Dans les endroits où les rocailles ont leur place naturelle
dans la note générale du paysage, il est possible de les y admettre et d’en
obtenir un effet décoratif original en les appuyant de plantations d’arbustes,
d’arbres et de plantes vivaces convenablement choisis.
Nombreux sont les arbustes susceptibles de végéter sur des
pentes ou au milieu des rochers. Parmi ceux s’adaptant en outre
particulièrement bien au décor et pouvant être utilisés de préférence, on peut
recommander :
Le Cotoneaster horizontalis, à végétation rampante et
à feuillage presque persistant, très intéressant par ses innombrables fruits
rouge vif qui garnissent la plante pendant tout l’hiver ;
Le Salix rosmarinifolia, fort joli saule à feuillage
argenté d’une grande légèreté, particulièrement à sa place sur la berge
escarpée d’une pièce d’eau ;
Le Jasminum nudiflorum, arbrisseau sarmenteux
fleurissant avant d’avoir des feuilles, dont les branches s’étalant sur les
roches qu’elles drapent, vers la fin de l’hiver, d’une magnifique parure d’un
jaune d’or ;
Le Forsythia suspensa, qui fleurit aussi dès les
premiers beaux jours et dont les fleurs jaunes tachetées de rouge sont d’une
extrême abondance. Cet arbuste peut indifféremment être planté au-dessus d’une
roche ou au pied de celle-ci. Dans ce dernier cas, il convient cependant de
palisser le long de la roche ses longs rameaux flexibles pour en obtenir un
meilleur effet ;
Le Berberis stenophylla, très belle épine-vinette à
feuilles persistantes d’un vert sombre, aux longs rameaux grêles et gracieusement
arqués portant, en avril-mai, de nombreuses petites grappes de fleurs d’un beau
jaune orangé ;
Le Buddleia variabilis Veitchiana, arbuste de grande
vigueur auquel il faut beaucoup de place, à large feuillage, dont les longs
épis de fleurs violet mauve à centre orangé sont très ornementaux et se
succèdent sans interruption de juillet aux gelées ;
L’Elæagnus reflexa, autre bel arbuste à
feuilles persistantes vert grisâtre en dessus, argenté ou à reflets métalliques
en dessous, sur des longues branches arquées ;
Le Tamarix hispida æstivalis, variété de tamarix à
port élégant et de grande vigueur, à feuillage léger au-dessus duquel
s’épanouissent, en juillet-août, de nombreuses inflorescences d’un rose carminé
très vif.
Les rosiers grimpants non remontants, hybrides de Rosa
Wichuraiana pour la plupart, d’une grande vigueur et d’une extrême
floribondité, conviennent aussi très bien. Pour en garnir convenablement les
roches, on fait courir, sur celles-ci, quelques fils de fer très fins afin de pouvoir
y palisser leurs longs rameaux. Dans les pentes, on fixe ceux-ci au sol au
moyen de petits crochets de bois ou de fil de fer.
Quelques petits arbres à port retombant peuvent aussi
trouver place, soit au milieu des rochers, soit sur les pentes, soit encore en
isolés sur les pelouses très vallonnées, à proximité de la bordure des massifs
d’autres arbustes. Citons :
Le Caragana pendula, aux légers rameaux pleureurs,
aux jolies feuilles composées analogues à celles de l’acacia et aux nombreuses
fleurs jaunes ;
Le Mûrier pleureur, dont les branches retombantes
s’allongent jusqu’au sol, donnant à l’arbre un cachet fort particulier et
original.
Plusieurs conifères conviennent également, notamment le Taxus
Dowastoni pendula, petit if à branches longues, étalées horizontalement, à
rameaux réfléchis et pendants ; le Pinus mugho, arbrisseau
buissonneux dépassant rarement 3 mètres, à branches étalées, très
flexibles, et à ramilles courtes ; le Juniperus sabina ou sabine,
genévrier auquel sa végétation traînante et irrégulière permet d’épouser les
contours des roches et les talus tout à fait abrupts et qui pousse dans les
sols les plus ingrats.
Lorsqu’il s’agit d’habiller des rochers naturels, il faut
rechercher, pour planter les arbustes, les endroits où des veines de terre
peuvent exister et, au besoin, élargir quelque peu celles-ci pour que les
racines puissent y trouver le cube de terre nécessaire à leur reprise et à leur
alimentation jusqu’au jour où, ayant pris de |la force, elles pourront se
défendre elles-mêmes.
Dans le cas où il s’agit de rocailles artificielles, on aura
dû prévoir, de place en place, des poches suffisamment importantes qui pourront
être remplies de bonne terre et dans lesquelles pourront s’effectuer, sans trop
de difficultés, les plantations.
E. DELPLACE.
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