De même qu'en novembre, on ne peut plus guère, en décembre,
songer à faire des semis de plantes à fleurs en plein air. Cependant, en
terrain léger et à bonne exposition, on peut semer quelques espèces vivaces
dont la germination n'aura lieu qu'au printemps. C'est le cas pour la Violette
des quatre-saisons, pour les Auricules, pour les Primevères.
Les plantations de plantes bisannuelles et d'oignons à
fleurs de printemps sont maintenant terminées. Si elles ne l'étaient pas, on
pourrait profiter des journées où la terre n'est ni trop humide, ni durcie par
la gelée pour planter les bulbes que l'on n'aurait pu mettre en terre le mois
précédent.
L'activité du jardinier fleuriste ne trouve donc plus
maintenant que difficilement à s'exercer au dehors. Aussi est-il tout naturel
qu'elle se concentre sur les abris vitrés et principalement sur les serres.
Pénétrons-y avec lui et cherchons donc à nous rendre compte de ce qui s'y passe ! ...
Beaucoup de plantes, qui peuvent, au cours de la belle
saison, rester en plein air dans le jardin, ne pourraient, cependant, y être
laissées pendant la période hivernale. Mais la plus grande partie d'entre elles
s'accommodent d'une température relativement basse, facilement obtenue dans un
local sinon privé de feu, du moins fort peu chauffé.
Ce local peut être, soit une orangerie, soit une serre
froide.
L'orangerie.
— Dans la plupart des cas, on utilise comme orangerie
un local de construction ancienne, en pierre de taille ou moellon, surmonté
d'une toiture ou d'une terrasse et recevant la lumière par de très grandes
fenêtres.
Il y a deux cents ans, toute propriété importante possédait
son orangerie, dont les proportions bien étudiées, les formes architecturales
faisaient l'un des ornements de la propriété en même temps que ce jardin
d'hiver devenait, pendant la mauvaise saison, un but de promenade. Les portes
en étaient larges et hautes pour permettre de rentrer sans difficulté, chaque
automne, les forts végétaux en grandes caisses qui devaient y passer six ou
sept mois.
Le chauffage était, le plus souvent, un chauffage à la
fumée, avec très long parcours de tuyaux, auquel on ne recourait que lorsque la
température intérieure tombait à 3 ou4 degrés au-dessus de zéro, ce qui, étant
donné l'épaisseur des murs, était assez rare. Aujourd'hui, on ne construit plus
que très rarement des orangeries, mais, lorsqu'on est amené à en prévoir une
dans une propriété, on en assure l'éclairage par un toit vitré et par les
côtés, ce qui constitue une très nette amélioration. Le chauffage à la fumée a été,
à peu près partout, remplacé par le chauffage par thermosiphon, dont une ou
plusieurs vannes permettent de régler l'utilisation d'après la température
extérieure.
La Serre froide.
— Appelée à abriter à la fois un grand nombre de sortes
de plantes d'exigences très différentes, la serre froide constitue un véritable
jardin d'hiver pour lequel on recherche souvent le côté ornemental, ce
qui ne permet pas toujours de satisfaire aux besoins des différents végétaux.
La serre froide est, fréquemment, munie de gradins qui
permettent de rapprocher les plantes du vitrage pour leur éviter l'étiolement.
On y conserve alors les plantes molles (géraniums, fuchsias, anthémis, etc.)
qui serviront, pendant la belle saison, à la décoration des corbeilles du parc
paysager ou des plates-bandes du jardin à la française.
Un appareil de chauffage permet de combattre les grands
abaissements de température, de façon à empêcher celle-ci de tomber au-dessous
de +3°C.
Parfois, cette serre est adossée à un mur. Elle fait alors face
au midi, sauf lorsqu'on désire y cultiver des fougères ou des camélias, auquel
cas l'exposition du nord-est ou celle du nord-ouest conviennent mieux parce que
la lumière y est beaucoup moins vive. Mais elle peut être également à deux
versants vitrés. Il vaut alors beaucoup mieux orienter sa plus grande longueur
dans la direction nord-sud, afin d'éviter les coups de soleil du midi.
Plantes d'orangerie ou de serre froide.
— Les plantes qui contribuent à parer le jardin en été
doivent, dès maintenant, se trouver dans l'orangerie ou la serre froide. Un
certain nombre sont sorties chaque année en mai, mais restent en grands pots ou
en caisses. On s'en sert pour garnir les terre-pleins, les terrasses, les
perrons, etc.
Tels sont les orangers dont les jolies fleurs
odorantes embaument si délicieusement les abords de l'habitation ; les Pittosporum,
au feuillage ondulé, d'un beau vert sombre ; l’Acacia dealbata,
beaucoup plus connu sous le nom de Mimosa ; l'Araucaria excelsa,
joli petit conifère d'appartement aux branches disposées par étages ; le Ficus
elastica ou Caoutchouc et son proche parent le Ficus macrophylla,
grand arbuste d'un port majestueux, remarquable par ses feuilles ovales
cordiformes, luisantes, d'un beau vert foncé, atteignant 25 centimètres de long
sur 15 centimètres de large ; le Camellia japonica, plante de grand
effet avec ses feuilles persistantes et ses belles fleurs de diverses nuances,
semblables à des roses.
Quelques autres trouvent place, pendant la belle saison,
dans les plates-bandes du jardin français ou dans les corbeilles du parc
paysager. Citons :
L'Abutilon Thompsoni, joli arbuste de 1m,50
de hauteur, à branches nombreuses et dressées, à feuilles élégantes, à cinq
lobes, vert marbré de jaune, à fleurs jaunes veinées de rouge orangé.
L’Eucalyptus globulus, plante de croissance rapide, à
grandes feuilles glauques, qui, dans son pays d'origine, la Tasmanie, est l'un
des géants du règne végétal, mais qui, chez nous, ne peut être conservé que
quelques années. Dans un sol de qualité ordinaire, il devient en effet, en cinq
ou six ans, aussi grand qu'un oranger de quarante ans et peut se tailler assez
aisément pour prendre l'aspect d'une pyramide.
Le Cordyline ou Dracæna indivisa, plante de la
Nouvelle-Zélande, à tige élancée et à feuilles nombreuses, étroites, pointues,
longues de 80 centimètres à 1 mètre, celles du centre dressées, les autres un
peu retombantes, teintées d'orangé autour des nervures. Outre l'emploi que l'on
peut en faire au jardin, en été, au centre des grandes corbeilles circulaires,
cette espèce est très estimée pour les garnitures en appartement.
Le Datura arborea, végétal qui peut atteindre 3 à 4
mètres de hauteur, à rameaux épais, mous, portant de grandes feuilles de 40
centimètres au moins de longueur et, à la fin de l'été, d'énormes fleurs
blanches, pendantes, de 20 centimètres de longueur, qui le rendent très
ornemental.
Le Cassia floribunda, arbrisseau de 2 mètres, à
feuilles composées, d'un beau vert foncé, se couvrant, pendant tout l'été, de
fleurs jaunes, grandes, en grappes. Élevée sur tige, cette jolie plante forme
de charmants isolés sur pelouses à bonne exposition et dans les corbeilles du
jardin.
Le Plumbago capensis, arbuste à rameaux longs,
sarmenteux, grimpants ou retombants de 1 à 2 mètres de haut, à nombreuses
feuilles vert tendre et à fleurs extrêmement nombreuses, d'un beau bleu pâle, à
corolle en tube, réunies en bouquet au sommet des rameaux et s'épanouissant de
juillet jusqu'aux gelées.
L'Hibiscus rosa sinensis, arbuste bien ramifié dès la
base, avec de belles feuilles luisantes, de grandes fleurs rouges, solitaires,
à l'aisselle des feuilles de l'extrémité des rameaux. Un peu plus sensible que
les précédents, il ne peut guère, sous le climat de Paris, être planté en plein
air avant les premiers jours de juin et ne doit pas y rester après fin
septembre. Mais il forme de fort jolis groupes, sur les pelouses, en situation
bien ensoleillée.
L'Erythrina crista-galli, plante formée d'une souche
vivace d'où partent, chaque printemps, des pousses vigoureuses qui fleurissent
et meurent annuellement ; les feuilles en sont composées, à trois
folioles, et les fleurs, rouge-écarlate, forment de très beaux épis, de juillet
à septembre, si la plante a été plantée dans un endroit bien ensoleillé.
Hivernée en serre froide, la souche est remise en végétation en mars.
C'est encore dans l'orangerie ou dans la serre froide que
peuvent être conservées, dans les meilleures conditions, les souches de Dahlias.
On peut, à cet effet, disposer un peu de terre sèche dans laquelle on enterre
les souches qui, ainsi, ont moins tendance à se rider. On fait de même pour les
souches des bégonias tubéreux.
Les Cannas peuvent également être conservés au repos
dans la serre froide. On les a, dans ce but, déplantés en laissant un peu de
terre aux racines et on place les pieds à proximité des tuyaux de chauffage.
Par la suite, il faudra éviter de les mouiller, car la pourriture serait alors
à redouter. Ils se garderont ainsi très bien jusqu'en mars, époque où on les
mettra en végétation sur couche tiède pour les replanter en mai.
E. DELPLACE.
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