Peut-être, en achetant un canoé, n’envisagiez-vous de faire,
avec lui, que d’agréables promenades dominicales en amont et en aval du lieu de
votre résidence. Néanmoins, nous vous avons conseillé de fixer votre choix sur
un type de bateau apte à la croisière, car nous sommes persuadés qu’un jour
vous éprouverez le besoin de vous évader et d’aller plus en amont, ou sur une
autre rivière, à la recherche de sensations nouvelles. Ce jour-là, il vous
faudra un équipement approprié et quelques accessoires.
Examinons d’abord le canoé : le fond doit être préservé
par au moins dix paires de quilles d’échouage, longues lattes de bois dur,
larges de 2cm,5, espacées de 2 à 3 centimètres. Elles
recouvriront la coque jusqu’au-dessus du bouchain, les plus hautes étant forcément
plus courtes, en fonction de la forme du bateau. La quille centrale ne doit pas
être beaucoup plus épaisse que les quilles d’échouage, rabotez-la au besoin
pour qu’elle n’ait pas plus de 2 centimètres de saillie et pratiquez deux
légères entailles pour encastrer les extrémités des bandes de cuivre qui
protègent les étraves.
Des listons, baguettes de bois moins larges et plus
épaisses que les quilles d’échouage, disposés à 8 centimètres sous les
plats-bords, protègent les côtés et permettent de fixer le pontage (fig. 1).
Intérieurement, vous poserez dans le creux du bouchain, et
au milieu du bateau, deux réglettes de bois, longues d’environ 60 centimètres,
qui vous permettront, en passant des sangles dans les espaces ainsi ménagés
entre les membrures, de fixer vos bagages.
Le canoé, étant normalement chargé au centre, ne doit
déjauger à l’avant que de quelques centimètres lorsque les équipiers sont à
leur place ; déplacez au besoin l’un ou l’autre barrot peur obtenir
l’équilibre. La hauteur des barrots a également son importance, 26 centimètres
au-dessus du fond est une bonne moyenne, le poids du corps devant être
également réparti sur le barrot et sur les genoux.
Les plaques de caoutchouc mousse sur lesquelles vous posez
vos genoux doivent avoir 20 à 25 centimètres de largeur et au moins 60 de
longueur (80 pour un soliste). Il est bon de visser deux petits cavaliers au
fond du bateau pour les attacher.
Les bosses d’amarrage seront de préférence en coton torsadé
de 8 millimètres de diamètre. Huit à 10 mètres à l’avant, 10 à 15 mètres
à l’arrière sont nécessaires. On ne doit pas fixer une bosse directement à
l’anneau qui peut casser ou s’arracher ; il faut la faire passer dans
l’anneau et l’attacher à un barrot ou bien l’engager dans un trou pratiqué dans
le pontage bois et la retenir par un nœud en dessous.
Le pontage amovible en forte toile est indispensable pour
franchir les rapides tant soit peu importants. Il sera toujours utile pour
préserver les bagages du soleil et de la pluie. Le pontage recouvre entièrement
le canoé et comporte deux ouvertures à l’emplacement des pagayeurs. Des
cheminées en forme de tronc de cône avec soufflets sur les côtés entourent la
taille, retenues à la partie supérieure par une ceinture élastique
indépendante. Nous insistons sur ce point, il est indispensable qu’en cas de
dessalage (c’est le terme consacré signifiant naufrage en canoé) les équipiers
puissent se dégager sans aucun effort.
La figure 2 représente les différentes parties du
pontage :
a, trous d’hommes et cheminées ;
b, renforts de sangle ou cuir à cheval sur les
plats-bords ;
c, pattes de retenue des bosses ;
d et e, gaines et pattes de fixation des
pagaies de rechange.
Le pontage, qui comporte des œillets sur les bords, peut
être maintenu et tendu par un laçage sur les listons ajourés à cet effet. Pour
faciliter les opérations d’ouverture et de fermeture, il est préférable de
disposer des boutons de taud juste au-dessus du liston ; celui-ci peut
alors être plein et sert seulement de garantie (fig. 3).
En croisière, chaque équipier doit disposer d’une pagaie de
rechange, toujours à portée de la main. Sur une rivière accidentée nécessitant
des manœuvres parfois brutales, la pagaie doit être avant tout solide ;
mais en eau calme, pour accomplir de longues étapes, une pagaie légère est
préférable. Vous fatiguerez moins et manœuvrerez plus facilement avec une
pagaie bien équilibrée dont le poids de la pale est sensiblement égal à celui
du manche.
Le chariot est l’un des accessoires les plus
importants en croisière. Il vous servira, au départ et à l’arrivée, pour
franchir la distance de la gare à la rivière ; en cours de route, il vous
permettra de contourner un obstacle, barrage ou rapide infranchissable. Pour
rouler votre bateau chargé sur des sentiers souvent mauvais, vous devrez
choisir un chariot robuste, avec des roues fortement rayonnées, montées sur
roulements à billes et équipées de pneus ballons. Peu importe qu’il soit pliant
ou démontable si vous pouvez aisément le ranger à bord, et vous emporterez
toujours une pompe et un nécessaire de réparation pour les chambres à air.
Si vous partez sur une rivière très difficile ou en mer, que
chaque équipier, même s’il est un excellent nageur, soit pourvu d’un gilet de
sauvetage qu’il endossera pour franchir les passages les plus scabreux. Une
grosse éponge remplira l’office de pompe de cale et vous ne manquerez pas
d’enfermer tout votre matériel dans des sacs étanches arrimés au fond du
bateau.
L’équipement du kayac comprend sensiblement les mêmes
accessoires avec, naturellement, quelques variantes. Les quilles d’échouage
sont remplacées par des bandes de même nature que l’enveloppe, collées aux
endroits où celle-ci est en contact avec l’armature. Pour pagayer longtemps, il
est confortable de fixer des plaques de caoutchouc mousse sur le siège et le
dossier.
Le kayac, partiellement ponté et pourvu d’une hiloire, est
mieux défendu que le canoé contre les vagues. Le pontage complet fermant
entièrement l’ouverture n’est indispensable que pour franchir de très gros
rapides ou esquimauter. Des pattes de fixation cousues sur le pont retiendront
les pagaies de rechange, une pale de chaque bord. Vérifier et renforcer au
besoin les fixations des anneaux de bosses.
Le kayac étant plus léger que le canoé, le chariot peut être
moins résistant. Il importe, par contre, qu’il soit pliant et démontable, la
capacité du kayac ne permettant pas le transport d’objets volumineux. Pour la
même raison, les bagages devront être répartis dans un plus grand nombre de
sacs adaptés aux dimensions du kayac.
Vous apporterez le plus grand soin au chargement, les colis
les plus lourds étant rapprochés du centre pour que le bateau conserve sur
l’eau une position normale et monte facilement à la vague. Enfin, vous
n’oublierez pas que pour rendre un kayac insubmersible il est indispensable de
disposer des ballons flotteurs dans les pointes. Il existe également des
boudins pneumatiques qui, disposés à l’extérieur de chaque bord, assurent en
mer une plus grande stabilité.
G. NOËL.
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