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Causerie vétérinaire

Élevage et maladies du chat

Quelques lectrices du Chasseur Français m'ayant reproché de n'écrire que rarement des causeries sur le chat, je vais lui consacrer celle-ci.

A côté du chien, cet ami fidèle de l'homme, le chat est un des animaux familiers de nos demeures. Moins aimant peut-être, plus rusé certes, plus aimable parfois, mais au demeurant aussi intelligent. C'est un philosophe et un rêveur, un sphinx dont il est souvent impossible de deviner l'énigme : l'essentiel, c'est de le comprendre.

Le chat appartient à l'ordre des carnivores digitigrades, de la famille des félidés, laquelle renferme le lion, le tigre, la panthère, etc. Il est caractérisé par un museau court, un crâne arrondi, des mâchoires courtes et très fortes, cinq doigts aux membres antérieurs, munis d'ongles complètement rétractiles, quatre seulement aux membres postérieurs et une queue généralement très développée. Sa formule dentaire, à l'âge adulte, comprend 30 dents : incisives, 3 sur 3 ; canines, 1 sur 1 ; molaires, 4 sur 3. On trouve donc, à la mâchoire supérieure et de chaque côté : trois incisives, une canine séparée des incisives par un intervalle assez grand, et quatre molaires ; mais, à la mâchoire inférieure, il n'y a que trois molaires.

De toute la famille des félins, le chat est le seul qui vive volontairement dans nos maisons ; mais il y conserve toujours une certaine indépendance et ne se soumet à l'homme qu'autant que cela lui plaît. Si l'on s'en occupe, il aura de l'affection pour les personnes qui lui donnent des soins ; si on le néglige et qu'on l'abandonne à lui-même, il restera dans la demeure où il est né, mais sans s'attacher à ceux qui l'habitent. Il serait plus vrai de dire que le chat a daigné vivre côte à côte avec l'homme parce qu'il y trouve son profit, car il est égoïste et garde rancune à son maître de la moindre correction. Il lui témoigne son affection en ronronnant et en se frottant contre lui. Un conseil : ne frappez jamais un chat, car alors il ne connaît plus de maître.

Élevage.

— La chatte est apte à la reproduction ordinairement vers l'âge de dix mois, quelquefois plus tôt ou plus tard, selon la race. La durée de la gestation est d'environ cinquante-huit jours ; elle varie d'ailleurs selon les races et se prolonge chez les Siamois jusqu'à soixante-cinq et même soixante-huit jours.

Durant la gestation, la chatte doit recevoir une nourriture suffisante, mais sans exagération, l'excès de graisse pouvant constituer un obstacle à la mise bas. Celle-ci a lieu, en général, très normalement, et la mère ne réclame aucun soin particulier. Éviter, toutefois, les refroidissements qui peuvent être très préjudiciables aux chatons et provoquer des mortalités. Éviter surtout de déranger trop fréquemment la petite famille et de prendre les petits dans la main, car, en agissant ainsi, on pourrait être surpris, un matin, de trouver le panier vide, la mère ayant transporté nuitamment sa progéniture dans une autre cachette.

La nourriture de la mère restera la même qu'auparavant, mais sera plus abondante. On donnera un ou deux repas supplémentaires composés d'aliments très alibiles : poisson bouilli dépouillé de ses arêtes et écrasé avec du pain, pâté de foie cuit au beurre et coupé en menus morceaux, pâtes alimentaires cuites et préparées au lait, etc. La boisson consistera en lait bouilli et de l'eau pure.

Pendant les premiers jours de leur existence, les chatons ne réclament aucun soin ; outre le lait, la mère leur fournit tous ceux dont ils ont besoin, les nettoyant, les réchauffant ou les léchant presque constamment.

En principe, une chatte de bonne constitution peut nourrir quatre chatons. Si la mère meurt aussitôt après l'accouchement, on fera allaiter les jeunes par une autre chatte. Sinon, on les élèvera au biberon avec du lait étendu d'eau bouillie, donné toutes les trois heures.

Les chatons commencent à manger vers six semaines ; c'est à ce moment qu'on procédera graduellement à leur sevrage. La mère, dont la lactation va en diminuant ou devient insuffisante, provoque elle-même ce changement dans l'alimentation des petits en les appelant ou les conduisant auprès des aliments qui lui sont destinés. Dès qu'ils savent boire, on transforme leur alimentation liquide en bouillies claires, puis en panades dans lesquelles on met un peu de lait pour les rendre plus légères. On ajoutera peu à peu à leurs repas des pâtes alimentaires, du poisson sans arête cuit, de la viande hachée très finement, quelques légumes bien cuits, de façon que, vers l'âge de quatre mois, leur alimentation soit semblable à celle des adultes. A ceux qui resteraient un peu chétifs, comparativement aux autres, on donnera des fortifiants, de la poudre d'os et, surtout, de l'huile de foie de morue, dont les vitamines de croissance aideront à la formation et au développement du squelette. On leur préparera aussi un excellent aliment, surtout en hiver, en écrasant des sardines à l'huile dans du riz bien cuit.

Maladies du Chat.

— II nous est impossible de traiter de toutes les maladies du chat. Nous rappellerons d'ailleurs à nos lecteurs que la plus grave, la gastro-entérite infectieuse, qui a fait périr tant de jeunes chats, a fait l'objet de la causerie parue dans le n° 612, page 403, de février 1947 ; qu'en août 1948, dans le n° 621, page 180, j'ai traité de quelques maladies cutanées parasitaires, et qu'enfin, dans le n° 642 d'août 1950, page 493, j'ai entretenu mes lecteurs de l'ulcère labial du chat. Je les prie donc de bien vouloir s'y reporter.

Je terminerai par l'exposé des soins d'hygiène et de propreté nécessaires au maintien en bonne santé des chats vivant en appartement.

La question d'hygiène prend ici une grande importance. Il faut changer la sciure de la petite caisse aux ordures aussi souvent que possible, sinon tous les deux jours. Si le chat « s'oublie » dans un autre coin, déposez-y quelques gouttes de formol. Le chat doit être débarrassé des poils morts par une toilette soigneuse, sinon il les avale en se léchant, ce qui peut provoquer des vomissements ou de l'obstruction intestinale. En tout cas, le peignage est indispensable au moment de la mue. A cette époque, la peau doit être débarrassée de tout le vieux poil pour que le nouveau repousse bien. Quand la mue bat son plein, peignez l'animal avec un peigne à larges dents, non pointues, 2 à 3 fois seulement pendant un laps de temps d'un mois environ. L'emploi trop fréquent de la brosse dure, et surtout du peigne, casse le beau poil de garde, l'arrache et empêche la fourrure d'être uniformément fournie et vraiment belle.

Afin de neutraliser les mauvaises conséquences que peuvent éprouver les chats, même bien toilettés, de l'ingurgitation de poils, permettez-leur de manger de l'herbe, surtout de jeunes pousses de chiendent, petite graminée qu'on trouve au bord des chemins ; elle leur sert de purgatif et facilite l'expulsion des boules de poils.

MOREL,

Médecin vétérinaire.

Le Chasseur Français N°651 Mai 1951 Page 300