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Petit pavillon à Saint-germain

Ce pavillon a été conçu pour des gens disposant d'une somme modique. Il fallait donc un plan condensé, donnant le confort maximum dans une place minimum, un plan simple permettant une construction rationnelle, presque automatique : donc, plan rectangulaire sans aucun décrochement, avec mur de refend parallèle au mur de façade et au mur arrière, montant jusqu'au faîtage. Ainsi les solives des planchers, les pannes du toit vont de mur à mur, sans poteaux, sans poutres, sans fermes.

Le toit à haute pente est aussi d'une totale simplicité : pas de noues, pas d'arêtier ; ni croupes, ni croupettes, ni lucarnes : moindres frais de construction, moindres frais de réparation ou d'entretien.

Sur cette carcasse essentiellement économique, nous pouvions nous permettre de rajouter trois éléments peu importants et peu coûteux : un balconnet au premier étage, deux jardinières sous les fenêtres de studio et de salle à manger. Ainsi la façade, déjà bien équilibrée, devenait plaisante, coquette, et bien des gens peut-être ont fait en la voyant la réflexion, maintes fois entendue : « Cette maison est jolie, elle a dû coûter cher. »

Distribution.

— Nous gravissons les quelques marches du petit perron d'entrée, situé sur le côté de la maison et abrité par la saillie de l'avant-toit. Nous ouvrons la porte d'entrée et nous pénétrons dans le petit vestibule. A notre droite, se trouve l'escalier qui monte au premier étage ; un peu plus loin, se trouvent la descente de cave et le w.-c. A notre gauche, nous trouvons les portes du studio et de la salle à manger. En face, nous voyons la porte de cuisine.

Le studio ouvre, côté façade, par une large fenêtre fermée par deux grands contrevents. Sur deux autres faces, il y a deux grands panneaux pour les meubles. Le quatrième côté est occupé par une porte pliante qui permet la large communication avec la salle à manger.

La salle à manger ouvre, côté façade, par une large fenêtre semblable à celle du studio. Sur la paroi du fond se place le grand buffet normand. Du côté de la cuisine, il y a une porte à deux vantaux qui donne large communication avec cette pièce. Ainsi le studio, la salle à manger, la cuisine, bien que respectivement de petites dimensions, forment un ensemble familial très agréable.

La cuisine ouvre en façade postérieure par une large fenêtre à l'appui élevé, au-dessous de laquelle se trouvent l'évier à double égouttoir, la cuisinière, et, en retour, le fourneau à gaz sur sa tablette en carreaux de faïence. Sur la paroi du fond s'adosse un grand buffet de cuisine de 1m,60 de large.

Le w.-c. ouvre en façade postérieur par une petite fenêtre. Il comporte cuvette et chasse d'eau.

L'escalier nous conduit au premier étage sur un palier où nous trouvons les portes de deux chambres et de la salle de bains.

La chambre 1 (grande chambre) ouvre en façade principale par une fenêtre et une porte-fenêtre. La porte-fenêtre donne accès au balcon. Sur le côté du toit, le rampant est en grande partie occupé par une rangée de placards. Vers l'arrière, la chambre s'agrandit de toute la place disponible, mais il faut passer dans cette chambre pour aller au premier dans la pointe du pignon.

La chambre 2 ouvre comme la chambre 1 en façade principale par une fenêtre et une porte-fenêtre, celle-ci donnant sur le balcon. Elle comporte également une batterie de placards sous la pente du toit.

La salle de bains comporte lavabo, baignoire, bidet.

Le grenier, situé sous la partie haute du toit, s'éclaire en façade principale par une petite fenêtre. On y accède par un escalier. Comme il n'est encombré par aucune ferme de charpente, il est assez agréable, il pourrait être plâtré et isolé pour former une petite pièce de secours.

L'escalier nous conduit au sous-sol, où nous trouvons : cave, buanderie, chaufferie.

Construction.

— Les murs extérieurs sont en briques pleines, toutes de 22 d'épaisseur, donnant bonne solidité et bon isolement contre le froid et la chaleur. Un enduit extérieur en mortier de ciment et sable de rivière assure la protection contre l'humidité extérieure.

La partie en sous-sol est en béton coffré de ciment et gravier de rivière qui ne « pompe » pas l'humidité du sol.

Le plancher sur sous-sol est en béton armé avec revêtement en carrelage et parquet. Les solivages du premier étage et du comble ainsi que la charpente du toit sont en sapin. La couverture est en tuiles monopole.

Les menuiseries extérieures sont en chêne, les menuiseries intérieures en sapin.

Aspect extérieur.

— Bien que petit, ce pavillon paraît assez imposant, à cause de la simplicité de sa forme et de l'élancement de son pignon aigu. La disposition pyramidale des ouvertures, les volets décoratifs polychromes, le balcon, les jardinières fleuries, les saillies d'avant-toit forment un ensemble à la fois pittoresque et équilibré.

Nous avons d'ailleurs usé assez souvent de cette formule dans les régions du Nord de la France, avec des variantes, mais en général pour des maisons un peu plus grandes, correspondant mieux aux besoins normaux d'une famille moyenne. Car il faut toujours composer la maison en fonction du terrain, des matériaux locaux, du cadre paysager, des besoins particuliers de l'occupant.

Gérard TISSOIRE,

Architecte.

Le Chasseur Français N°653 Juillet 1951 Page 428