Les anciens connaissaient l’or dès la plus haute
antiquité ; ils en possédaient fort peu. Ils exploitèrent les gites
alluvionnaires des rivières de Lydie, d’où sortaient les trésors de Crésus. Ils
le cherchèrent en d’autres lieux. Les Phéniciens, grâce à leur marine, le
recherchèrent un peu partout en Europe et probablement même jusqu’en Afrique
Occidentale.
Les Carthaginois, qui prirent leur suite, exploitèrent les
mines d’Espagne et vinrent acheter l’or en Afrique. .Ils remontèrent le fleuve
(indubitablement le Sénégal), débarquaient à proximité des installations
indigènes, déposaient des marchandises sur la berge, puis remontaient à bord de
leurs navires. Les Noirs, à leur tour, venaient reconnaître les objets offerts
et déposaient à côté la quantité d’or offerte en échange, puis ils se
retiraient. Les Carthaginois débarquaient à nouveau et prenaient l’or si la
quantité était équivalente à la valeur des marchandises ; sinon, ils
laissaient le tout en l’état et remontaient sur leurs vaisseaux, attendant que
les Noirs apportassent une plus grande quantité d’or. Après plusieurs
marchandages de cette espèce, l’affaire était conclue, et les parties
satisfaites.
Ce trafic ne pouvait se faire que sur les rives du Sénégal,
de la Gambie, de la Casamance, des rivières de Guinée portugaise et de la
Guinée française, les rios Nunez, Dubréka et voisins.
Après la destruction de Carthage, Rome essaya de s’emparer
des richesses de son ennemie. Feu Maurice Besson nous apprend qu’une expédition
navale, commandée par Polybe, longea la côte d’Afrique jusqu’au pied d’un
volcan (le mont Buéa ou Cameroun), détruisant les comptoirs qu’elle trouva.
L’action romaine militaire et brutale ne pouvait se substituer à la souplesse
des marchands de Carthage.
Ne pouvant s’emparer de l’or africain, Rome se décida à la
conquête de la Gaule, dont elle exploita les riches gisements aurifères (pour
l’époque), des Alpes, du Rhône et surtout du Massif Central (Jules César put
fournir les moyens d’émettre la première monnaie d’or de la République). L’exploitation
de l’or alluvionnaire en France n’a cessé qu’à la fin du siècle dernier, quand
le prix de la journée de travail dépassa deux francs, ce qui détermine la
récolte des orpailleurs du Rhône à une moyenne de deux tiers de gramme par
jour.
Malgré la destruction de l’Afrique romaine, le souvenir de
l’or africain ne se perdit point. L’Empire juif, qui du IXe au XIe siècle
s’étendit du Maroc au Bambouck par la route des oasis du Sahara, le Soudan et
le Tagant, avait comme principale activité économique le trafic des caravanes,
en particulier celui de l’or. Le souverain du Tagant entravait son cheval en
l’attachant à une énorme pépite d’or.
Peu après, Anselme Isalguiers nous révéla les richesses de
l’Empire de Gao.
Au XVIe siècle, le sultan du Maroc envoya
une forte expédition pourvue d’artillerie et d’un équipement fluvial, commandée
par le pacha Djouder, à la conquête de Tombouctou. Les exploitations aurifères
furent interrompues.
Enfin les expéditions maritimes recommencèrent. Binger nous
signale que, dès 1270, deux navires de Dieppe viennent à la Côte d’Ivoire,
touchent à El Mina, chargent divers produits, particulièrement de l’or, et
continuent leurs visites jusqu’à la guerre de Cent ans.
Par des documents arabes, nous savons que l’or fut reconnu
et exploité dans la région de l’oued Noun dans le rio de l’Ouro et son
hinterland, ainsi qu’en Mauritanie française, où un marché d’or se tenait à Ouadane,
précédant celui de Tombouctou.
Aux XIVe et XVe siècles, les
Portugais commencent leurs expéditions maritimes. Ils sont établis au Maroc,
exploitent des mines diverses sans négliger l’or. Ils descendent la côte
d’Afrique.
Les Hollandais surviennent et font de même. L’administrateur
en chef Pobéguin a retrouvé les traces de leurs exploitations et en Guinée, dans
le Bouré, les restes d’une route faite par eux.
En 1339, les Dieppois sont revenus dans le golfe de Guinée.
En 1582, une compagnie de Rouen s’installe dans une île du Sénégal. Mais ce
n’est qu’en 1626, sous l’impulsion de Richelieu, qu’une organisation fut faite,
et Saint-Louis du Sénégal fondée, dont les directeurs ultérieurs De La Coubre
et André Brue reconnurent l’accès au Soudan et visitèrent le Bambouck.
Tous ces navigateurs étendirent le commerce le long de la
côte de Guinée, recherchant l’or, l’ivoire, les bois précieux, la malaguette,
tout en pratiquant le fructueux commerce des esclaves qui dura jusqu’au milieu
du dernier siècle.
Le commerce fut assaini par la prise de possession des côtes
par les puissances coloniales.
Les gisements d’or s’étendent en Afrique à peu près depuis
le Cap Vert jusqu’à Kilo-Moto au Congo belge, où ils rencontrent ceux allant de
l’Afrique du Sud à l’Éthiopie.
Avant la dernière guerre, il sortait par an une vingtaine de
tonnes d’or de tous ces pays, dont environ quatre tonnes de
l’A. O. F. qui pourrait en donner quatre à cinq fois plus avec un
matériel et un personnel convenables.
Actuellement l’exploitation de l’or est soumise en
l’A. O. F. à une réglementation minière très stricte et à des accords
internationaux qui, jusqu’à ces derniers temps, ne permettaient pas la vente
libre de l’or, imposant un prix ne couvrant pas les dépenses d’extraction.
Espérons maintenant que les exploitations les plus payantes pourront disposer
de capitaux suffisants pour reprendre leurs travaux.
V. TILLINAC.
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