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Les ravageurs des potagers

Le doryphore

Le plus grand ennemi de la pomme de terre, qui dévore ses feuilles avec une voracité telle que la récolte serait anéantie si l'on n'intervenait pas.

L'insecte parfait sort du sol, où il a hiverné, en D, vers le 15 mai, pour s'accoupler en A. Les femelles pondent sur les pieds P des œufs nombreux, rassemblés par paquets sous les feuilles. Les larves qui éclosent, au bout de peu de jours, mangent goulûment les feuilles et, une fois repues, elles se laissent tomber, suivant L, pour aller se nymphoser en N, dans la terre.

Au bout d'un mois environ, il apparaît en D' une nouvelle génération de doryphores quia chève de dévorer le feuillage restant en A', sur les pieds P', lesquels se dénudent complètement en arrêtant la croissance des tubercules. Les larves de la deuxième génération tombent en L', pour aller se nymphoser en N', d'où l'insecte ressortira l'année suivante pour reprendre le cycle de ses déprédations.

Comme moyens de destruction, on préconise en premier lieu le ramassage des doryphores adultes, avant leur ponte, l'écrasage des œufs sous les feuilles, le ramassage des larves en cours de développement, surtout ceux de la première génération. Cette pratique a le défaut d'être besogneuse et imparfaite ; elle exige un temps infini et on ne peut y avoir recours que sur les toutes petites parcelles. Dans les potagers de quelque étendue, il faut employer un traitement plus efficace et plus expéditif que le ramassage, soit l'empoisonnement par ingestion, soit l'asphyxie par contact.

Comme les arséniates sont d'une manipulation dangereuse pour l'homme et extrêmement toxiques pour les animaux, notamment le gibier, les traitements contre le doryphore sont, le plus souvent, à base de produits synthétiques, D. D. T., H. C. L., S. P. C., etc. On trouve dans le commerce des insecticides dosés, opérant à la fois par ingestion et par contact, aussi efficaces que les arséniates, sans crainte d'accidents. Ces produits, livrés en poudre ou en bouillie, s'appliquent les premiers à la soufreuse ou à la poudreuse, les deuxièmes au pulvérisateur, aussitôt que l'on voit apparaître les larves de la première génération. La deuxième application, faite trois à quatre semaines après, tue les rescapées venues en deuxième génération.

L'insecticide en poudre a l'avantage de ne pas nécessiter d'eau. La bouillie, qui contient 8 p. 100 de D. D. T., se prépare en délayant 1 kilogramme de pâte dans 100 litres d'eau, et on la répand à raison de 7 à 8 litres à l'are. En incorporant dans la préparation 2 kilogrammes de sulfate de cuivre et 1kg500 de chaux, on combat en même temps le mildiou, ce champignon qui cause tant de préjudices dans les champs de pommes de terre, surtout pendant les étés orageux et humides.

Le traitement à la roténone, principe actif extrait des racines de derris et de cubé, se fait par saupoudrage, à l'aide d'un soufflet. Son avantage est également de ne pas exiger d'eau. La poudre, étant très ténue, se répand sur le feuillage à la dose de 300 grammes à l'are, de préférence à la rosée et par temps calme. Un deuxième saupoudrage, effectué un mois plus tard, tue les larves de la deuxième génération.

Forficule

Encore appelé perce-oreille, le forficule est un insecte dont la partie postérieure du corps est armée d'une pince puissante. Dans les jardins un peu frais, il cause des dégâts appréciables aux légumes et aux fruits. On peut capturer cet insecte en plaçant des pièges au pied des arbres et autres endroits où il cause des déprédations. Dans ce but, on utilise des tubes de sureau, des pots ou des boîtes tapissées de mousse humide, où les forficules se réfugient. A chaque visite, on plonge les pièges dans un récipient contenant de l'eau bouillante. La ponte des forficules ayant lieu en terre, ainsi que la nymphose, ils se trouvent détruits, de même que les autres hivernants du sol, par la sulfuration, et l'emploi des insecticides de synthèse.

Fourmis

Insectes hyménoptères sociaux, vivant dans des fourmilières, comprenant trois sortes d'individus : des femelles, des mâles et des ouvrières. Ce que l'on appelle des œufs de fourmis ne sont que des larves en voie de nymphose avant de devenir insectes parfaits.

Si les femelles et les mâles sont ailés pour le vol de fécondation, les ouvrières sont aptères. Ce sont elles qui effectuent tous les travaux (élevage, ravitaillement, etc.).

Les fourmis sont, avant tout, avides de matières sucrées. A défaut, elle mangent des gommes, de l'amidon et s'attaquent aux tissus végétaux (fleurs, feuilles et fruits tendres), en causant des préjudices considérables dans les jardins. Les plus gros dégâts se font par l'intermédiaire des pucerons, que les fourmis taquinent pour leur faire sécréter à leur profit des matières sucrées, provenant de la transformation en glucose de la sève puisée par succion dans le parenchyme des feuilles.

II existe un grand nombre d'espèces de formicidés. Les plus gênantes, dans les jardins, sont les fourmis rousses, qui nidifient dans les gazons. Les fourmis brunes envahissent souvent les côtières et les couches. Les moyens préconisés pour les détruire sont les suivants :

  • 1° Noyer copieusement les fourmilières avec un chaudron d'eau bouillante, en attendant le soir que toutes les ouvrières soient rentrées ;
  • 2° Arroser le nid avec une émulsion savonneuse à base de pétrole, contenant, pour 10 litres d'eau, 100 grammes de pétrole et 100 grammes de savon noir ;
  • 3° Effectuer la même opération avec une solution de sulfocarbonate de potassium, à 40° Baumé, 5 litres par hectolitre. L'hydrogène sulfuré qui se dégage asphyxie les fourmis ;
  • 4° Enfouir une capsule de sulfure de carbone dans chaque fourmilière ;
  • 5° Arroser copieusement les nids avec une solution sucrée ou miellée, additionnée de 0,5 pour 1.000, d'arséniate de soude, en ayant soin de recouvrir de terre pour éviter d'empoisonner les abeilles.

Hannetons

Tous les hannetons, petits et gros, sont également nuisibles. Leurs larves dévorent les racines et l'insecte parfait mange les feuilles.

Les métamorphoses durent trois ans. Les œufs, pondus en terre au printemps, donnent naissance à de petites larves très voraces, exerçant leurs déprédations sur les racines des plantes légumières pendant plusieurs années, notamment sur les fraisiers qui se fanent et meurent.

C'est seulement la troisième année que les vers blancs devenus adultes, se nymphosent, pour sortir de terre à l'état d'insectes parfaits qui reproduisent l'espèce après avoir dévoré les feuilles des arbres.

Comme moyen de destruction, il y a le ramassage des larves lors du bêchage et le hannetonnage, avec le concours des enfants. Un moyen plus radical, c'est la désinfection du soi à l'arrière-saison, par injection de sulfure de carbone, de sulfocarbonate de potassium ou de produits de synthèse, D. D. T., etc.

Adonis Légume.

Le Chasseur Français N°647 Janvier 1951 Page 33