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La place de l'Afrique dans les minerais

Le sous-sol africain renferme d'importants minerais, mais il semblerait que de très sérieuses prospections, surtout avant guerre, aient été entreprises, il s'agit dans ce domaine, comme dans certains autres, de maintenir l'hégémonie de sociétés et de maintenir ainsi les cours. Voici les principaux gisements exploités et exploitables :

Charbon.

— Importants gisements houillers dans l'Atlas (Nord et Sud du Maroc), Sud malgache.

Pétrole.

— 12 millions de barils sur 1.500 millions de production mondiale. Ils proviennent principalement d'Égypte. Gisements découverts au Gabon (mont Cristal), Tunisie (cap Bon), Madagascar, République d'Orange, Maroc (Gharb).

Phosphates.

— L'Afrique fournit plus de la moitié des besoins mondiaux. Les plus importants gisements sont en Tunisie et au Maroc.

Fer.

— 3 millions de tonnes sur 170 millions, il provient surtout de l'Afrique du Nord. Des réserves inexploitées et considérables existent en A. O. F. et en A. E. F. (Cameroun et Congo), ainsi que dans l’Union Sud Africaine.

Cuivre.

— 136.000 tonnes pour 1 million 520.000 tonnes de production mondiale. En dehors du Katanga (Congo belge), qui fournit la plus grande partie, d'autres gisements existent en A. O. F. et en A. E. F.

Or.

— 355.000 kilogrammes sur 600.000 kilogrammes (production mondiale). Gisements principaux en Afrique du Sud (or minier) et A. E. F. Or alluvionnaire en A. O. F.

Diamants.

— 95 p. 100 de la production mondiale. Exploitation au Transvaal, au Namaqualand et au Tanganyika. Présence de diamants aux Congos français et belge.

Radium.

— L'Afrique, selon certains experts, pourrait satisfaire les besoins mondiaux.

Wolfram, molybdène, cobalt, manganèse et plomb au Sud marocain.

Enfin, le graphite et le mica à Madagascar.

En raison de la rareté de ces derniers minerais dans le monde, il est utile de souligner les gisements français de Madagascar.

Pour le graphite, avec Ceylan, Madagascar est à peu près la seule productrice de graphite dans le monde. Il en a été trouvé aussi en Indochine et en Afrique équatoriale, mais ces gisements n'ont pas fait l'objet jusqu'à présent d'extraction rationnelle, ni d'exportation notable. Madagascar ne fournit que le graphite en paillettes, tandis que Ceylan le fournit en aiguilles. Le minerai en paillettes est recherché pour la fabrication des produits réfractaires, notamment des creusets destinés à la fusion des aciers fins. Les poudres servent à l'état colloïdal dans les lubrifiants et les couleurs. Les qualités en haute teneur en carbone sont absorbées par l'industrie électrique pour la fabrication de contacts tournants (balais de dynamo, etc.).

Les demandes de ce minerai sur les marchés sont, la plupart du temps, fonction de la marche de l'industrie sidérurgique, aussi faut-il voir une variation prononcée dans les exportations. Les consommateurs sont les pays à industrie lourde très développée : U. S. A., Angleterre, France, Allemagne, Japon, Italie, U. R. S. S. La France, l'Angleterre et l'Allemagne sont les clients du graphite malgache, qui a un titre plus élevé que celui de Ceylan. Pour l'Allemagne et le Japon, il s'agissait d'avant guerre. Les U. S. A. se fournissent à Ceylan.

Il a été établi des usines mobiles au coût peu élevé produisant 500 à 1.000 tonnes par an de graphite à haute qualité. L'aménagement n'exige qu'un Européen et une centaine d'ouvriers. Le prix du graphite avant guerre, nu sur le carreau, revenait à peine à 300 francs.

Quant au mica, celui-ci provient d'une certaine roche appelée « Toby ». Il y a deux sortes de mica. Le mica phlogopite (ou mica ambré) et le mica muscovite (ou mica blanc « Ruby »). Le premier est exploité à Madagascar, aux U. S. A. et au Canada. Le second, au Brésil et aux Indes. Le second a une résistance moindre à la chaleur. Toutefois, pour certains usages, il concurrence la phlogopite. Les grandes plaques servent à faire des isolants (3 mm. d'épaisseur). Ils constituent les « splittings », qui, agglomérés par des résines appropriées, sont des isolants économiques, faciles à monter et à usiner. Certains « splittings » sont utilisés comme isolants de bougies de moteurs d'aviation et d'automobile. Les grandes dimensions atteignaient avant guerre 150 francs le kilogramme. Les gisements malgaches sont incomplètement exploités. Des explorations effectuées annoncent de grandes possibilités. La production mondiale était, avant guerre, de 5.000 tonnes, soit 2.000 tonnes aux Indes, 1.600 au Canada, 500 aux U. S. A., 600 de Madagascar.

La muscovite est un silicate d'alumine et de potasse. La phlogopite est un silicate d'alumine, de potasse et de magnésie, La muscovite a son nid, le plus souvent, dans les pegmatites à gros éléments, la phlogopite accompagne les pyroximites, remplissant les géodes de cette roche. Il y a à Madagascar quelques gisements également de muscovite. Les U. S. A. étant les plus gros consommateurs du monde, New-York donne la cote de ce minerai. À Madagascar, les principales provinces productrices de phlogopite sont : Betroka, Ambovombé. Tullar, Vangaindrano. Les réserves de ce minerai seraient considérables. L'extension du réseau routier dans le Sud doit permettre d'exploiter des déchets. Le service des mines fait des études de ses caractéristiques et emploie une machine électrostatique à tension variable pour déterminer la résistance au claquage de chaque feuille et à trois sources au moins de lumière monochromatique pour l'étude de la coloration. Les résultats des expériences ont orienté la poursuite de recherches ayant pour but de tirer parti au maximum de cette richesse.

R. GÉRONIMI-DE-SAINT-PÈRE.

Le Chasseur Français N°642 Août 1950 Page 502