Un lièvre ... « savant ».
— Il y a environ cinquante ans, je chassais avec mon
père et un ami sur la plaine du Truc, commune de Veyrines (Dordogne). Nos
trois chiens venaient de lancer un lièvre et, pour la troisième fois, le
perdaient, au même endroit, sur la route de Veyrines à Pont-de-Caux, au lieudit
Combe-Longue.
Intrigués par cet incident, trois fois répété dans la même
semaine, nous étions d’accord pour conclure que c’était toujours le même lièvre
et que nos chiens avaient affaire à un vieux rusé. Nous décidions de rejoindre
notre petite meute en défaut pour l’aider à retrouver la piste. Au bout de
quelques minutes de marche accélérée, nous trouvions nos chiens, au lieudit
cité plus haut, en train d’arpenter à droite et à gauche de la route pour trouver
le coupé, sans y parvenir. Nous nous décidions à partir en faisant toutes
sortes de suppositions, lorsque notre vieux Luno, sautant sur la banquette en
maçonnerie qui longe la route du côté du ravin, renifla quelques secondes et
donna sur cette voie peu ordinaire qu’il suivit jusqu’au bout sur 150 mètres
de longueur environ. Il n’y avait pas de doute, le rusé se faisait perdre en
empruntant cette voie à chaque fois et en la quittant une fois arrivé à
l’extrémité ; mais les chiens ne trouvaient rien au bout de la
banquette ; nous restions ébahis et confondus ...
Nous partions en remontant la route vers Veyrine lorsque mon
père, qui s’était arrêté pour appeler les chiens, porta les yeux sur un vieux
tronc de châtaignier poussé en contre-bas, à 1m,50 de la banquette,
et dans le creux duquel il vit l’animal gîté dans une touffe de ronces et
d’herbes poussée là. Il nous appela :
— Venez voir, dit-il.
Nous approchâmes et il nous fit voir le capucin juché, bien
tranquille ... peut-être ? Aussitôt je le mis en joue, mais mon père
m’arrêta en disant :
— Non, il est « trop savant » pour le tuer de
cette façon, il faut le faire partir.
Ce que je fis en lui lançant une pierre. Le lièvre savant
repartit et, une heure après, il revenait se faire tuer à un carrefour non loin
de son premier départ.
Un vieil abonné.
Bibliographie.
CHASSE ET GIBIER DE MONTAGNE, par Édouard DEMOLE.
— L’auteur a rassemblé, dans ce magnifique ouvrage pour
bibliophiles, richement illustré par Xavier de Poret, ses remarques sur les divers
gibiers d’altitude, du coq de montagne à l’ours, en passant par l’aigle et le
chamois. Toute la faune alpestre est passée en revue. (Chez Durrel, éditeur,
160, boulevard Haussmann, Paris.)
BÉCASSES, BÉCASSINES ET PETITS ÉCHASSIERS, par J. OBERTHÜR.
— Une nouvelle pierre au monument incomparable que
constitue, du point de vue du naturaliste. Le Monde merveilleux des Bêtes.
On ne sait ce qu’on doit apprécier le plus, du texte ou des gravures dont
l’auteur illustre lui-même ses ouvrages. Le Monde merveilleux des Bêtes,
une fois complet, constituera certainement une collection absolument unique,
tant par sa valeur scientifique que par sa présentation artistique. (Chez
Durrel, éditeur, et à Manufrance.)
LA CLOCHE DE VÂTRES ET AUTRES RÉCITS DE CHASSE, par Jean
LURKIN.
— On ne peut faire un compte rendu d’un ouvrage de Jean
Lurkin : un « condensé » ne saurait rendre la saveur des récits,
la spirituelle malice de l’auteur, la verve de son style. La lecture de cet
ouvrage est un agréable délassement. (Les éditions Saint-Hubert, Vervoz-Ocquicr,
Belgique.)
La destruction des animaux nuisibles par battues municipales.
— La loi du 2 avril 1946 a donné aux maires le
pouvoir de prendre sur le territoire de leur commune, en tout temps et sur tous
terrains, les mesures de destruction nécessaires pour tous les animaux
nuisibles malgré l’opposition des propriétaires ou détenteurs du droit de
chasse.
Cette facilité avait été accordée par le législateur dans le
but d’unifier la réglementation en la matière, mais aussi de lutter
efficacement contre les sangliers, dont le nombre a crû dans des proportions
assez considérables.
Elle a abouti dans certaines contrées à la destruction
complète du gibier, ou même a permis souvent de couvrir des actes de braconnage.
Ces méfaits sont dus à une mauvaise organisation des battues
et à l’emploi des chiens en période de reproduction.
Il a paru nécessaire de rappeler brièvement les conditions
qui régissent ces opérations :
A. Animaux nuisibles visés.
1° Animaux essentiellement nuisibles tels que loups,
renards, blaireaux, etc. ... ;
2° Le lapin lorsqu’il est déclaré « gravement »
nuisible ;
3° Le sanglier, par suite de circonstances particulières, sa
trop grande multiplication par exemple.
B. Époque.
— En tout temps non prohibé par la réglementation
générale sur la chasse ou par l’arrêté préfectoral permanent sur la chasse.
C. Territoire.
— Tous les terrains non clos et attenant à une
habitation faisant partie de la commune.
D. Caractère collectif.
— Le maire ne peut prescrire que des opérations à
caractère collectif (battues, opérations générales d’empoisonnement destinées à
détruire les pies et les corbeaux par exemple).
E. Formalités.
1° Constatation des dégâts ;
2° Mise en demeure du propriétaire ou détenteur du droit de
chasse par arrêté individuel. Ce n’est qu’en cas de défaillance de celui-ci
qu’une opération de destruction collective peut être organisée ;
3° Arrêté du maire prescrivant les opérations de
destruction ;
4° Procès-verbal du maire à l’issue des opérations de
destruction transmis au Conservateur des Eaux et Forêts, sous couvert du préfet.
F. Direction des opérations.
— Une personne qualifiée désignée par le maire et sous
la responsabilité de celui-ci.
G. Emploi des chiens.
— Exceptionnellement et seulement en dehors des périodes
de reproduction. Procéder d’une façon générale à des traques, c’est-à-dire à
des chasses effectuées sans chien, dans lesquelles les traqueurs sont chargés
de faire lever les animaux et de les rabattre vers les tireurs.
Pierre WAUTRICHE.
Renard noir.
— Au cours d’une chasse au chevreuil dans les bois de Lamargelle (Côte-d’Or)
le 10 octobre 1948, M. Lochot a eu la chance de tuer un superbe
renard noir ; l’animal possédait seulement quelques poils argentés sur les
côtés, mais la tête, le dos, le ventre, les pattes et la queue étaient
entièrement du noir le plus pur.
Les plus vieux chasseurs de la région n’en ont jamais vu de semblable.
Est-ce une pièce rare, ou cette variété existe-t-elle dans d’autres régions ?
GRAPIN, abonné.
Passages.
1° Depuis vingt-six ans que je chasse (j’ai commencé à seize
ans), je n’ai jamais tué tant de cailles que cette année. Le 7 décembre
j’en ai encore abattu deux, ce qui me fait un tableau total de
186 pièces ; en novembre, la saison étant déjà avancée, j’en avais
encore inscrit 16.
H. BERNARDIN, Abonné des Deux-Sèvres.
2 Par un soir de juillet, j’ai assisté l’année
dernière à un passage de buses, qui s’est prolongé durant un quart d’heure. On
pourrait évaluer le volier à 200 environ ; les oiseaux passaient à
100 mètres de hauteur, allant d’est en ouest.
REVOL, abonné de l’Ain.
Genette.
— J’ai lu dernièrement dans la presse qu’un chasseur
des environs de Clermont-Ferrand avait tué un étrange animal aux oreilles
pointues, à la peau mouchetée comme une panthère, à la queue fournie. L’article
ajoutait qu’il s’agissait sans doute de la « bête du Velay », qui
ravageait bergeries et poulaillers, et que la bête était probablement une
genette d’Algérie.
Il m’apparaît étrange qu’une genette puisse s’attaquer à des
moutons, à moins que les genettes africaines soient d’une taille
exceptionnelle, et qu’il s’agisse d’un fauve échappé d’un cirque ou d’une
ménagerie. Car notre genette à nous était un gracieux animal, de la taille d’un
chat et même en dessous, fort répandue en France autrefois.
Avant les croisades, le chat était, paraît-il, ignoré en
France. Ce sont les croisés qui l’auraient rapporté d’Égypte et de Terre
sainte. Le chat détrôna la genette, qui tenait lieu auparavant de commensal du
logis. Ce petit animal, comme son nom l’indique, faisait son séjour préféré des
genêts, des ajoncs, des landes et des bruyères.
Charles Martel, après la bataille de Poitiers (732), créa
l’ordre de la Genette, dont il décora douze de ses compagnons (Bibliothèque
nationale de Paris). Et dans les domaines seigneuriaux du moyen âge, les
genettes apprivoisées remplissaient l’office de nos chats actuels.
Ce petit animal a presque disparu de France. Je me souviens
cependant d’avoir lu, dans Le Chasseur Français d’avant guerre, qu’on en
tuait encore une de temps à autre sur notre territoire. Je serais heureux de
connaître l’opinion de chasseurs éminents là-dessus. N’en existe-t-il pas
quelque spécimen dans un jardin zoologique quelconque, et n’y aurait-il rien à
faire pour préserver de la disparition totale une jolie bête qui fut la
compagne de nos pères ?
G. MARTEL, abonné.
Précision.
— Dans la communication de M. Pasquier « La
Chasse en Rhénanie », l’oiseau ressemblant au merle à plastron est un
cincle ou merle d’eau, ne fréquentant que les torrents ou rivières peu
profondes.
Il plonge pour rechercher les insectes dont il fait sa
nourriture et s’aide de ses ailes, comme un nageur de ses mains, pour se
maintenir au fond de l’eau, ce qui est assez curieux à observer.
M. LAURENT, abonné.
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