L'oignon, considéré seulement au point de vue de la
production des bulbes destinés à la consommation, se cultive généralement comme
plante annuelle estivale. Le mode de culture adopté en la circonstance consiste
à semer les graines d'oignon de couleur au début du printemps pour récolter les
bulbes à la fin de l'été ou en automne ; le cycle évolutif de la plante se
produit alors dans le cours d'un seul été ; c'est le mode de culture qui
est le plus fréquemment employé dans le Centre et le Nord de la France, là où
l'oignon est produit en quantités importantes et, pour ainsi dire, en grande
culture.
Le semis se fait dès la fin février ou dans le courant
de mars en bonne terre, bien fumée et bien pulvérisée à la surface, tout en
étant un peu ferme. On sème soit à la volée à raison de 250 à 300 grammes de
graines à l'are, soit en lignes espacées de 25 à 30 centimètres, ce qui réduit
à 150 ou 200 grammes la quantité de graines à employer par are.
La graine doit être très peu enterrée ; le mieux
consiste à la recouvrir par un simple et léger coup de râteau, puis on tasse le
sol. Lorsque la levée est complète et que les jeunes plantes ont 4 à 5
centimètres de hauteur, on éclaircit plus ou moins selon le volume de la
variété cultivée.
Dans le cours de la végétation, on entretient le sol propre
et meuble en surface par des sarclages et des binages. Les arrosages ne sont
indispensables que dans les cas d'extrême sécheresse ; toutefois, dans les
régions méridionales, on est parfois dans la nécessité de pratiquer quelques
irrigations. Ces dernières doivent toujours être suspendues trois semaines au
moins avant la maturité des bulbes.
Pour hâter la maturation, on a coutume, dans le Nord, de
coucher les tiges sur le sol. Cette pratique n'est à conseiller qu'en année
humide, lorsque la maturité menace d'être trop tardive. Tout autrement, le
couchage présente l'inconvénient d'entraver le développement final des bulbes
et de nuire à leur bonne conservation. Dans les terrains compacts, il est
prudent, lorsque l'année est pluvieuse, de déchausser superficiellement les
bulbes afin d'éviter la pourriture.
Autant que possible, on récolte par temps sec, quand les
tiges et les feuilles sont fanées, généralement fin juin-courant juillet dans
le Midi, en août-septembre dans le Centre et le Nord. On laisse les oignons se
ressuyer sur le sol pendant quatre à cinq jours, puis on les rentre, pour
l'hiver, dans un local sain, bien aéré, à l'abri des fortes gelées.
Dans certaines régions, on sème l'oignon de préférence à
raison de 800 à 900 grammes à l'are, en recouvrant le semis de 1 à 2
centimètres de terreau. Le plan est arraché quand il atteint 15 à 20
centimètres et on le repique en place à 15 centimètres d'écartement en tous
sens après l'avoir habillé en coupant l'extrémité des feuilles et des racines.
Ce repiquage se fait au moyen d'un plantoir en prenant soin de ne pas trop
enterrer la plante et de borner fortement celle-ci à l'aide d'un deuxième coup
de plantoir donné à proximité du premier trou de façon à presser la terre
contre les racines. On complète l'opération par un arrosage. Par la suite, les
façons culturales sont les mêmes que celles données aux oignons semés en place.
L'oignon est avide d'acide phosphorique et de potasse, les
fumures un peu fortes en azote, par contre, lui sont nuisibles. L'emploi du
fumier frais n'est pas à conseiller, car il est souvent la cause de la
pourriture des bulbes. Il y a donc avantage à réserver à cette culture des
terres fumées depuis déjà un certain temps et d'incorporer au sol par un léger
labour les fumures suivantes :
|
à l'are |
Scories de déphosphoration ou superphosphate de chaux |
3 à 4 kilos |
Sulfate de potasse ou chlorure de potassium |
1kg,500 |
Nitrate de soude |
0kg,500 à 1 kilo |
Ce dernier à répandre avant le premier binage.
Parmi les variétés d'oignons les plus cultivées en vue de la
consommation hivernale, nous signalerons :
L'oignon jaune-paille des Vertus :
- cette variété est assez précoce et extrêmement
productive ; elle se conserve parfaitement bien. C'est la plus répandue
pour la culture en grand dans les environs de Paris.
L'oignon jaune de Cambrai :
- cette variété est très voisine de la précédente ;
l'oignon de Cambrai est productif et de bonne conservation.
L'oignon jaune gros du Nord, synonyme géant Zittau :
- dans cette variété, le bulbe est gros et large à
épiderme saumoné. C'est une belle race, productive et de très bonne garde.
L'oignon jaune de Moissac, ainsi que l'oignon
jaune de Lescure :
- ne sont autres que des sous-variétés de l'oignon jaune-paille
des Vertus. Les bulbes en sont plus gros, plus plats. Ces races locales sont
très appréciées dans le Sud-Ouest de la France.
L'oignon géant d'Espagne :
- c'est un oignon de race méridionale, recommandable
surtout pour le Midi de la France, l'Algérie et le Maroc, d'où on l'exporte en
grandes quantités sur l'Angleterre.
Comme tous les végétaux, l'oignon est susceptible d'être
attaqué par un certain nombre d'insectes et de maladies. Au nombre des insectes
qui occasionnent d'importants dégâts dans les cultures de liliacées et, en
particulier, dans celle de l'oignon, se classent en premier lieu les anguillules.
Les jeunes plantes sont attaquées pendant la germination et présentent au bout
de peu de temps un aspect caractéristique. Les feuilles se renflent, se
courbent vers le sol, les bulbes éclatent et pourrissent.
La seule mesure à prendre lorsqu'une culture est infestée
consiste à arracher et à brûler toutes les plantes atteintes afin d'enrayer les
dégâts. D'autre part, il sera prudent de ne pas renouveler la culture sur le
terrain contaminé au moins avant quatre ans.
Un autre déprédateur est la mouche de l'oignon. Ce
diptère s'attaque aux oignons, échalotes, poireaux, et occasionne parfois des
dégâts considérables.
La larve creuse des galeries à la base des plantes et des
bulbes qui pourrissent, ce qui entraîne le dépérissement, puis la mort des
sujets atteints.
La lutte présente certaines difficultés, et plusieurs
méthodes ont été préconisées. Il est nécessaire, en premier lieu, d'arracher et
de brûler toutes les plantes contaminées. Il est, en outre, possible de limiter
les dégâts en opérant des semis tardifs (fin avril, début mai).
Comme procédé de lutte directe, il est recommandable de
pratiquer quelques arrosages avec une émulsion de D. D. T. à la dose
prescrite par le fabriquant peu après la levée ou la plantation des jeunes
oignons.
Outre les insectes, il est également certaines maladies
occasionnées par des champignons qui peuvent causer des ravages importants dans
les cultures d'oignon. Les plus fréquentes parmi celles-ci sont :
La pourriture blanche : au printemps lorsque
oignons et poireaux sortent de terre, les jeunes plantes jaunissent parfois, tombent,
se laissent facilement arracher. L'affection se manifeste en général par taches
isolées dans les cultures.
Lutte : alterner les cultures ; semer et cultiver
l'oignon en sol meuble.
La pourriture grise de l'oignon : c'est une
maladie susceptible d'occasionner d'appréciables dégâts dans les cultures et
durant la période de conservation des bulbes. Les feuilles et les tiges des
plantes attaquées jaunissent prématurément en juillet-août et se couvrent d'un
feutrage grisâtre. Les bulbes sont également souvent attaqués ; ils
portent alors des lésions molles et ratatinées.
Pendant la conservation des oignons, cette maladie s'étend
et de petits corps durs et noirs apparaissent contre les écailles, les bulbes
pourrissent et dégagent une odeur désagréable.
Lutte : bien laisser sécher les oignons avant de les
rentrer. Pratiquer l'alternance des cultures. Éviter de faire des cultures
d'oignon sur des terrains compacts ou sur ceux ayant reçu depuis peu de temps
une forte fumure organique.
A. GOUMY,
Ingénieur horticole.
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