— J'ai lu avec le plus vif plaisir l'article de M. Mengarde
sur les « pythons ». J'y ai d'autant plus attaché d'intérêt que j'ai
vécu moi-même pendant quelque temps dans un pays dont le nom : « Kourou-saa »
en dialecte malinké, se traduit très justement par la « montagne des
serpents ». Et il y en a ! Depuis le plus petit jusqu'au plus grand ...
Un matin, au lever du jour, entrant dans le poulailler — une
paillote ronde, — ma femme, intriguée par l'attitude bizarre de la
volaille, y découvrit, sans peine d'ailleurs, un python bien lové digérant cinq
poules qu'il avait pipées. Remontant du jardin potager, je fus alerté par les
cris de ma femme. Passant d'abord par la chambre prendre mon fusil toujours
armé, je m'approche de la paillote et commande à un grand costaud de Malinké de
dégager la tête du python de ses anneaux au moyen d'une longue perche, car moi
aussi je voulais avoir la peau intacte. Mais la digestion devait être aussi
laborieuse que le sommeil profond. Le python ne daignait pas même bouger, encore
que mon grand gaillard ne fût pas plus rassuré que moi.
Enfin, après de laborieux efforts, je finis par lui
décharger un coup de 4 qui lui fracassa le dessous de la tête sans qu'il ait
fait plus de mouvement que pour détendre ses anneaux dans les derniers
soubresauts de la mort. Déroulé, on aurait dit un gros chapelet.
Ce n'était d'ailleurs pas la première fois que notre voleur
de 3m,50 de long empruntait sur notre poulailler poules et canards.
Mais, cette fois-ci, il avait abusé, car, s'il lui avait été facile, à jeun, de
grimper entre le mur et le chaume, il n'avait pu, le ventre plein, faire le
trajet de retour et avait pris le parti de digérer sur place. Fatale décision.
Émile LOMBARD.
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