Le coût élevé de la main-d’œuvre incite de plus en plus les
amateurs à construire eux-mêmes leurs embarcations. Moths, canetons, canoés,
bélougas, grondins ... etc., naissent ça et là, dans des remises, des
caves, en appartement, dans les abris de fortune les plus divers, et un peu
partout, sur les côtes aussi bien qu’au bord des lacs et des rivières en France
comme dans les colonies. Certains de ces constructeurs improvisés,
particulièrement dynamiques et charitables, ont pensé aux isolés en difficulté
et ont fondé une association : Le réseau français des constructeurs
amateurs de bateaux (1). Cette association en est encore à ses débuts,
mais l’élan qu’elle paraît devoir prendre et le succès qu’elle rencontre
permettent d’envisager son avenir avec confiance. On ne peut que recommander
aux débutants d’adhérer à ce R. F. C. A. B., auprès duquel
ils trouveront des conseils techniques précieux, une documentation spécialisée
et des possibilités d’achats en commun pour les matériaux et accessoires
nécessaires.
On considère, en général, que les amateurs ne peuvent
construire des bateaux au delà de 6 à 7 mètres de long. En fait, lorsqu’on
est capable de construire un yacht de 7 mètres, on peut tout aussi bien en
construire un similaire en 8m,50. Les difficultés viennent de l’importance
accrue des matériaux, de l’outillage, de l’atelier, surtout lorsque l’amateur
travaille en solitaire. Le capital à investir augmentant en proportion,
l’amateur ne peut solutionner le problème posé que dans l’association. Dès lors,
tout se simplifie. Mais si vous ne voulez pas que tout se complique par la
suite, sachez choisir votre partenaire et mettez bien au point les conditions
de votre association.
Les plans standard qu’on trouve en librairie concernent les
petites embarcations ne dépassant pas 6 à 7 mètres. L’étude présentée
ci-contre vient combler une lacune en permettant de trouver à un prix modique
des plans qui, commandés spécialement à un architecte, coûteraient environ dix fois plus.
Cette embarcation a été conçue et dessinée pour être
facilement construite par un amateur. Elle peut recevoir quatre équipiers avec
le maximum de confort qu’on puisse trouver dans un yacht de 2 tonnes et demie.
Les intentions de l’architecte étaient les suivantes : simplicité de construction ;
sécurité en mer ; économie ; confort suffisant pour vivre à bord
pendant plusieurs semaines en mer ou dans les eaux intérieures. Ce cruiser
rappelle le type norvégien par son arrière pointu et son gouvernail extérieur,
et le racer par ses lignes tendues. La courbe de stabilité montre un bateau
pratiquement inchavirable. Il sera à la fois rapide et marin, avec des
mouvements très doux. La forme à angles vifs, dite forme en V, a été
choisie pour simplifier la construction ou tout au moins pour en réduire la
durée. Ce bateau devant pouvoir naviguer en rivière comme en mer, l’architecte
a prévu plusieurs versions en dérives, quilles et ailerons. Enfin, tenant
compte des goûts très particularistes du plaisancier français, rebelle à la
standardisation, il a également étudié deux versions pour le gréement et pour
les aménagements. Le bateau est relativement plat puisque, dérive relevée, il
tire 0m,60, ce qui lui permet d’échouer facilement et de venir mettre doucement
son nez sur les plages de ces petites criques abritées et sauvages qui font le
charme de la croisière côtière.
La tenue en haute mer des bélougas et des grondins, aussi
bien que la performance fameuse du « Spray » de Slocum ont démontré
qu’il nous fallait réviser certaines conceptions. C’est depuis longtemps une
opinion courante qu’un bateau, pour être marin, doit avoir « du pied dans
l’eau ». On peut dire aujourd’hui qu’un bateau léger possédant une bonne
stabilité de formes fera aussi bien qu’un yacht lourd et profond. Donc, économie
de poids et de prix possible. Ici, nous avons un lest de 400 kilos qui
peut être extérieur ou intérieur. C’est une question de prix qui décide. On
choisira entre les gréements houari et Marconi suivant la destination du yacht.
Les aménagements sont confortables avec deux versions, les variantes résultant
des emplacements choisis pour la cuisine, la toilette et les armoires. Mais,
dans l’ensemble, on trouvera un poste avant avec deux couchettes, une cabine
avec deux autres couchettes (l’une de celles-ci pouvant être un lit à deux
places), une table à réchaud, une toilette, évier, glacière, compartiment
moteur, soutes et coffres divers et enfin un vaste cockpit pour six personnes.
La hauteur sous barrots est de 1m,30 dans le poste avant et de 1m,70
dans la cabine où la largeur du plancher atteint 0m,80.
Voici d’ailleurs, pour résumer cette présentation, les
caractéristiques numériques de cette unité :
Longueur |
totale |
8m,50 |
|
— |
flottaison |
7m,30 |
|
Largeur |
maximum |
2m,40 |
|
Franc-bord |
avant |
lm,10 |
|
— |
arrière |
0m,80 |
|
Tirant d’eau |
coque |
0m,60 |
|
— |
dérive basse |
1m,55 |
|
— |
aileron bas |
0m,95 |
|
Déplacement |
|
2t,500 |
|
Lest |
|
400 |
kilogrammes. |
Surface |
voilure |
31 |
mètres carrés. |
Vitesse |
avec moteur 12 CV |
10 |
nœuds (18km,500). |
A. PIERRE.
(1) R. F. C. A. B. : 17 bis,
avenue Longperrier, Villemomble (Seine).
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