très fort leur sert, entre autres, à
fouiller la terre pour découvrir les racines comestibles, notamment l’oignon
des tulipes sauvages, dont elles sont friandes.
Elles pèsent de 3 à 4 kilogrammes, leur robe est brun
foncé, mais en vol on découvre des plumes blanches.
En trente années de chasse, je n’ai pu en tuer que huit, et
c’est déjà un record. J’ai eu la chance d’en tuer deux, récemment, en une seule
journée d’été, juste dans les hauteurs du Demavend, le volcan éteint bien connu
du Nord de l’Iran. La perdrix royale est nettement différente du coq de bruyère
ou du tétras. Elle ne perche jamais sur les arbres et vit exclusivement dans
les hautes montagnes très rocheuses. L’aigle noir est l’ennemi des perdrix
royales et la scène est vraiment passionnante de voir une perdrix royale
poursuivie par un aigle.
M. Gh. ARDALAN, Téhéran.
Encore une histoire de renard.
— Le 4 novembre dernier, alors que j’allais en vélo
prendre le train à F ... (Creuse), je passais assez vite dans les
descentes des Fougères. Il était 5 heures du matin, donc il faisait très
noir. Seul le phare du vélo trouait la nuit silencieuse. Tout à coup, dans un
tournant, surgit une masse roussâtre à 5 ou 6 mètres de moi. Je suis
surpris, mais l’animal encore plus. Jugez-en ! C’était un renard qui
revenait d’un poulailler avec une poule dans la gueule. Stupéfait, ahuri par la
lumière, il lâche sa proie et décampe bien vite. La poule, blessée, se traînait
sur la route. Inutile de vous dire que je l’achevai et l’emportai. Ce n’est pas
une histoire pour veillées, elle est réelle, foi de chasseur.
P. ROUBY.
Coups doubles.
— La lecture des « coups doubles » relatés
dans les Échos de partout m’incite à vous rapporter la réussite suivante
que je crois rare dans les annales cynégétiques : en janvier 1925, au
cours d’une battue dans la forêt de Vanémont (Vosges), une bande de quinze
sangliers déboule devant mon père, alors âgé de soixante-cinq ans : de son
vieux 16, chargé à douze chevrotines, il roule trois sangliers du coup
droit et un quatrième avec le coup gauche : sangliers du poids moyen de 60 kilogrammes
(il ne s’agissait donc nullement de marcassins).
Sur le « coup triple » que je viens de citer, deux
sangliers étaient restés sur place, sans un mouvement, et un troisième, blessé
mortellement à la mâchoire et à l’épaule, fut achevé d’un coup de revolver par
un traqueur.
J’ai conservé les notes de la presse locale relatant cet
exploit et, si son auteur a disparu, hélas ! la plupart des témoins de ce
coup surprenant vivent encore, entre autres l’ami Cronel qui abattait, quelque
100 mètres plus loin, un autre sanglier de la même bande.
H. CAEL.
La réglementation de la chasse en mer.
— M. le comte de Valicourt, le distingué président
de l’Association des huttiers et chasseurs de gibier d’eau, nous transmet un
intéressant article que l’abondance des matières ne nous permet pas de publier in
extenso ; nous en retiendrons cependant l’essentiel, que nous
condensons ci-dessous.
La loi du 3 mai 1844 modifiée qui régit la chasse sur
tout le domaine territorial de la France ne s’étend pas au domaine dit
maritime, qui comprend le territoire national depuis la laisse des eaux des
plus fortes marées jusqu’à la limite des eaux territoriales, soit plus de trois
milles au delà des côtes.
Les premières réglementations, encore en vigueur dans cette
zone, datent de Colbert et, sur bien des points, elles sont devenues un peu
désuètes ! ... Les administrateurs des cinq arrondissements maritimes
— eux-mêmes divisés en quartiers — ont qualité pour créer, modifier,
restreindre ou étendre les règlements. Il n’existe donc aucune réglementation
uniforme, et de nombreux abus découlent de cette anarchie absolue.
L’Association des huttiers et des chasseurs de gibier d’eau,
après de nombreuses démarches auprès du Conseil supérieur de la chasse et du
service maritime des pêches, vient enfin de voir aboutir ses efforts. Depuis le
12 décembre 1948, dans tout le ressort de la Direction de l’Inscription
maritime de Bordeaux — qui s’étend des Sables-d’Olonne à l’Espagne,
— une réglementation nouvelle est imposée par arrêté de M. le
directeur de l’Inscription maritime.
Cet arrêté prévoit que la chasse dans toute la zone maritime
dépendant de son autorité sera ouverte :
— pour le colvert : du 14 juillet au 15 février ;
— pour tous les palmipèdes à bec plat : du 14 juillet au 31 mars ;
— pour tous les autres oiseaux de mer : du 14 juillet au 15 mai.
Il déclare espèces protégées en tout temps les oiseaux
— non comestibles d’ailleurs — suivants : goélands, goélettes,
mouettes, sternes ou hirondelles de mer et fous de Bassan.
Il spécifie que seules les armes tirant des cartouches à
plombs de chasse seront autorisées. Il interdit l’usage des filets et de tous
procédés destinés à la capture des oiseaux en masse.
Il désigne les agents chargés de dresser les contraventions
et précise les relations entre les Pouvoirs maritimes et les préfets pour la
réglementation de la chasse.
Il est à souhaiter que les mêmes mesures soient édictées
dans les autres arrondissements maritimes. Pour une telle action les chasseurs
devraient s’unir et adhérer à l’A. H. C. G. E. (groupement
national des chasseurs de sauvagine), et reconnu à ce titre par le C. S. C.
[Adresser toute correspondance concernant l’A. H. C. G. E.
à son président M. le comte de Valicourt, Noyelles-sur-Mer (Somme).]
Albinisme.
— Certains chasseurs prétendent qu’il n’y a pas de bécasses
entièrement blanches. J’en ai rapporté une autrefois, de ma chasse de l’Oise,
et elle est visible chez M. Petit, naturaliste, 81, boulevard Saint-Michel
à Paris, qui me la conserve chez lui depuis qu’il l’a empaillée. Elle a été
exposée autrefois à Bruxelles.
A. MARIONCOURT, Ingénieur agronome.
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