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Résidence sur la Cote d'Azur

Situation.

— Cette villa projetée sur les bords de la Méditerranée, dans une de ces nombreuses petites baies abritées du vent du nord par les massifs rocheux des Maures, sous un climat doux au printemps et en hiver, est située à proximité d'une pinède dont la couleur verte s'harmonise avec le brun rouge du rocher et le bleu de la mer, surtout par beau temps.

Les pièces principales ont vue sur le large, et les services regardent la montagne.

Esthétique.

— L'ensemble est conçu dans le style du pays, avec toiture en tuiles creuses, génoises, terrasses avec garde-corps, et tous détails d'architecture tels qu'ils se font dans cette région.

Quelques pergolas donnent de l'ombre sur les terrasses, et le tout est agrémenté de quelques vasques à fleurs et grosses poteries de couleur ou en terre cuite, que l'on trouve, sur la côte, fabriquées par quelques rares artisans aux installations primitives. L'idéal serait de trouver un petit ruisseau traversant la propriété avant de se jeter à la mer.

Distribution.

— Cette résidence, légèrement surélevée par rapport au sol des terrasses, qui elles-mêmes sont surélevées de 0m,80 du terrain naturel, est orientée nord-est-sud-est.

De la terrasse nord, on accède à la salle de séjour, sur laquelle donnent toutes les pièces. Au sud, une grande chambre ; au sud-ouest, deux chambres séparées par couloir et vestiaire, légèrement surélevées de quelques marches pour permettre de trouver dessous le garage et la buanderie, qui, de ce fait, ont leur sol à peine enterré de 0m,65. Au nord, la cuisine avec accès à la terrasse, double w.-c. et escaliers intérieurs descendant dans la buanderie et pouvant servir de sortie de secours du garage, ce à quoi on ne pense pas assez souvent.

Le tout est surmonté d'un grenier assez vaste, permettant à l'air de circuler et de rendre la maison isotherme, surtout lors des grosses chaleurs d'été.

Construction.

— Les fouilles en rigoles ont 0m,80 de profondeur et 0m,60 de largeur au pourtour. À certains endroits, il faut descendre les fondations un peu plus pour atteindre le bon sol, jugé assez solide pour l'assise de la construction.

La maçonnerie des fouilles est en moellons du pays ou en béton de gravier dosé à 350 kilogrammes de chaux lourde par mètre cube de gravier. La maçonnerie en élévation de la base, en béton, a 0m,80 de hauteur dans la partie la plus basse du terrain et 0m,40 de largeur.

Les murs en élévation sont prévus en agglomérés pleins de 15 X 20 X 40 posés sur 0m,20.

Il est prévu, également, un chaînage de 0m,15 de hauteur, en béton armé, sur tout le périmètre du bâtiment.

La charpente, dans le comble, est en sapin de pays, pour recevoir les pannes, faîtage, chevrons, voligeage et, enfin, les tuiles rondes marseillaises posées et jointées au mortier de chaux.

Un couronnement sous forjet du toit, appelé « génoise », est en tuiles rondes, posées à double rangée, croisées et liées au ciment.

À l'intérieur de la construction, il est prévu, au pourtour, une cloison d'isolement avec un vide de 5 centimètres, en briques creuses tubulaires de 0,05.

Les cloisons de séparation de toutes les pièces sont également en briques tubulaires.

Les plafonds sont en lattes et plâtre ; le sol de toutes les pièces est en tomettes de Salerne premier choix, posées au ciment sur ravoirage au ciment (sauf le garage et la buanderie, qui ont une simple chape ciment bouchardée de 0,02 d'épaisseur avec pente appropriée, dosée à 500 kilogrammes de ciment artificiel par mètre cube de sable).

Toutes les pièces ont des plinthes vernissées brunes ; la cuisine a un conduit de fumée et souche hors comble en briques enduites, avec couronnement en tuiles rondes.

Toute la menuiserie intérieure est en sapin de pays, la menuiserie extérieure en chêne. À l'intérieur, les murs, les cloisons et les plafonds sont enduits au plâtre, sauf soubassements, cuisine et w.-c., ainsi que garage et buanderie, qui sont enduits au mortier.

L'installation électrique est normale, sauf prévue sous tube dans les pièces humides.

Les pièces d'habitation n'auront pas de papier peint, mais ce que l'on pourrait appeler un « papier peint liquide » à base de cellulose, d'un très bel effet et très bon marché (ce procédé commence à avoir quelques applications en France et est employé couramment en Suisse depuis de nombreuses années).

La vitrerie est simple partout, les terrasses sont aménagées comme prévu au plan ci-contre, ainsi que toutes les canalisations, tabourets siphoïdes, tabourets ordinaires, etc. ...

L'assainissement prévoit une fosse septique à triple compartiment, pour cinq usagers, dalle de couverture en ciment armé. À la suite, un puisard absorbant en pierres sèches, avec dalle de couverture et canalisations en tuyaux de ciment.

Un puisard spécial pour l'écoulement des eaux ménagères et des toilettes est construit à proximité.

Les murs, à l'extérieur, sont badigeonnés d'un produit silicate à couleur vive, donnant un éclat spécial à la maison dans cette région.

Estimation.

— Tout l'ensemble décrit ci-dessus, y compris les terrasses, buanderie, etc., et tous les aménagements complets détaillés, peut s'évaluer à ce jour à la somme approximative de 2.750.000 francs, y compris honoraires de l'architecte et imprévus.

La surface couverte étant de 119 mètres carrés, le prix au mètre carré peut être estimé à la somme de 24.000 francs minimum, y compris les terrasses aménagées.

Pour quelqu'un qui déciderait de faire de cette habitation un logement permanent, il y à la possibilité de faire appel aux prêts de l'État avec primes, ces prêts pouvant s'élever jusqu'à 90 p. 100 du montant de la dépense, en certains cas.

Pour ce cas, précisément, le propriétaire n'a donc à débourser que 275.000 francs, plus le prix de son terrain, le reste pouvant se rembourser par annuités amortissables en trente ans, avec un taux d'intérêt relativement minime.

Il est à souhaiter que ces prêts et primes puissent enfin aider utilement à résoudre la crise du logement, qui, malheureusement, sévit dans toute la France et même les colonies.

Albert COHENDET,

Architecte D. P. L. G.

Le Chasseur Français N°659 Janvier 1952 Page 44