Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°631 Septembre 1949  > Page 649 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Sports nautiques

Un yacht de croisière

Le coût élevé de la main-d’œuvre incite de plus en plus les amateurs à construire eux-mêmes leurs embarcations. Moths, canetons, canoés, bélougas, grondins ... etc., naissent ça et là, dans des remises, des caves, en appartement, dans les abris de fortune les plus divers, et un peu partout, sur les côtes aussi bien qu’au bord des lacs et des rivières en France comme dans les colonies. Certains de ces constructeurs improvisés, particulièrement dynamiques et charitables, ont pensé aux isolés en difficulté et ont fondé une association : Le réseau français des constructeurs amateurs de bateaux (1). Cette association en est encore à ses débuts, mais l’élan qu’elle paraît devoir prendre et le succès qu’elle rencontre permettent d’envisager son avenir avec confiance. On ne peut que recommander aux débutants d’adhérer à ce R. F. C. A. B., auprès duquel ils trouveront des conseils techniques précieux, une documentation spécialisée et des possibilités d’achats en commun pour les matériaux et accessoires nécessaires.

On considère, en général, que les amateurs ne peuvent construire des bateaux au delà de 6 à 7 mètres de long. En fait, lorsqu’on est capable de construire un yacht de 7 mètres, on peut tout aussi bien en construire un similaire en 8m,50. Les difficultés viennent de l’importance accrue des matériaux, de l’outillage, de l’atelier, surtout lorsque l’amateur travaille en solitaire. Le capital à investir augmentant en proportion, l’amateur ne peut solutionner le problème posé que dans l’association. Dès lors, tout se simplifie. Mais si vous ne voulez pas que tout se complique par la suite, sachez choisir votre partenaire et mettez bien au point les conditions de votre association.

Les plans standard qu’on trouve en librairie concernent les petites embarcations ne dépassant pas 6 à 7 mètres. L’étude présentée ci-contre vient combler une lacune en permettant de trouver à un prix modique des plans qui, commandés spécialement à un architecte, coûteraient environ dix fois plus.

Cette embarcation a été conçue et dessinée pour être facilement construite par un amateur. Elle peut recevoir quatre équipiers avec le maximum de confort qu’on puisse trouver dans un yacht de 2 tonnes et demie. Les intentions de l’architecte étaient les suivantes : simplicité de construction ; sécurité en mer ; économie ; confort suffisant pour vivre à bord pendant plusieurs semaines en mer ou dans les eaux intérieures. Ce cruiser rappelle le type norvégien par son arrière pointu et son gouvernail extérieur, et le racer par ses lignes tendues. La courbe de stabilité montre un bateau pratiquement inchavirable. Il sera à la fois rapide et marin, avec des mouvements très doux. La forme à angles vifs, dite forme en V, a été choisie pour simplifier la construction ou tout au moins pour en réduire la durée. Ce bateau devant pouvoir naviguer en rivière comme en mer, l’architecte a prévu plusieurs versions en dérives, quilles et ailerons. Enfin, tenant compte des goûts très particularistes du plaisancier français, rebelle à la standardisation, il a également étudié deux versions pour le gréement et pour les aménagements. Le bateau est relativement plat puisque, dérive relevée, il tire 0m,60, ce qui lui permet d’échouer facilement et de venir mettre doucement son nez sur les plages de ces petites criques abritées et sauvages qui font le charme de la croisière côtière.

La tenue en haute mer des bélougas et des grondins, aussi bien que la performance fameuse du « Spray » de Slocum ont démontré qu’il nous fallait réviser certaines conceptions. C’est depuis longtemps une opinion courante qu’un bateau, pour être marin, doit avoir « du pied dans l’eau ». On peut dire aujourd’hui qu’un bateau léger possédant une bonne stabilité de formes fera aussi bien qu’un yacht lourd et profond. Donc, économie de poids et de prix possible. Ici, nous avons un lest de 400 kilos qui peut être extérieur ou intérieur. C’est une question de prix qui décide. On choisira entre les gréements houari et Marconi suivant la destination du yacht. Les aménagements sont confortables avec deux versions, les variantes résultant des emplacements choisis pour la cuisine, la toilette et les armoires. Mais, dans l’ensemble, on trouvera un poste avant avec deux couchettes, une cabine avec deux autres couchettes (l’une de celles-ci pouvant être un lit à deux places), une table à réchaud, une toilette, évier, glacière, compartiment moteur, soutes et coffres divers et enfin un vaste cockpit pour six personnes. La hauteur sous barrots est de 1m,30 dans le poste avant et de 1m,70 dans la cabine où la largeur du plancher atteint 0m,80.

Voici d’ailleurs, pour résumer cette présentation, les caractéristiques numériques de cette unité :

Longueur totale 8m,50  
flottaison 7m,30  
Largeur maximum 2m,40  
Franc-bord avant lm,10  
arrière 0m,80  
Tirant d’eau coque 0m,60  
dérive basse 1m,55  
aileron bas 0m,95  
Déplacement   2t,500  
Lest   400 kilogrammes.
Surface voilure 31 mètres carrés.
Vitesse avec moteur 12 CV 10 nœuds (18km,500).

A. PIERRE.

(1) R. F. C. A. B. : 17 bis, avenue Longperrier, Villemomble (Seine).

Le Chasseur Français N°631 Septembre 1949 Page 649