Une renarde prolifique.
— « Le 20 avril dernier, un chasseur ayant
trouvé un terrier de renards habité, en bordure d’une plaine, venait m’aviser
de sa découverte. Aussitôt, pelles et pioches sur l’épaule, nous partions pour
défoncer ce terrier. Après une demi-heure de besogne, guidés par les aboiements
de ma petite chienne, nous trouvions la portée de renardeaux. Et, devant le
Président de la Société de Chasse prévenu et arrivé sur les lieux juste à
temps, j’extirpais du trou un, deux, trois ... dix petits renards âgés de
trois semaines environ et se portant à merveille malgré leur nombre. Des
reliefs, tels que pattes et ailes de faisans, peaux de lièvres, indiquaient que
la table était bonne. Il s’agissait à coup sûr d’une seule portée, car tous les
jeunes étaient sensiblement de même taille, et le terrier simple fraîchement
creusé n’était habité que par un couple de renards.
» Je serais curieux de savoir, par l’intermédiaire du Chasseur
Français, si des portées aussi nombreuses ont été souvent constatées, et
quel est le chiffre record déjà enregistré. »
Lucien VALITON, instituteur à Chavanne-les-Grands.
La disparition du gibier.
— M. Dechâtre, abonné à Vaux (Allier), nous
fait part de ses réflexions au sujet de la disparition du gibier, et, dans son
énumération des ennemis du gibier, il cite les Sociétés de chasse :
« Si nous prenons les statuts de la plupart des
Sociétés de Chasse, nous lisons à peu près invariablement : « Buts de
la Société : protection du gibier, répression du braconnage. » En fait
de protection, bon nombre de porteurs de permis adhérents à une Société ne se
gênent pas pour tuer au gîte le malheureux levraut que, depuis longtemps, ils
ont repéré sur leurs terres.
» Les associations communales détruisent jusqu’au
dernier représentant à plumes ou à poils. Il s’agit d’ailleurs presque autant
pour les Sociétés de faire pratiquer un sport agréable à leurs adhérents que
d’empêcher les voisins qui n’ont pas de terres, ainsi que les citadins, de
pratiquer ce sport et, en cela, les sociétaires se montrent plus férocement
jaloux que les grands propriétaires terriens d’autrefois qu’ils enviaient et
qu’ils ont remplacés ; à tel point que les invités ne sont admis qu’un
mois après l’ouverture, c’est-à-dire quand il ne reste à peu près plus rien à tuer.
» Quant à repeupler, nul n’y songe, si ce n’est avec
quelques lapins que l’on espère voir se cantonner pour les exterminer avant
qu’ils aient eu le temps de se multiplier. Mais le lièvre ? s’il allait
dans la chasse voisine, pensez donc ! ...
» Aussi conviendrait-il d’organiser la chasse comme la
pêche l’a été ... d’obliger les chasseurs à s’assurer ... de créer de
vastes réserves, de donner des primes substantielles pour la destruction des
nuisibles, de demander aux chasseurs des cotisations normales servant à
rétribuer des gardes sérieux, plus de gardes bénévoles qui considèrent la
chasse qui leur est confiée comme leur bien propre sur lequel il leur est
loisible de chasser impunément tous les jours ; bien heureux encore quand
ils n’invitent pas leurs amis sans l’assentiment du président.
Et M. Dechâtre de conclure :
« Si des mesures énergiques et rapides ne sont pas
prises, il ne nous restera plus que la suprême ressource de chasser ...
les casquettes. »
Procession de putois.
— « Me rendant un matin de septembre au hameau d’Ectot
par le chemin encaissé qui relie ce hameau à Saint-Valéry-en-Caux, j’eus la
surprise de voir surgir brusquement une masse sombre qui traversa le chemin à
quelques pas devant moi. Mon attention redoubla lorsque, à peu d’intervalle, un
second, puis un troisième animal traversèrent, sur les traces du premier.
J’étais alors à une quarantaine de mètres, je me hâtai pour essayer de voir
disparaître les trois bêtes et m’assurer de leur espèce. En vain !
» J’inspectai la « coulée » suivie, pour
relever des traces ; soudain, des buissons du talus d’en face, je vis
apparaître un, deux, trois putois à la queue leu leu. Ils traversèrent au même
endroit que les premiers et disparurent dans la direction d’un vieux bâtiment
de bois situé à 30 mètres.
Six putois en cinq minutes ! il s’agissait sans doute
d’une nichée rentrant de chasse et allant se cacher pendant le jour. Dommage
qu’un fusil n’eût pas été là pour les saluer au passage !
Louis GOUEL, Saint-Valéry-en-Caux.
Les palombes.
— « Mon article sur la quasi-disparition des
palombes dans la Grande-Lande, paru dans le Chasseur Français de février
1949, m’a valu un volumineux courrier, qui m’incite à revenir sur cette
question pour relever certaines omissions de mes correspondants occasionnels.
Un fait est certain, c’est que, même dans les régions boisées, les palombes
sont moins nombreuses qu’avant la guerre. Tous les chasseurs qui m’ont écrit
attribuent cette diminution à la multiplication exagérée des palombières. Bien
sûr, c’est la cause principale, mais il y en a d’autres. Certains défilés des
Pyrénées ne sont-ils pas le théâtre d’hécatombes massives ? Si je
dénombrais ici les palombes qu’un jour de grand passage j’ai vu s’engouffrer
dans les filets barrant le col de Sare (Basses-Pyrénées), bien que Landais, on
me traiterait de Marseillais. Enfin, pour que ce bilan de destruction soit
complet, il convient d’y faire figurer les palombes tuées au fusil hors des
chasses et celles capturées par les oiseaux de proie. »
C. ARNAUDIN, Laboucheyre (Landes).
Nidification de faucons pèlerins.
— Ce redoutable rapace, le plus grand des falconidés de
France, terreur de notre gibier, passe pour rare ; je croirais qu’il l’est
peut-être moins qu’on ne le dit, mais qu’il est le plus souvent confondu avec
les buses communes, les bondrées, les circaètes et les autours. Pour qui n’est
pas un peu naturaliste, la discrimination est malaisée. En tout cas, sa
nidification dans les forêts de l’intérieur n’est pas fréquente. Dans ma région
de la Vienne, aux confins du Poitou et du Limousin, elle est à peu près
inexistante. Les meilleurs auteurs, Audubon, Oberthür, Philippon, s’accordent
pour situer ses aires aux falaises abruptes de Picardie, de Normandie et de
Bretagne, où les colonies d’oiseaux marins lui paient un lourd tribut. Il s’en
était établi un couple dans mon bois de la Cygne qui prétendait traiter les
canards et les oisons du domaine comme du gibier marin. Brugier, le chef-valet,
y a mis bon ordre. Ayant repéré le nid sur un des plus grands chênes, il a
choisi le 25 mai, jour de l’Ascension, pour exécuter la sienne. Parvenu à
l’aire, bâtie au faîte de l’arbre, il en a ramené trois beaux poussins encore
en duvet gris, mais qui se défendaient déjà mauvaisement unguibus et rostro
des serres et du bec. Ils étaient gros comme de bonnes perdrix rouges et d’ici
peu auraient grossi ce vol de pirates. Rappelé au domaine, Brugier confia son
fusil à son jeune fils Marcel et le laissa en faction. Après quelques minutes
de guet, celui-ci put tirer la femelle, alors qu’elle constatait le désordre de
sa nichée. Elle tomba désailée et se défendit si vigoureusement que, pour la
capturer, Marcel B ... dut déposer son fusil. Malheureusement, car le mâle
arrivait juste à ce moment et s’enfuit sans être tiré.
J’ai mesuré la femelle, une fort belle bête, qui devait se
bien nourrir. Envergure 1m,23, longueur 0m,53.
Sachant que, lorsqu’un couple de pèlerins disparaît, un
autre reprend son aire au printemps suivant, nous avons laissé le nid intact.
Ainsi, en 1950, le jeune Marcel Brugier aura l’occasion d’un beau doublé.
Albert GANEVAL, à Luchapt (Vienne).
Association des huttiers et chasseurs de gibier d’eau.
— Au cours de son Assemblée générale tenue à Paris le
11 juin, l’Association des huttiers et chasseurs de gibier d’eau, après
avoir examiné le projet de loi sur la chasse présenté par le Gouvernement (no 6656),
demande au Parlement que, si le projet doit être adopté, il exclue tous les
terrains clos (attenant ou non à une habitation) du champ d’application de la
loi, et que, si la taxe sur les chasses n’est pas abolie, les sociétés
communales n’en soient pas exemptées, ce qui maintiendrait au moins un certain
équilibre garantissant les propriétaires désireux de garder leurs chasses
contre l’arbitraire. Elle s’élève notamment contre la juridiction d’exception
accordée aux juges de paix.
L’Assemblée générale constate par contre que la véritable
solution pour l’amélioration du gibier migrateur consiste en la création de
vastes réserves à caractère national, bien placées sur les voies de migration.
Elle rappelle que toutes les organisations ornithologiques, sociétés
protectionnistes et de défense de la nature, sont unanimes sur ce point.
L’Assemblée générale a pris en outre connaissance avec le
plus vif intérêt de divers projets de réglementation de la chasse en zone
maritime. Dans cet ordre d’idées, l’arrêté pris le 26 novembre 1948 par M. le
directeur de l’Inscription maritime de Bordeaux a été pour tous les chasseurs
sérieux une immense satisfaction. Elle souhaite qu’une réglementation identique
soit adoptée par l’ensemble du domaine maritime français.
À l’unanimité, elle demande avec instance aux pouvoirs
publics de poursuivre cette politique de conservation de l’avifaune migratrice.
Pour tous renseignements concernant
l’A. H. C. G. E., s’adresser a son président, comte de Valicourt,
Noyelles-sur-Mer (Somme).
Association des chasseurs et particuliers spoliés de leurs armes.
— Une association des chasseurs et particuliers spoliés
de leurs armes a été fondée le 30 mars, à Saint-Étienne. En font partie,
sans cotisation, et sur leur simple demande, les chasseurs et particuliers qui,
ayant, sur l’ordre des autorités de police et militaires françaises, déposé les
armes de chasse et de défense dont ils étaient détenteurs en 1940 et 1942,
n’ont pu, malgré leurs démarches insistantes, mais isolées, rentrer en
possession de leur bien. Pour tous renseignements, s’adresser à M. le
Dr Guy Marion, 13, rue de la Bourse, à Saint-Étienne.
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