Atteignant surtout les jeunes enfants, la varicelle est une
des plus fréquentes, mais aussi des plus bénignes des fièvres éruptives.
Autrefois parfois confondue avec la variole (d'où les noms de vérolette, de
petite vérole volante), elle s'en différencie totalement. Elle ne récidive pas,
n'est pas prévenue par la vaccine et ne confère pas d'immunité pour la variole.
La varicelle est contagieuse, souvent épidémique (épidémies
de garderies, d'écoles).
L'enfant y est surtout exposé entre deux et six ans ;
cette éruption est rare chez l'adulte et chez le nourrisson.
La période d'incubation est, en moyenne, de quatorze jours.
La période d'invasion, habituellement fort courte (quelques heures jusqu'à un
ou deux jours), est marquée par des symptômes si légers qu'ils passent souvent
inaperçus ; malaise général, fièvre légère, parfois des maux de tête, une
absence d'appétit, quelquefois un peu de courbature.
L'éruption de vésicules est parfois précédée par un érythème
rouge, plus ou moins foncé, pouvant siéger à la face au cou, à l'abdomen,
présentant un certain pointillé qui fait parfois songer à une scarlatine, mais
ce rash (nom de cette éruption, généralement scarlatiniforme) ne dure
guère plus de quarante-huit heures, n'est pas suivi de desquamation et n'est
pas accompagné de l'angine caractéristique de la scarlatine avec laquelle on
pourrait le confondre ; il y a aussi des cas de rash tardifs, survenant en
même temps ou succédant à l'éruption de vésicules.
L'éruption de la varicelle se présente d'abord sous forme de
taches rouges ou rosées, faisant place à une petite bulle, non ombiliquée, à
contenu clair, qui se trouble dès le deuxième jour, se dessèche et donne lieu à
une croûtelle noirâtre qui se détache vers le septième jour, sans laisser de
cicatrices si ces lésions n'ont pas été le sujet de grattages.
Cette éruption se fait en plusieurs temps, par poussées
successives, et la constatation d'éléments à différents stades (coexistence de pustulettes,
de macules, de croûtelles) est un des signes typiques, imposant le diagnostic.
Sans que ce soit une règle générale, on observe quelquefois une poussée
d'éruption sur les muqueuses comme la conjonctive, la bouche, la langue et même
le larynx.
Parmi les complications, heureusement rares, on a signalé
des ulcérations ou un état gangreneux des pustules, complication presque
toujours due à un grattage intempestif, un état purpurique de ces lésions
(varicelle dite hémorragique) ; les accidents hémorragiques se résument
presque toujours en un léger épistaxis. Plus rares encore mais plus graves sont
les néphrites, avec albuminurie, qui ne surviennent que chez des sujets déjà
malades avant l'invasion de la varicelle.
En dehors de ces complications, rares comme nous le
répétons, le pronostic est toujours bénin. Le traitement a surtout pour objet
d'éviter ces complications.
Pour éviter des contagions, l'enfant sera isolé pendant
quinze à dix-huit jours, jusqu'à la fin des poussées éruptives ; on mettra
l'enfant au lit, mais, si la fièvre est toujours légère, on peut se contenter
de le garder à la chambre.
Pour s'opposer aux grattages, on peut être obligé d'attacher
les mains à des enfants indociles ; le plus souvent, il suffira d'enrouler
un carton autour des bras. Pour diminuer les démangeaisons qui incitent aux
fâcheux grattages, on poudrera abondamment et fréquemment toutes les régions
malades avec des poudres de lycopode, d'amidon, d'oxyde de zinc, avec ou sans
acide borique ou, plus simplement, avec du talc stérilisé.
Avant la dessiccation des croûtelles, il faut s'abstenir de
lotions et de pommades qui pourront être employées quand les croûtes sont
sèches et dures, et que toute poussée nouvelle a complètement disparu.
A ce moment, on pourra donner un bain savonneux.
Il n'est pas nécessaire de procéder à la désinfection de la
chambre ou des vêtements.
S'il n'y a pas d'albuminurie, le régime se composera
d'aliments légers, à base de lait, de petits potages, de bouillies, d'infusions
chaudes.
Si l'affection, chose rare, survient chez un adulte, le
pronostic n'en est pas plus sombre, mais il convient de surveiller le malade,
en vue des complications possibles.
On considère que le virus de la varicelle est très voisin,
sinon identique à celui du zona, et on a soutenu que cette affection serait due
à une atteinte des ganglions nerveux par ce virus ; pour être plus
douloureuse, cette atteinte ne nécessite guère d'autre traitement que celui
d'une varicelle banale ; repos et poudrages.
Dr A. GOTTSCHALK.
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