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Conseils aux campeurs

Au début de la nouvelle saison de camping, il m'apparaît utile de donner connaissance aux lecteurs du Chasseur Français des directives qui avaient été adressées, le 9 juillet 1951, à toutes les associations de camping par M. André Morice, alors secrétaire d'État à l'Enseignement technique, à la Jeunesse et aux Sports. La date à laquelle cette circulaire ministérielle avait été adressée était trop tardive pour qu'elle puisse être diffusée l'an dernier. Mais les conseils aux campeurs qui y sont contenus sont toujours valables et peuvent s'appliquer aussi bien à la saison 1952.

Dans l'ensemble, cette note, établie par les services de la rue de Châteaudun, est excellente, et on ne peut que l'approuver. Certes, certains termes employés font sourire un vieux campeur, mais les conseils, donnés parfois d'une manière trop administrative, sont, pour la plupart, très précieux, et nous pensons qu'ils méritent d'être diffusés à l'heure où des centaines d'amateurs de plein air se préparent à repartir par monts et par vaux. Le premier paragraphe est intitulé : savoir camper. En voici les principaux passages :

« Acheter un « guide du parfait campeur » et l'apprendre même par cœur ne suffira jamais pour savoir camper. Si on est complètement novice, il est donc recommandé de ne pas débuter seul, mais avec des camarades expérimentés.

» Avant de se lancer dans une grande randonnée, mieux vaut bien connaître le maniement du matériel, savoir faire sa cuisine en plein air et sous la pluie, savoir comment se couvrir de jour ou de nuit pour éviter fatigue, rhumes, courbatures et coups de soleil.

» Il n'existe pas de « permis de camper » délivré après examen, comme il y a un « permis de conduire ». Mais pourquoi ne pas s'éviter volontairement de pénibles expériences ?

» Une carte assez détaillée, un guide des terrains de camp, indiquant comment ils sont signalés, de bonnes chaussures sont des amis aussi précieux que les morceaux de sucre et de chocolat et les pruneaux séchés qui éviteront l'énervement dû à la fatigue d'une trop longue étape, avant l'installation et le repas. »

Rien à dire à ce sujet. On ne peut que se trouver d'accord avec ces vérités fondamentales.

Le paragraphe 2 traite de la carte d'identité, de la licence et de l'assurance.

« Le campeur individuel a le plus grand intérêt à s'inscrire à un club adhérant à la Fédération française de Camping, ne serait-ce que pour posséder la « licence ». Cette licence vaudra en effet carte d'identité à présenter aux autorités pour ne pas être confondu avec un vagabond ordinaire. Elle permettra l'accès à certains terrains aménagés (notamment par les municipalités, les comités (sic) d'initiative, les clubs de camping). Enfin, elle comporte une assurance contre les risques d'incendie.

» À défaut de cette licence, il est prudent d'avoir une assurance contre l'incendie. Cela est même nécessaire pour être admis dans certains camps aménagés.

» Dans les forêts domaniales, si on ne possède pas la licence, ou si on n'appartient pas à une association reconnue par les Eaux et Forêts, il faut justifier d'une assurance garantissant à concurrence de 5 millions de francs au moins contre les risques d'incendie.

» Pratiquement, il est donc vivement conseillé soit d'appartenir à une association de jeunesse habilitée à camper (sic), soit de prendre la licence délivrée par la Fédération française de Camping. »

Ce texte expose bien l'état de la question. Mais, comme je vois assez mal un campeur isolé s'adressant à une compagnie d'assurances pour souscrire une assurance individuelle contre l'incendie, il en ressort qu'il est indispensable d'adhérer à un club, membre de la F. F. C.

Signalons, en passant, que l'assurance fédérale est portée à 20.000.000 par jour pour les risques d'incendie.

Le paragraphe 3, beaucoup trop long pour que j'en donne le texte in extenso, traite de l'autorisation de camper.

Après avoir rappelé qu'en France tous les terrains ont un propriétaire, individu ou collectivité, la circulaire rappelle que des arrêtés préfectoraux ont été pris dans un grand nombre de départements.

Les services officiels reconnaissent que tous ces arrêtés ne sont pas semblables et qu'à l'intérieur même de certains départements la réglementation n'est pas toujours uniforme et préconise de s'adresser au Service départemental de la Jeunesse, dans les mairies, auprès des autorités de gendarmerie ou de police ou auprès des gardes champêtres (sic).

Pauvre campeur ! À quand la réglementation générale pour toute la France, seule capable de mettre de l'ordre dans cette douce pagaye !

On rappelle ensuite la réglementation des forêts domaniales (autorisation à obtenir auprès de l'Inspecteur des Eaux et Forêts pour les isolés, directement auprès des gardes pour les licenciés) et des forêts et terrains communaux (autorisation à obtenir de la mairie).

Pour les terrains aménagés, suivre le règlement du camp.

Pour les terrains privés, obtenir l'autorisation du propriétaire. En tout cas, s'il s'agit de camp prolongé ou de multiples tentes, il est recommandé d'obtenir une autorisation explicite, même sur des terrains paraissant abandonnés.

Enfin, la circulaire signale certains cas particuliers où le camping est totalement interdit (sites classés, monuments historiques, forêt des Landes, etc., et de certaines communes, comme celle de Cannes) ... Dans dix-huit départements, il faut soit obtenir des autorisations particulières, soit camper sur les emplacements réservés. Dans ces départements, il est quelquefois indispensable d'obtenir une autorisation écrite d'un propriétaire de terrains privés.

Les camps groupant un certain nombre de campeurs pour une longue période devront toujours être autorisés par l'autorité préfectorale (demande faite dix jours à l'avance en justifiant de l'accord du propriétaire et des dispositions prises pour le respect des règles d'hygiène et de sécurité).

La critique à faire à ce paragraphe est qu'il n'est pas suffisamment clair. À sa lecture, on se demande si l'on peut encore camper en France !

Qu'on se rassure ! En vérité, ce qu'il faut, pour un campeur, c'est éviter les sites trop fréquentés et rechercher le coin solitaire ... Il y en a encore d'innombrables dans notre pays.

Nous terminerons, dans une prochaine chronique, l'examen des conseils ministériels.

Jacques-J. BOUSQUET,

Président du Camping-Club de France.

Le Chasseur Français N°660 Février 1952 Page 94