Lecture de la carte des empreintes du lièvre.
— Celui qui ne sait pas lire la carte des empreintes du
lièvre n’est pas un véritable chasseur. Combien de remarques faut-il faire, par
tous les temps, avant de devenir un connaisseur !
Ces empreintes sont plus ou moins marquées suivant la nature
du sol, tantôt légèrement humide ou très mouillé. Elles paraissent même sur une
route et souvent sont mélangées aux empreintes du renard, de la fouine, du
chat, etc. Il faut débrouiller tout cela, ce n’est pas toujours commode.
Le lièvre est très intelligent, il passe et repasse,
va doucement, court ou saute, les empreintes varient donc selon son allure, il
modifie sa marche avec ruse, pour rendre sa trace difficile à suivre par les
chiens.
Pendant huit jours, je lançai un lièvre dans le même bois,
tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, et invariablement, chaque matin, je
perdais mon lièvre au milieu d’un grand pré. Le huitième jour enfin, j’aperçus
des traces qui passaient au milieu d’un fossé longeant le pré ; après un
parcours de 100 mètres environ, plus rien : notre capucin faisait
un bond dans le pré, puis un autre, ainsi de suite, en direction d’un mur qui
bordait le jardin d’une ferme.
En arrivant au mur, il faisait un dernier saut pour se gîter
dans du lierre à la cime du mur. J’avoue que j’ai connu cette tactique grâce à
ma vieille bassette, qui donnait quelques coups de voix à chaque bond. Je ne
pouvais pas lire la carte dans l’herbe. J’ai terminé cette manœuvre par un coup
de fusil en pleine tête qui fit rouler ce vieux malin à mes pieds.
J’ai chassé le lièvre pendant quarante ans, je
compte quarante-huit permis de chasse. Je vais poser à mes confrères en saint
Hubert une question que je me suis posée bien souvent sans pouvoir y répondre.
Comment le lièvre peut-il prévoir, aujourd’hui, le temps
qu’il fera demain ?
Est-ce une sensation de froid, d’humidité ou
de chaleur sur ses poils ou sur sa peau ? Je ne sais pas, mais j’ai
constaté qu’hier il était au midi, et qu’aujourd’hui il est au nord ;
hier, il était sur une cime, aujourd’hui, il est dans un bas-fond. Autant
d’énigmes à dénouer. De toute façon, le lièvre prévoit le temps au moins
vingt-quatre heures à l’avance, il n’a pourtant pas de baromètre dans sa poche.
La chaleur et le froid agissent sur le mercure qui monte ou descend dans le
tube en verre, ils influent aussi sans doute sur l’épiderme du lièvre, qui
prévoit un changement de température proche et alors choisit, la veille, le
logement qu’il doit occuper le lendemain pour être à l’abri.
J. A. M.
Commensal inattendu.
— Un matin de septembre dernier, Marcel B ...,
employé à la laiterie des Arènes de T ..., allait porter à son cochon son
premier repas. Dans le jour naissant, il aperçut, en ouvrant la porte du toit,
un animal de la grosseur d’un chat sautant par la lucarne. B ... n’y prêta
pas autrement attention, prenant l’animal en question pour un chat du
voisinage.
Or quelques jours plus tard, faisant son pansage au jour
levé, quelle ne fut pas sa surprise de voir le même animal quitter le toit, par
la porte cette fois, et franchir d’un bond le mur de la cour attenante. C’était
un superbe lièvre, commensal pour le moins inattendu de son cochon.
B ..., surpris, le suivit des yeux et le vit se remiser
non loin de là. Sitôt sa tournée finie, vous devinez la suite. Branle-bas de
combat à la laiterie. Petite mobilisation générale, et, par rang de taille, de
courir sus au capucin. Il fut tué bien entendu, cela vous le devinez aussi.
Mais ce que vous ne devineriez pas, c’est que le malheureux oreillard, traqué
de partout et malgré son ventre distendu de « bornéo » (le cochon ne
mangeait pas bien !) ne fut arrêté qu’au huitième coup de fusil, et encore
— dois-je le taire ?— je me suis laissé dire que c’était
l’affolement qui l’avait jeté, bien par hasard, dans le coup de
« dix » du plus mauvais tireur.
Et les deux pauvres bêtes, hôte et invité, furent cuisinées
ensemble, unies (combien intimement !) jusque dans la mort.
Jean RABAINE, abonné.
Réouverture du musée de la Vénerie.
— Une bonne nouvelle pour les chasseurs : le musée
de la Vénerie va rouvrir ses portes, à Senlis.
Très abîmés par les bombardements de 1940, les bâtiments
viennent d’être restaurés par les Beaux-Arts.
Les collections — heureusement épargnées — vont
être réinstallées et le public pourra de nouveau admirer cet ensemble si
curieux et si rare.
Corbeau contre épervier.
— Pendant l’été 1948, un de mes amis, grand chasseur du
petit village de D ... (Vosges), a vu un épervier lier en plein vol une
perdrix qu’il avait isolée de la compagnie ; celui-ci partait avec sa
proie, lorsque d’un grand peuplier voisin un corbeau plongea sur l’épervier,
lui faisant lâcher sa proie, et le poursuivit quelques centaines de mètres pour
revenir ensuite flâner au-dessus du point de chute de la perdrix pendant
quelques minutes, sans succès d’ailleurs. Mon ami, y étant allé, ne trouva rien
également ; tout laisse présager que la perdrix en fut quitte pour la
peur.
Le doyen des chasseurs.
— Les honorables disciples de saint Hubert que vous
avez mentionnés dans votre numéro d’octobre ne peuvent prétendre ni l’un ni
l’autre au titre de doyen des chasseurs. En effet, M. Joseph Ducros, né le
17 juillet 1858, a encore cette année pris son permis de chasse à la
préfecture du Gard, et tué pas mal de gibier.
Léopold SANNIER, abonné,
Saint-Quentin-la-Poterie (Gard).
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