La période des croisières, commencée au printemps, se
termine avec l’automne, les vacances de la Toussaint pouvant encore être
consacrées à la descente d’une rivière de difficultés moyennes, choisie de
préférence dans une région boisée pour jouir du merveilleux spectacle qu’offre
la forêt à cette époque.
Cependant les mois d’hiver ne doivent pas interrompre
l’activité du canoéiste, mais seulement la réduire. Outre l’entraînement, qui
fera l’objet de notre prochaine causerie, vous consacrerez sans regrets quelques
journées maussades à l’entretien de votre canoé.
Après une saison bien remplie, un canoé qui a beaucoup
voyagé a besoin de réparations superficielles, que vous prendrez plaisir à
effectuer vous-même avec un peu d’adresse et un outillage réduit. Les réparations
importantes, membrures ou frises de bordé à changer, doivent être confiées à un
spécialiste, de préférence au constructeur du bateau, si vous ne possédez pas
l’expérience et l’outillage nécessaires pour les mener à bien.
Un canoé tout bois doit recevoir une couche de vernis
extérieurement, tous les ans, après un ponçage sérieux effectué au papier de
verre ou à la paille de fer très fine, si vous pouvez vous en procurer.
N’employez, naturellement, que du vernis marin de première qualité, que vous
appliquerez avec un pinceau large et plat (queue-de-morue). Le profane a
toujours tendance à utiliser trop de vernis ; il importe surtout de bien
le travailler, de le tirer dans tous les sens, en terminant parallèlement aux
frises. On doit vernir à l’abri de la poussière, dans un local où la
température n’est pas inférieure à 15° ; attendre au moins une semaine
avant de remettre le bateau à l’eau.
L’intérieur du canoé ne sera reverni que tous les deux ou
trois ans, mais il est bon de passer, les autres années, une couche d’huile de
lin avec un tampon d’ouate.
Sur un entoilé, une peinture de bonne qualité, appliquée sur
un enduit résistant, doit durer plusieurs années. Avant de repeindre, il faut
poncer énergiquement, faire les raccords qui s’imposent à l’enduit, poncer à
nouveau après séchage, au papier de verre fin, pour obtenir une surface
parfaitement lisse et appliquer deux couches de peinture laquée, comme il a été
dit pour le vernis.
En ce qui concerne les petites réparations, ce sont surtout
les étraves et quilles d’échouage qui en auront besoin. Vérifiez les
contre-étraves en métal, il est bien rare que quelques clous ne soient pas à
changer après bouchement du trou par une cheville de bois.
L’étrave elle-même peut être écrasée ou légèrement déportée à
la suite d’un choc. Il n’est pas difficile de la déposer et de la revisser en
place immédiatement pour éviter qu’elle ne se déforme. La partie écrasée sera
découpée et remplacée par une pièce de bois dur vissée et collée à la colle Certus
ou à la Caurite, comme l’indique la figure 1.
Les quilles cassées ou usées seront remplacées, en
ayant soin de boucher les anciens trous de clous, petite opération qui aurait
de graves conséquences si elle était négligée sur un entoilé. Il est nécessaire
d’être deux pour river les clous à l’intérieur du bateau.
Il existe des pâtes de bois avec lesquelles vous pourrez
boucher les éraflures ou même les petites fentes avant de vernir.
Si vous possédez un kayak et que vous ne l’utilisiez pas
pendant plusieurs mois, il faut talquer l’enveloppe avant de la ranger à l’abri
de la chaleur. Il existe des produits d’entretien pour la peau de kayak dont
votre fournisseur vous indiquera l’usage. L’armature sera soigneusement
vérifiée, et il est généralement facile de remplacer ou de réparer une partie
défectueuse.
Passons maintenant les accessoires en revue :
Le pontage et les bosses doivent être rincés à l’eau douce
après un séjour à la mer. Avant de les ranger, vous vérifierez les coutures du
pontage et changerez les sangles de protection si elles sont usées.
Le chariot sera débarrassé de toutes traces de rouille et
repeint, les roulements graissés, les pneus démontés et talqués.
Les pagaies, surtout, retiendront votre attention. Si
elles n’étaient pas revernies, elles s’imprégneraient d’eau et se déformeraient
en séchant au soleil. L’extrémité des pales s’use vite au contact des rochers,
il faut leur redonner leur tranchant en les limant et les protéger par un
embout en laiton (fig. 2) si l’on constate l’amorce de fentes.
Ne croyez pas qu’une pagaie ébréchée ou fendue ne
soit plus utilisable. Suivant les indications de la figure 3, recoller la
partie détachée, entailler l’extrémité de la pale aux deux faces et y coller, à
la Certus ou à la Caurite, deux morceaux de placage de bois dur, en disposant
les fibres perpendiculairement à celles de la pagaie. Une pagaie ainsi réparée
fera encore un long usage.
Outre l’entretien et les réparations, vous profiterez de
l’hiver pour apporter à votre bateau et à l’équipement toutes les améliorations
jugées utiles au cours de la saison précédente. Avant de ranger vos outils,
vous préparerez la trousse de réparation que vous emporterez toujours en
croisière et qui comprendra : un petit marteau, une pointe carrée, un
tournevis, une petite pince universelle, un assortiment de pointes et vis en
cuivre, un rouleau d’albuplast de 0m,05 de largeur, du papier de
verre et quelques bandes de bois mince d’une largeur égale à l’espace compris
entre deux membrures. Pour un entoilé, ajouter un morceau de forte toile et un
peu d’enduit.
Pour un kayak, avec les mêmes outils, prendre de la toile,
un morceau de peau caoutchoutée, gros fil, aiguilles, dissolution ;
baguettes de bois et viroles pour l’armature. Le nécessaire de réparation pour
les pneus de chariot prendra place également dans votre trousse.
Ainsi, dès les premiers beaux jours, vous serez prêts à
repartir vers de nouveaux horizons, avec un matériel parfaitement au point, et
c’est là l’un des principaux facteurs de réussite.
G. NOËL.
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