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Courrier cynégétique

Passage de cygne.

— M. Joly Bernard, abonné à Cocquerel (Somme), nous a signalé un passage de quatre cygnes, le 4 juin dernier, vers 8h.30 du soir. Ce petit volier passait assez bas, semblant s'être levé de l'étang de Long.

Corbeau prolifique.

— M. E. Legrand, abonné au Calvados, fait, depuis son jeune âge, la chasse aux corbeaux, s'attaquant particulièrement aux nids. Or, au printemps dernier, allant détruire un nouveau nid, il a eu la surprise de le trouver garni de neuf œufs, fait absolument anormal, le maximum observé jusqu'ici étant de six au plus.

Attaqué par un hibou.

— La scène se passait le 10 mai dernier, à vingt et une heures environ, dans le parc de la Faculté de Droit de Toulouse.

À l'aide d'une échelle, un agent de ladite Faculté s'était hissé jusqu'au sommet du tronc d'un vieil arbre creux pour dénicher de jeunes hiboux dont la présence avait été, en ce lieu, révélée. Pendant qu'il faisait main basse sur sa capture convoitée (les hiboux sont, à la Faculté, plus nuisibles qu'utiles, en raison du nombre de jeunes oiseaux qu'ils détruisent), le père hibou (ou la mère), sans doute moins pacifique que celui du moulin d'Alphonse Daudet, s'est élancé en « piqué » sur notre dénicheur, lui portant, sur le crâne, dans un temps record, un violent coup de bec et deux profonds coups de griffes, provoquant une hémorragie du cuir chevelu. Notre homme, tout surpris, mais, malgré tout, en possession de trois jeunes « nocturnes » et de tous ses moyens, n'a nullement songé à refaire l'expérience d'une nouvelle attaque aérienne de cette nature.

J. LAPORTE, abonné, Toulouse.

Palombes de Paris.

— J'ignore si le fait est rare, mais il me paraît assez curieux pour mériter d'être signalé. Chacun sait que les palombes aiment Paris et qu'elles sont nombreuses dans les parcs et les jardins où elles élisent domicile, pendant la belle saison, en compagnie des grives, merles et moineaux.

Les palombes, qui nous quittent en octobre et nous reviennent en février, si craintives et peureuses à la campagne, deviennent, en ville, d'une familiarité qui surprend (les merles aussi, d'ailleurs). Elles viennent volontiers dans les cours de récréation de nos lycées pour glaner les miettes de pain qu'après chaque repas y éparpillent nos internes. Elles se hasardent même sur les rebords des fenêtres qu'une main secourable a garni de déchets de cuisine. Mais c'est bien la première fois, à ma connaissance du moins, qu'un couple a choisi, pour bâtir son nid, un platane du boulevard Saint-Michel, en face du Lycée Saint-Louis, et exactement au-dessus d'un arrêt d'autobus.

Au moment où j'écris, les palombes couvent, sans paraître incommodées le moins du monde par le bruit et le mouvement de la grande artère. Elles assurent, à tour de rôle, leur fonction, en contemplant d’un œil blasé ou indifférent les humains qui font la queue devant le cinéma d'en face ou le monôme tapageur des étudiants en goguette.

M. DÉLERY, abonné.

Fédération départementale des chasseurs de l'Yonne.

— Au cours de sa dernière assemblée générale, la Fédération a protesté avec véhémence contre la délivrance abusive des prolongations de chasse pour la destruction des nuisibles après la fermeture générale. Elle demande que la réglementation de ces destructions soit désormais édictée par le Conseil supérieur de la chasse.

Elle demande, en outre, le retour à l'ancien mode de délivrance du permis de chasse, ainsi qu'une réglementation ministérielle de la chasse au furet, cet animal devant être déclaré par son propriétaire au même titre que le chien de chasse, et son emploi devant nécessiter la détention du permis de chasse.

Fédération départementale des Chasseurs de Seine-et-Oise.

— Le rapport lu à la dernière assemblée générale fait état du tableau de destructions des nuisibles opérées en 1949 par les gardes : total de 5.829, dont 1.794 puants et 4.035 rapaces et divers.

En ce qui concerne le gibier de repeuplement, il a été confirmé que les services vétérinaires maintiennent toujours les interdictions d'introduction des oiseaux gibier, en raison de la peste aviaire qui sévit encore dans les pays d'origine, et rappelé que pour la campagne de 1949-1950 les départements formant la région cynégétique de Paris ont reçu des perdreaux provenant de la réserve d'Artenay. Sur les 250 couples capturés, 15 couples environ ont pu être mis à la disposition du département. En ce qui concerne le faisan, la région cynégétique de Paris recevra, en 1950-1951, une partie des faisans provenant des parcs nationaux de Chambord et des Vaux de Cernay. Quant aux lièvres, des dérogations ont été accordées pour leur introduction et les importateurs ont pu donner satisfaction au plus grand nombre de demandes, mais à des prix fort élevés. En présence de ces difficultés, il a été rappelé combien il y a intérêt :

1° À créer des centres de sauvetage d'œufs de perdrix ;

2° À constituer des réserves de chasse avec des territoires suffisamment étendus, et qui intéresseraient, de préférence, plusieurs communes. Les résultats obtenus à ce sujet par les sociétés locales, bien que fort appréciables, puisque ce département compte 304 sociétés avec 115 réserves pour 7.814 hectares, ne sont pas suffisants, et il importe d'intensifier cet effort pour développer la production du gibier.

Les membres de l'Assemblée procédèrent ensuite à divers échanges de vues, notamment, au sujet de l'ouverture et de la fermeture de la chasse, de la destruction des nuisibles, de l'empoisonnement des corbeaux.

Ils entendirent un exposé très documenté sur la réserve de perdreaux du territoire d'Artenay, fait par M. le conservateur des Eaux et Forêts Vidron, et le texte des vœux ci-après fut adopté :

    — réglementation de la vente et de l'emploi du glucochloral ;
    — permis unique, avec facilités de délivrance, telles qu'elles existaient avant 1939 ;
    — retrait du permis de chasse, à temps, pour les braconniers ;
    — assurance chasse obligatoire ;
    — groupement, sur un territoire communal, des parcelles disséminées, pour former un bloc d'un seul tenant ;
    — échange obligatoire de territoires, en vue de la création de réserves de chasse d'un seul tenant et d'une superficie suffisante.

Une prise facile.

— Jeudi 6 avril, à 17 heures, M. Delfaud, instituteur à Biras(Dordogne), rentrait d'une promenade en auto, lorsque, à 1.500 mètres de son domicile, il aperçut à 200 mètres de lui un superbe lièvre arrêté au milieu de la route. Après avoir klaxonné plusieurs fois, il descendit de voiture, et sans aucune précaution se saisit du lièvre.

M. Delfaud pensa tout de suite que l'animal était blessé, il le mit donc dans sa voiture après lui avoir attaché les pattes.

Arrivé chez lui, en présence de quelques amis, M. Delfaud examina soigneusement le lièvre et ne constata rien d'anormal. C'était un superbe mâle pesant au moins 2kg,500.

Nos chasseurs occasionnels décidèrent de lâcher ce lièvre dans la réserve de chasse toute proche. Ainsi fut fait, et M. Delfaud, armé de sa caméra, put mitrailler à loisir sa prise, le lâcher ayant lieu dans un pré.

Notre capucin se mit à détaler à toutes jambes vers le bois voisin, où son instinct lui disait sans doute qu'il trouverait un lieu plus propice à ses ébats que la voiture de M. Delfaud.

M. AYMARD, Biros (Dordogne).

Destructions de nuisibles.

— M. Léonce Rozeron, de Chateauneuf-d'Isère, constatait chaque jour la disparition des poulets de sa basse-cour. Un renard rôdait, sans nul doute. M. Rozeron en avertit le président de la société de chasse, M. Louis Bernard. Accompagné du garde fédéral, M. Henri Estran, et d'un membre de la Saint-Hubert, M. Courbis, le président se rendit sur les lieux. On découvrit un terrier, on en effectua le gazage, et on attendit. Une heure après, une superbe renarde, par l'odeur évincée, sortit du terrier et fut abattue. Une deuxième renarde suivit, qui fut abattue aussi. Or toutes deux allaitaient une nichée.

Le fait est assez rare pour être signalé, de deux renardes ayant mis en commun le terrier pour y loger leur progéniture. En tout douze renards détruits.

M. GARDETTE (Marseille).

 

Puisée dans Le Chasseur Français, l'idée d'un concours de destruction de nuisibles a été réalisée par la société de chasse de Sarroux (Corrèze). Nous sommes heureux d'en communiquer les résultats : 1er M. Méchain, 131 points ; 2e R. Chaulet et R. Méchain, 126 points, 3e H. Méchain, 113 points. Au total, 14 renards, 17 blaireaux, 4 putois, 18 rapaces, 39 corbeaux, 9 pies et 11 geais ont été abattus par une douzaine de chasseurs parmi les 50 environ que compte la société.

E. SCHIETECATTE, Sarroux (Corrèze).

Un moyen original de se débarrasser des corbeaux.

— Nous avions un secteur de notre commune d'Aigrefeuille-sur-Maine (Loire-Inférieure) infesté par les corbeaux. Ils avaient élu domicile à la lisière d'un petit bois surplombant la rivière la Maine et y avaient édifié, d'abord timidement, quelques nids. Comme nul ne les inquiétait, les chasseurs préférant ne pas gaspiller leurs cartouches pour un gibier aussi méprisable, les nids s'étaient rapidement multipliés. Au point que, dans un périmètre très restreint, on avait fini par compter plus de 300 nids, dont 17 dans le même arbre.

Tout en évinçant progressivement les intéressants pigeons ramiers qui s'établissaient antérieurement dans ces parages, les corbeaux, en pullulant, multipliaient les dommages non seulement aux récoltes et aux jardins environnants, mais encore aux poulaillers en s'emparant des poussins pour nourrir leurs petits.

Divers procédés préconisés furent successivement tentés contre ces indésirables.

L'omelette à la strychnine, dont l'emploi nécessite d'ailleurs de grandes précautions en raison du danger qu'elle présente pour tous les animaux domestiques, n'avait permis de supprimer que quelques pies, friandes de cet appât méprisé par le corbeau.

Un produit soporifique mis à notre disposition par le service de protection des végétaux, et dans lequel avaient trempé des grains de maïs, n'avait donné que des résultats fragmentaires notoirement insuffisants. Très méfiants, les corbeaux n'avaient touché à ces grains que prudemment, et seuls quelques-uns purent être assommés à coups de bâtons sous l'influence du narcotique. Encore ce procédé avait-il l'inconvénient de nécessiter une surveillance étroite et constante, le sommeil des corbeaux ne se prolongeant que quelques heures.

Au printemps 1949, l'idée originale vint aux pompiers de la commune, pourvus tout récemment d'une puissante pompe à incendie, d'attaquer les nids à l'occasion de leurs exercices dominicaux.

Un essai fut donc tenté en ce sens et donna certains résultats encourageants. Malheureusement, le printemps avait été précoce, le feuillage trop développé, et nombre de couvées avaient déjà pris leur vol. De plus, aucun matériel n'avait été prévu pour atteindre de plus près ces nids perchés le plus souvent à 25 mètres de hauteur, construits solidement à l'aide de grosses branches et de terre au sommet de branches frêles qui les mettaient à l'abri des dénicheurs les plus agiles.

On décida donc de recommencer le 13 avril 1950, avec tous les moyens appropriés. Des échelles à coulisse de 10 mètres de hauteur furent dressées le long des arbres. Des pompiers munis de ceintures d'électriciens s'attachèrent aux chênes pour tenir leurs lourdes lances sans danger, et ce tut un admirable spectacle, la végétation n'étant pas assez avancée pour gêner la visibilité. On vit les nids s'effriter sous la force du jet, puis les œufs ou les petits s'écraser au sol.

Au nombre de 140 à 150, les petits, enfilés par le bec, comme de vulgaires poissons, sur un fil de fer de 5 mètres de longueur tendu entre deux poteaux, offrirent aux nombreux curieux un magnifique tableau de chasse après quatre heures d'efforts bien récompensés. Il faut ajouter que beaucoup de petits tombèrent dans la rivière, ou ne furent pas retrouvés.

Ainsi nombre de couples furent supprimés pour l'avenir. Mais la conséquence immédiate et digne d'être retenue de cette hécatombe fut de décourager les corbeaux qui, ne retrouvant ni leurs nichées, ni même leurs nids, émigrèrent aussitôt, pour le plus grand nombre, vers des régions moins inhospitalières.

Seuls sont demeurés dans les parages quelques corbeaux isolés, dont les nids, par suite de leur situation, protégés par de grosses branches intercalées, avaient pu échapper à la destruction totale, bien qu'abondamment aspergés. Ce qui permet de supposer que si, comme on le dit, le corbeau fait jusqu'à trois couvées par an, c'est à la condition de retrouver les nids antérieurs, qu'il ne lui reste qu'à consolider.

Ainsi se présente un moyen ingénieux et vraiment efficace de faire fuir ces indésirables rapaces. Il suffit pour cela d'une pompe à incendie, naturellement d'un cours d'eau ou d'un étang à proximité, et de jeunes gens décidés à faire œuvre utile tout en se livrant à un excellent exercice d'adresse. Puisse le bel exemple ainsi donné être suivi par beaucoup d'autres ! C'est par ce vœu que je terminerai.

N. ROCH.

Le doyen de nos abonnés.

— Je désirerais savoir quel est le plus ancien abonné vivant du Chasseur Français. Sans prétendre à ce titre, je me mets sur les rangs, car j'ai la collection complète de ce journal depuis le 1er janvier 1892. Malgré les deux guerres, j'ai pris soixante permis environ ; je chasse encore un peu, mais je cède ma place à mon petit-fils.

M. V ... (Lot-et-Garonne).

Le Chasseur Français N°645 Novembre 1950 Page 654