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Une ligne à anguilles.
Bigorneaux et moules.

Une ligne à anguilles.

— Quand on pèche près des pierrailles d’accotement, on est souvent victime d’anguilles qui, cachées sous la pierre, prennent au passage votre hameçon et rentrent dans leur trou ; neuf fois sur dix, votre bas de ligne est fichu.

Avec un camarade, nous avions fabriqué une sorte de ligne avec laquelle nous prenions pas mal d’anguilles sans perdre trop d’hameçons. Vous prenez une branche mince de saule, ou autre, d’environ 1m,80, une ficelle de même longueur, un hameçon à anneau 13 ou 14. Vous montez l’hameçon sur un bout de fil de laiton de 10 à 12 centimètres, vous l’attachez à la corde et au bout mince de la gaule, vous y mettez un ver ; tenant la gaule et la ficelle par le gros bout, vous introduisez l’autre extrémité entre les pierres ; vous sentez tirailler : c’est une anguille qui mord, et vous l’amenez assez facilement, car elle ne peut pas entortiller la ligne dans les cailloux.

Bigorneaux et moules.

— On parle souvent comme appâts des mouches, vers, insectes, pâtes, etc., pour la pêche en rivière ; il y en a deux qu’on a l’air de ne pas connaître : les bigorneaux et les moules.

En Loire, sur et sous les pierres qui ont été déversées sur les rives pour empêcher l’« affouillement », on trouve dans maints endroits des bigorneaux qui, comme forme et grosseur, ressemblent beaucoup aux bigorneaux comestibles qu’on pêche à la côte marine.

En amont de Nantes, vers Ancenis, Saint-Florent-le-Vieil et autres localités, on les ramasse en quantité, sous les grosses pierres, à environ 30 à 50 centimètres de profondeur ; on a vite fait d’en rassembler plusieurs kilos.

Avant de jeter la ligne, on amorce : on écrase trois ou quatre poignées de bigorneaux entre deux pierres ; si le courant est rapide à l’endroit que vous avez choisi, on mêle aux coquillages écrasés de la terre, des racines, du sable.

Vous jetez votre appât et vous mettez à pêcher.

Pour entretenir le coup, vous lancez de temps en temps quelques pincées. Cet appât est excellent pour le gardon et réussit souvent alors que d’autres restent inopérants.

Comme esche, vous vous servez du même coquillage.

La partie attenante au chapeau est ferme et tient très bien à l’hameçon ; quand on l’emploie, il faut bien dégarnir la pointe.

La partie molle qui représente la queue est plus attirante, et, en maniant la ligne sans brusquerie, on peut faire plusieurs coulées sans que l’hameçon soit dégarni.

Ferrez comme quand vous pêchez avec une pâte molle.

Le seul inconvénient, c’est que les traînées de l’amorce font effet assez loin en aval, et très souvent le malheureux qui trempe son fil au-dessous de vous voit cesser les touches au bout de peu de temps.

Il y a en Loire, sur les grèves, peu enfoncées dans le sable, de grandes moules ayant souvent 20 centimètres de long, quelquefois plus, et d’un ovale régulier ; la coque est mince, l’extérieur brun et vert-olive foncé ; l’intérieur est d’une belle nacre blanche très brillante. La chair est blanche et jaune, grasse et très goûtée du poisson blanc.

Pendant la saison de pêche, un bain de pied n’est pas désagréable, et on peut s’en procurer un certain nombre assez facilement.

Comme les bigorneaux, elles se conservent plusieurs jours dans un seau, en ayant soin de les changer d’eau.

Avec leurs coquilles, on peut confectionner de gentils bibelots.

Une fois, comme j’arrivais sur les lieux du massacre, je m’aperçus que j’avais oublié les appâts indispensables ; deux moules et quelques bigorneaux me rapportèrent une vingtaine de gardons moyens.

Depuis ce jour, j’ai souvent réussi avec ces deux appâts, qui sont bons et propres.

Avec ces deux appâts, pêcher à raser le tond

V. GIRARD.

Le Chasseur Français N°628 Juin 1949 Page 499