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Chalet-hôtel démontable

J’ai composé ce modèle à la demande d’un ami, exploitant forestier et propriétaire d’une usine à bois, qui désirait mettre à la disposition des petits hôteliers sinistrés deux ou trois types de chalets confortables et plaisants, n’ayant rien de commun avec le « baraquement ».

Celui-ci, avec sa haute toiture coiffante, enveloppante, convient aux régions du Nord, tandis que d’autres, couverts par un toit à faible pente, sont destinés aux régions méridionales.

J’ai étudié une charpente robuste, entièrement démontable, de manière que le chalet puisse être transporté sur un autre terrain, quand la reconstruction définitive de l’hôtel sinistré sera terminée.

Les emplacements disponibles étant souvent assez étroits, j’ai prévu une façade de largeur assez réduite, le bâtiment se développant en profondeur.

Au rez-de-chaussée, se trouvent la salle de café, la cuisine, le lavabo-vestiaire, le w.-c., la salle à manger pour la clientèle « chic », une chambre pour l’hôtelier. Aux étages, sept chambres, salle de bains, w.-c., grenier, débarras.

Distribution.

— Nous entrons par la porte vitrée centrale de façade dans la salle de café (7m. x 4m.), entièrement éclairée vers la rue par une batterie de six fenêtres en plus de la porte. Au fond, à droite, se trouve le comptoir ; à gauche, le poêle, branché sur un tuyau en briques ou boisseaux situé derrière, dans la cuisine. À gauche du poêle, un passe-plats ouvrant sur la cuisine facilite le service, surtout aux heures des repas, pris par la clientèle populaire dans la salle de café.

Dans l’axe de la salle de café au fond, nous trouvons la porte donnant sur le couloir central d’où part l’escalier. Celui-ci a été placé au centre pour permettre l’accès normal au deuxième étage. Le couloir central distribue, à gauche, la cuisine ; à droite, le lavabo-vestiaire qui commande le w.-c. ; au fond, la salle à manger et la chambre de l’hôtelier.

La cuisine (4m. x 3m.) comporte deux tuyaux de fumée, l’un destiné au poêle de la salle à manger, l’autre à la cuisinière à bois et à charbon, flanquée d’une cuisinière électrique. Nous trouvons encore un grand évier profond avec double égouttoir, une table devant le passe-plats, un buffet, un frigidaire. Une porte vitrée permet la communication directe avec l’extérieur. À droite et à gauche de la porte vitrée, trois fenêtres à l’appui élevé assurent un excellent éclairage sans gêner le service.

Dans le lavabo-vestiaire, se trouvent un ou deux lavabos, de nombreux portemanteaux qui se développent en équerre sur 4 mètres de long. De là, on passe au w.-c. avec cuvette à chasse d’eau. Le lavabo-vestiaire et le w.-c. sont éclairés par quatre fenêtres à l’appui élevé.

La salle à manger (4m. x 4 m.), où les clients désirant s’isoler peuvent manger tranquillement, s’éclaire en façade arrière par trois fenêtres et une porte-fenêtre permettant sortie directe sur l’extérieur. Un poêle se place dans un angle. Un passe-plats assure le service direct avec la cuisine.

La chambre de l’hôtelier (4m. x 3m.), qui lui servira en même temps de bureau, s’éclaire en façade postérieure par trois fenêtres. On y trouve : grand lit, armoire, bureau, table.

L’escalier nous conduit au premier étage, sur un palier couloir central qui distribue les chambres 1, 2, 3, 4, 5, la salle de bains, un w.-c.

La chambre 1 (4m. x 4m.) s’éclaire en façade par trois fenêtres juxtaposées, et la chambre 2 (4m. x 3m.) par deux fenêtres.

La chambre 3 (4m. x 3m.) prend jour sur le côté par quatre fenêtres juxtaposées formant longue lucarne.

La chambre 4 (4m. x 4m.) s’éclaire en façade postérieure par trois fenêtres, la chambre 5 (4m. x 3m.) par deux fenêtres.

La salle de bains (3m. x 2 m.) et le w.-c. prennent jour en façade latérale par quatre fenêtres formant longue lucarne.

L’escalier nous conduit au deuxième étage sur un palier central qui distribue chambre 6, chambre 7, grenier, débarras.

La chambre 6 (4m,70 x 4m,30) s’éclaire en façade principale par trois fenêtres.

La chambre 7 (4m,70 x 4m.) s’éclaire en façade postérieure par trois fenêtres.

Le grenier (4m. x 1m,50) s’éclaire latéralement par deux petites fenêtres formant lucarne. On peut, à la rigueur, y placer un petit lit de secours.

Les chambres 1, 3, 4, 6, 7, peuvent avoir un poêle branché sur les tuyaux de fumée.

Pour les chambres 2 et 5, il faut avoir recours au chauffage électrique.

Construction.

— L’ossature très robuste est conçue suivant le principe des anciennes maisons en bois. Les façades et les refends formés par de véritables murs en pans de bois se succèdent les uns derrière les autres, à 4 mètres d’intervalle, portant toutes les solives de planchers et les pannes de toiture, sans poutres ni fermes pouvant casser ou fléchir.

Le contreventement transversal est assuré dans les façades très ouvertes :

1° Au rez-de-chaussée par des croix de Saint-André sous les fenêtres et par de grandes contrefiches chantournées joignant les poteaux corniers (poteaux d’angle) aux traverses hautes largement dépassantes aux avant-toits ;

2° Aux étages, dans les fermes trapézoïdales, par des croix de Saint-André sous les fenêtres et dans les panneaux pleins d’extrémité. Les murs de refend peu ajourés sont contreventés par des croix de Saint-André dans les panneaux pleins.

Le contreventement longitudinal est assuré par des croix de Saint-André dans les panneaux pleins verticaux et les panneaux de toiture, et par les liens de faîtage. Les panneaux sont en planches rainées, mouchetées, rabotées, avec remplissage isolant.

Les fenêtres à petits carreaux sont fermées par des persiennes pliantes en bois se rabattant sur les tableaux des poteaux.

La couverture est en plaques ondulées d’Eternit, ou en tuiles ou ardoises.

Aspect extérieur.

— Avec son haut pignon, sa façade très ajourée par les batteries de petites fenêtres juxtaposées, ses étages à encorbellements successifs dépassant légèrement les uns sur les autres, dégageant les têtes chantournées des solives apparentes, ce chalet s’apparente aux maisons à pignon du Moyen Age ou de la Renaissance, comme la maison Kammerzell, à Strasbourg, construite en bois, et datant de 1589, ou la maison des Francs-Bateliers, à Gand, bâtie en pierre, ou la maison d’Adam, à Angers. Mais ici il n’y a point de moulures ou de sculptures, comme dans ces exemples célèbres. En compensation, il a été prévu sous les batteries de fenêtres, en façade, des tablettes-jardinières avec balustrade pour recevoir des pots de géraniums. Les panneaux seront passés au carbonileum de teinte claire ; les poteaux, meneaux, traverses, consoles, saillies de pannes et de chevrons, au carbonileum de teinte foncée ou en peinture brun Van Dyck. Les menuiseries à petits carreaux seront peintes en blanc et se détacheront bien sur le cadre foncé. Avec le rouge et le vert des géraniums, vibrant sur cet ensemble, la façade sera pittoresque et plaisante. J’ai aussi envisagé de laisser dépasser en avant la panne faîtière, pour y suspendre, au moyen d’une tringle en bois fixée par de grosses clavettes, un panneau en bois découpé et orné portant l’enseigne de l’hôtel. L’intérieur pourra être garni avec des meubles rustiques très simples, dessinés par mes soins, mais assortis à l’ensemble.

J’ai prévu, dans le même esprit et suivant le même principe de construction, de ravissants et confortables chalets d’habitation qui ont pourtant un gros défaut : ils coûtent aussi cher que des maisons équivalentes en maçonnerie. C’est donc seulement dans le cas où l’on a besoin d’une habitation démontable qu’il convient d’adopter le chalet en bois.

Gérard TISSOIRE,

Architecte.

Le Chasseur Français N°626 Avril 1949 Page 419